Il avait, en 2010, date de son arrivée au pouvoir, laissé entendre qu’il y aurait ‘’une ère nouvelle’’ dans son pays. Mais il avait surtout promis d’être ‘’le Mandela de la Guinée’’. Eh bien, le mythe Alpha Condé, forgé depuis plus de dix ans de lutte pour la démocratisation de son pays avant son élection, s’effondre.
Pourtant, Condé avait catalysé tous les espoirs pour faire de la Guinée, un pays démocratique, prospère, conformément à ses promesses électorales.
Face à Conté Lansana, Condé avait symbolisé l’espoir d’une Guinée nouvelle. Il avait été emprisonné pendant vingt mois sans procès et avait été traduit dans une Cour de sureté taillée sur mesure.
Nous étions en 2000 où il avait été effectivement condamné à cinq ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Pendant cette période noire, le monde entier s’est solidarisé avec cet homme. Les organisations des droits de l’homme comme Amnesty International, les hommes d’Etat de la trempe de Jacques Chirac, de Madeleine Albright, etc. avaient apporté leur soutien. En Afrique, Tiken Jah Fakoly s’était surtout distingué à ce propos.
Condé qui s’est opposé à Conté, était auparavant Chargé de Cours à L’Université de Paris I. Tout le monde s’était dit qu’avec lui, les démons qui rongeaient la Guinée allaient disparaître. Ils ont pour nom ethnocentrisme, instabilité institutionnelle et sociale, corruption, tripatouillage des constitutions, pauvreté, etc.
Que nenni ! S’il a réussi un bilan économique appréciable, il n’en reste pas moins que sur le plan politique, il n’a pas fait mieux que les autres Présidents.
Son référendum pour changer la Constitution a abouti à la création du Front national de défense de la constitution (Fndc) qui regroupe beaucoup de partis politiques et des membres de la Société civile.
Leurs manifestations nombreuses pour barrer la route à Condé a fait plusieurs morts.
Aujourd’hui, avec l’officialisation de la candidature d’Alpha à un troisième mandat, les contours ont été remis à zéro à propos du risque énorme de la Guinée de verser dans l’instabilité.
Car, réagissant officiellement à cette candidature, le Fndc estime, dans un communiqué en date de ce 1er septembre, que : ‘’Il est désormais évident pour les plus sceptiques que M. Alpha Condé qui revendique des décennies de lutte pour la démocratie en Guinée n’est autre que la plus grande désillusion de l’histoire politique de notre pays’’.
En conséquence, cette plateforme de lutte qui ne se dit pas surpris, ‘’demande à l’ensemble de ses démembrements à l’intérieur et à l’étranger de se préparer à la reprise des manifestations suivant les dates et les modalités pratiques qui seront annoncées dans un court délai’’.
Une situation qui signifie que la Guinée va renouer avec ses vieux démons. Pire qu’au Mali, la candidature non-acceptée d’Alpha Condé, le leader du RPG Arc-en-ciel va créer une impasse politique et peut-être des violences qui pourraient avoir de graves conséquences.
Car, manifestement, Condé est resté sourd aux appels de ses nombreux amis. Il a pris goût au pouvoir et n’entend nullement céder le fauteuil.
Et comme pour le référendum couplé à des législatives, il sera pratiquement seul avec ses partisans car l’opposition radicale ne va y participer.
Pis, Condé a d’autant plus déçu qu’il a refusé une médiation de la Cedeao qui a voulu prendre les devants pour éviter cet état de fait.
Manifestement, Alpha Condé est la preuve manifeste que les dirigeants africains ont un rapport particulier avec le pouvoir et qu’il n’y a pas un profil de leader qui échappe aux pratiques en cours.
C’est pourquoi aucun pays n’est à l’abri du scénario malien avec le risque que l’Armée, intéressée elle aussi, ne se mêle à la danse comme c’est déjà arrivé en Guinée à plusieurs reprises.
En clair, les Guinéens vont entrer, à nouveau, dans un rapport de force, sans possibilité de médiation de la Cedeao avec, au finish, la victoire de celui qui sera le plus fort. Car, il y a depuis longtemps que le jeu démocratique a été faussé. Un combat sans merci va s’engager avec l’usage d’armes non-conventionnelles.
Décidemment, Alpha a déçu.
Assane Samb