Le silence d’une certaine opposition sur les questions brulantes de l’heure n’emporte pas l’adhésion du colonel Abdourahim Kébé, qui trouve inopportun le débat sur le statut du chef de l’opposition.
Dans les colonnes du journal ENQUETE ce mercredi, le dissident de Rewmi, colonel Abdourahim Kébé, se veut très clair. Pour lui, une opposition qui n’est pas audible n’en est pas une. Et de s’interroger : “Je me demande bien qui est audible en ce moment ? Est-ce qu’on peut donner ce statut à quelqu’un qui est muet ou un collaborationniste ? Une opposition, on doit la sentir. Elle doit toujours être aux côtés du peuple, s’exprimer quand le peuple est confronté à des problèmes. Une vraie opposition ne peut pas laisser le pouvoir dérouler comme ça sur un tapis rouge sans élever la voix. Le chef de l’opposition doit être véritablement celui qui incarne l’opposition’’.
A l’en croire, le fait que cette question ait été agitée est loin d’être fortuit. “C’est comme un appât. Cela pourrait peut-être expliquer l’attitude de certains responsables, qui ressemble plus à un comportement de collaborationniste que d’opposant. C’est de la diversion et c’est le fort de Macky Sall. Chaque fois, il est en train de trouver quelque chose pour, soit diviser l’opposition, soit faire taire certains de ses membres’’.
En plus du risque de dislocation de l’opposition, les avantages annoncés pour le chef de l’opposition risquent de discréditer, aux yeux de l’opinion, celui qui en serait le bénéficiaire. Il y a de cela quelques mois, il était agité l’idée, selon laquelle un budget de deux milliards F CFA et pas mal d’autres avantages seraient prévus, en sus d’être l’interlocuteur direct du président de la République sur tous les sujets majeurs. Pour le colonel Kébé, ce serait irresponsable, pour un responsable de l’opposition, de prendre deux milliards, au moment où les Sénégalais souffrent de plusieurs maux.
“En ce moment précis où il y a des difficultés de toutes sortes, pendant que les populations manquent presque de tout, c’est vraiment manquer de respect aux Sénégalais, que de prévoir deux milliards à donner pour un éventuel chef de l’opposition. Le Sénégal a d’autres priorités. Cet argent devrait plutôt être injecté dans les secteurs prioritaires comme la santé, l’éducation…’’, dit-il.