Le régime de Macky Sall pourra-t-il relever le défi d’une organisation sans contestations des prochaines élections municipales et départementales à date échue ? Où va-t-il acter un troisième report de ce scrutin ?
L’organisation des prochaines élections municipales et départementales s’annonce comme un véritable défi pour le Sénégal. A sept mois de l’échéance du 28 mars 2021 fixée par la tenue de ce scrutin, aucun acte allant dans le sens de sa préparation n’est pourtant pas posé par les autorités compétentes. Ce qui présage d’un troisième report.
Le régime de Macky Sall pourra-t-il relever le défi d’une organisation sans contestations des prochaines élections municipales et départementales à date échue ? Où va-t-il acter un troisième report de ce scrutin ?
En effet, alors qu’on est à quelque sept mois de l’échéance du 28 mars 2021 fixée par des acteurs politiques engagés dans le dialogue au niveau de la Commission cellulaire pour la tenue de ce scrutin, aucun acte n’est pourtant, pour le moment, posé par les autorités compétentes allant dans le sens de la préparation de ce scrutin devant permettre le renouvellement des élus au niveau des collectivités territoriales dont les mandats ont expiré depuis 2019. Pas même les opérations de la révision exceptionnelle des listes électorales prévues par le Code électoral, à son article L.39 alinéa 5 qui dispose «qu’avant chaque élection générale, une révision exceptionnelle des listes électorales est décidée par décret pour définir les conditions et modalités d’organisation de cette importante phase du processus électoral». Il en est également de même du décret fixant la date de ces prochaines élections municipales et départementales.
À ce flou dans le jeu démocratique sénégalais, il faut également ajouter la situation hypothétique de ce dialogue politique entre une partie de l’opposition et la majorité présidentielle au sein de la Commission cellulaire dirigée par le Général à la retraite, Mamadou Niang. En effet, appelé par le chef de l’Etat dans la foulée de la confirmation par le Conseil constitutionnel de sa réélection pour un second mandat à l’issue de la présidentielle du 26 février 2019, ce dialogue politique avait pour but de créer un nouveau cadre d’organisation du jeu politique consensuel à l’image de celui de 1992 avant ces prochaines locales.
Seulement, l’évolution des discussions avec notamment le désaccord autour de la plupart des grandes questions essentielles longtemps considérées comme des avancées démocratiques, du fait du refus catégorique de la majorité, ne milite pas pour la tenue de ces élections au premier trimestre de 2021. Il en est ainsi de la question du cumul de fonction de président de la République et de Chef de Parti; du bulletin unique ou encore de l’autorité en charge de l’organisation des élections ainsi que du financement des partis politiques; du rôle et de la place de la justice dans le processus électoral. Le blocage de la plupart de ces questions déjà abordées et validées par les Assises nationales dont la charte de gouvernance démocratique est signée par tous les membres fondateurs de la coalition présidentielle, Benno Bokk Yaakar, par le président de la République et son camp, fait également partie des facteurs qui ne militent pas en la faveur de la tenue à date échue de ces élections.
A rappeler que pour la revue du processus électoral et l’audit du fichier électoral, un consensus des acteurs politiques engagés dans le dialogue politique a été obtenu depuis le début 2020. Et, il appartenait au gouvernement de procéder au lancement de l’appel à candidatures en vue de la sélection d’un cabinet d’audit indépendant chargé de conduire cette mission. Seulement, jusque là, rien n’a été fait alors qu’il ne reste que quelques mois avant la date butoir fixée au 28 mars 2021. Toute cette situation nous pousse à se demander si, le pouvoir du président Macky Sall ne serait pas contraint de travailler pour un troisième report de ce scrutin.