Cinq ans après le crash d’un aéronef de la compagnie Senegalair, qui avait fait 7 morts, les familles des victimes n’ont obtenu ni justice, ni réparation. Libération fait le point et revient sur les rapports accablants qui attestent que cette tragédie est la conséquence de plusieurs défaillances.Le 5 septembre 2015, la tour de contrôle de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor signale avoir perdu la communication avec l’aéronef de type Hawker 125-700 immatriculé 6V-AIM, appartenant à la compagnie privée Senegalair, à hauteur de Tambacounda. Il était18 heures 22 minutes.L’aéronef qui était toujours visible sur le radar avait décollé de Ouagadougou à 16 heures 36 minutes avec sept passagers à bord dont trois membres de l’équipage. Il était attendu à Dakar à 18 heures 30 minutes selon le plan de vol. A 18 heures 58 minutes, l’avion a été localisé par le radar survolant Dakar en éloignement, en plein ouest. A 19 heures 07 minutes, l’opérateur de jour a constaté la perte totale de contact avec l’aéronef à environ 60 nautiques (111 kilomètres) à l’ouest des côtes de Dakar.C’est ainsi que l’alerte a été déclenchée à 19 heures 15 minutes pour démarrer les opérations de recherches de l’aéronef par le Centre de coordination des sauvetages (Css).Se trouvaient à bord de l’appareil : un équipage composé de deux pilotes algériens et un mécanicien congolais nommés respectivement Mohamed Addad, Hichem Berkani, Arsène Kongolo; un personnel médical constitué d’un médecin et de deux infirmiers sénégalais à savoir Yahya Diop, Cheikh Tidiane Niang et Youssoupha Diedhiou ; et, enfin, une patiente française du nom de Céline Pirat, née le 2 décembre 1982. Tous ont péri dans le crash.Cinq ans, jour pour jour, après cette tragédie, le mystère reste entier et les familles des victimes n’ont toujours pas obtenu justice.Il aura suffi que le parquet de Paris envoie une commission rogatoire au Sénégal, à cause de la mort de la ressortissante française, pour que Dakar ouvre une information judiciaire pour homicides involontaires, violations des règles relatifs à la conduite et la sécurité d’un aéronef. En mars 2018, le Dg de l’Anacim avait été inculpé en même temps que Gérald Gabriel Diop (directeur général de Senegalair), Mohamed Mansour Sy (directeur des transports aériens à lAnacim au moment des faits), El Hadji Mactar Daff (inspecteur navigabilité) et Mamadou Sy, chef du département navigation. Tous ont obtenu la liberté provisoire.Selon les informations de Libération, le doyen des juges a transmis le dossier au parquet, depuis au moins deux mois, pour règlement. Mais, jusqu’à hier, le réquisitoire définitif du ministère public n’était pas encore tombé. Pire, aucune famille de victimes n’a été indemnisée. Les ayants droits de Cheikh Tidiane Niang par exemple ont saisi le tribunal civil pour obtenir réparation.Pourtant dans cette affaire, le rapport du Bureau d’enquête et d’analyse pour la sécurité de l’aviation civile ainsi que celui des enquêteurs ont établi de graves défaillances non sans situer clairement les responsabilités. Libération publie encore les conclusions accablantes des deux rapports (voir par ailleurs).Libération quotidien
CRASH D’UN AVION DE SÉNÉGALAIR : Cinq ans après, une tragédie sans coupable
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