D’où compte-t-il-tirer ces fonds ? Existe-t-il au Sénégal un budget destiné spécifiquement aux catastrophes et calamités ? Des économistes apportent des réponses à ces interrogations de manière divergente
Pour faire face aux inondations causées par les fortes pluies qui se sont abattues sur l’ensemble du territoire national, le Président de la République Macky Sall a dégagé une enveloppe de 10 milliards de francs Cfa. D’où compte-t-il-tirer ces fonds ? Existe-t-il au Sénégal un budget destiné spécifiquement aux catastrophes et calamités ? Des économistes apportent des réponses à ces interrogations de manière divergente toutefois.
En réunion d’urgence, le Chef de l’Etat Macky Sall a décidé de dégager un montant de 10 milliards de francs Cfa pour venir en aide aux sinistrés des inondations causées par les fortes pluies. D’où compte-t-il tirer ces fonds ? Y a-t-il un budget pour les catastrophes ? La loi de finances du Sénégal a-t-elle bel et bien prévu des lignes de crédits pour les catastrophes et autres imprévus ?
Selon l’économiste et écrivain El Hadji Mansour Samb, il s’agit des réserves de précaution. « Il y a des imprévus. La loi organique de la loi des finances en son article 51 prévoit la réserve de précaution qui peut constituer 5% des crédits ouverts aux titres des dépenses de personnel. C’est ce que l’on appelle le taux de mise en degré. Dans la loi de finances rectificative de 2020, elles sont estimées à 40 milliards de francs Cfa pour tous les ministères. C’est là-bas que l’Etat va puiser ces 10 milliards pour faire face aux inondations », renseigne-t-il.
Par contre, l’économiste Meissa Babou, professeur à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, pense que s’il y avait un budget, le Président de la République n’allait pas prendre sur lui la responsabilité de décaisser ces 10 milliards. « Cela veut dire que ce budget n’existe pas. Aussi à chaque fois qu’un sinistre se passe, le Président prend la responsabilité d’aller faire un réaménagement budgétaire et sortir l’essentiel. De toute façon, ce n’était pas prévu. Ce n’est pas une ligne qui était disponible, consommable à volonté sans qu’on ne dérange des lignes de crédits de plusieurs ministères », soutient-il.
Poursuivant, le Pr Babou indique : « je ne sais pas sur quel levier ils se sont appuyés, mais dans un pays, on ne peut pas dépenser un seul franc sans toucher au budget. Cela devrait faire l’objet d’une rectification si la ligne de crédits n’existait pas ».