Il se susurre, selon nos confrères de L’As que le Président Sall est dans la dynamique de ‘’partage de responsabilité’’ au sein de l’attelage gouvernemental.
Une sorte de gouvernement d’union nationale dont nous parlions dans cette chronique et qui serait une suite logique des concertations politiques enclenchées et qui ont pris fin tout récemment.
Bien sûr, difficile de comprendre la pertinence d’un dialogue politique sans crise institutionnelle majeure même si, sur le principe, il est toujours souhaitable d’échanger.
Mais, là, nous sommes en train de nous rendre compte que toute la machine obéit, encore une fois, à une logique électoraliste simple.
Le Président de la République entend, de ce fait, assoir les bases d’une grande coalition politique autour de sa personne. Et sa façon de la matérialiser et de la consolider, c’est d’appeler les uns et les autres à venir travailler à ses côtés.
Ce qui veut dire que ceux qui ont accepté le dialogue politique ne vont pas exclure d’entrer dans le gouvernement et partant, d’animer cette nouvelle coalition.
L’objectif final de l’opération est justement de mettre en place une force politique incontournable dont l’objectif premier est d’abord de contrôler l’Assemblée nationale et les collectivités territoriales mais aussi la Présidentielle de 2024.
Ce serait la meilleure façon d’éviter justement le spectre du troisième mandat en étant là sans vraiment être là. Car, quel que soit le Président qui sera au pouvoir, il n’aura pas la majorité à l’Assemblée sans cette force politique nouvelle et devra donc nécessairement composer avec Macky, le Grand Manitou.
C’est le scénario à la RDC qui est ici privilégié. Là-bas, dans l’ancienne Zaïre, le Président Kabila a été remplacé par Félix Tshisekedi qui ne contrôle même pas la moitié du Parlement. Conséquence, une bonne partie des ministères lui revient y compris ceux de souveraineté et il n’est jamais loin des prises de décisions. Entre les deux hommes, c’est une forme de cohabitation pour le moment pacifique, loin de ce que l’on observe en Mauritanie entre Aziz et son successeur.
Mais, pour Macky, l’objectif est justement de bâtir une force politique qui va écraser toute opposition face à elle et qui, nécessairement va conquérir le pouvoir.
Ainsi, il pourra choisir quelqu’un de la coalition et pourra facilement le contrôler par le biais de la force politique mise en place.
Bien sûr, l’opposition ne va pas croiser les bras et se laisser faire. Mais, il est inutile de rappeler que celle-ci ne cesse, au fil des années, de s’affaiblir par des départs intempestifs de cadres de partis et par le silence de ces leaders.
Qui plus est, elle est loin d’être unie et cette histoire de chef va davantage creuser l’écart entre les leaders.
Nous sommes en plein dans les calculs politiques électoralistes de la part d’un Président qui a, manifestement, une longueur d’avance sur les autres membres de la classe politique.
Bien sûr, dans cet attelage, personne ne peut dire quelle sera l’attitude du Président Wade et du Pds même si il est peu probable qu’Idy et Sonko y soient associés.
Le retour de Karim qui pourrait subvenir en 2021 va inaugurer une nouvelle ère de combat pour les libéraux qui sont restés fidèles à Wade et donner une idée sur les résultats de la médiation du Khalife général des Mourides.
Macky tisse ainsi sa toile. Il est dommage qu’il le fasse en instrumentalisant les institutions et en mobilisant les énergies de la Nation sur des questions non-essentielles.
Ainsi, le retour du poste de Premier Ministre n’aura rien de surprenant. Une fois la machine mise en branle, il ne verra plus d’inconvénient à ce que l’on se fasse une idée sur son futur dauphin s’il ne se représente pas pour un troisième mandat, une éventualité qui semble s’éloigner de plus en plus.
Assane Samb