De l’hypocrisie sous les eaux

par admin

Plus de vingt ans de présence active et stratégique dans l’espace politique sénégalais. Président de la République depuis avril 2012. Premier ministre, il l’a été. Président de l’Assemblée nationale également. Ministre de l’Intérieur, ministre des Mines, de l’Energie et de l’Hydraulique, il l’a été. De même que Directeur général de Petrosen. Par deux fois au moins, il a fait le tour du Sénégal et semble en connaître les coins et recoins insoupçonnés. Même s’il a été fortement « encadré » et « conseillé » avant et après son arrivée au pouvoir, il disposait déjà d’une solide expérience politique qui, cumulée à des circonstances exceptionnelles, lui a permis de damer le pion à des vieux de la vieille classe politique incapables de saisir la chance de leur vie à un moment crucial de leur carrière politique.
 
En regard de tous ces éléments factuels et de bien d’autres encore, lorsqu’il est donc rapporté que le président de la République se serait indigné et ému des dégâts causés par les pluies qui s’abattent sur le pays, on a l’impression d’être nargué. On peut avoir le vilain sentiment d’être le jouet d’une partie de forfanteries qui se jouerait au coin d’une plage confisquée de Mermoz contre les populations prisonnières des inondations depuis Mathusalem.
 
S’indigner aujourd’hui et maintenant des dégâts des inondations sur de pauvres gens tout en étant convaincu de sa propre impuissance ne peut être que cynisme pur et simple. S’indigner du sort de ses compatriotes – au bon milieu de l’hivernage – en sachant parfaitement que l’on a échoué à empêcher le pire contre eux est un signe de mépris net. S’indigner après avoir déroulé – en l’entretenant – une chape de corruption historiquement jamais égalée au Sénégal à tous les niveaux de l’appareil d’Etat est une forme refoulée de revanche sur un destin implacable. On ne se refait pas. Enfin, pas toujours.
 
Nos politiciens professionnels, des plus aguerris et retors aux plus jeunes cupides et pressés, ont appris à tout contourner dans ce pays : les lois, les institutions, les organes de contrôle, la vigilance citoyenne, jusqu’aux choix des électeurs. Alors, les inondations qui assaillent ceux qui les ont «élus» ne peuvent être plus que des dégâts collatéraux. Nous en sommes là et nulle part !

PAR MOMAR DIENG

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