À force d’être pratiquement le seul chef d’état étranger, tout illégitime qu’il soit, à participer régulièrement à l’université d’été du Medef, le patronat français, Macky Sall en est devenu une attraction démodée, prévisible, l’incarnation d’un capitalisme national vendangé, soumis. Rebelotte ! Après demain quand s’ouvrira à Lonchamp, en banlieue parisienne, l’édition de cet été, sa tronche sera, sans surprise, déployée comme un gadget sur les stands et tribunes de l’événement. Réciprocité C’est du jamais vu. En plus de piétiner les règles de réciprocité protocolaire, c’est un pas de plus dans l’accélération de la dégradation du statut de souverain que l’hôte, transformé en passoire pour les organisateurs de ce show annuel, fait du statut que, somme toute, il est censé porter. Ce n’est hélas là que la suite logique du bradage continu des positions économiques et commerciales du Sénégal, dont l’érosion n’a cessé de s’accélérer depuis le malheureux, et coûteux pour la nation, avènement de Sall à une magistrature suprême où il n’est maintenu que par les fraudes électorales l’ayant poussé, aux présidentielles de l’an dernier, à s’imposer par le détournement des suffrages. Mené par le bout du nez par une cohorte d’activistes, prébendiers, qui comptent sur les facilités accordées par des dirigeants africains, comme lui, prêts à brader la souveraineté et les ressources des nations qu’ils gouvernent, Macky Sall accorde donc au patronat français ce qu’aucun Chef d’état français n’a permis à des hommes d’affaires sénégalais.
Question: A-t-on jamais vu l’ombre du Président français actuel, Emmanuel Macron, ou celle de l’un quelconque de ses prédécesseurs non seulement se rendre à une réunion du secteur privé sénégalais mais recevoir certains de ses membres ? Tout au plus a-t-on pu les voir avec l’ambassadeur de France au Sénégal ou son chargé d’affaires commerciales. Bousculant les normes diplomatiques, c’est un Macky Sall, inconscient, léger, sans vergogne. qui, lui, se transforme en Barney, un honteux symbole de relations publiques, pour offrir ses formes gourmandes aux hommes d’affaires français. Si l’exercice se limitait à faire de lui un simple danseur de ventre agité, on aurait pu en pleurer pour l’humiliation qu’il fait subir à notre pays. Recession Le hic, c’est que nous sommes face à une situation qui, en termes de dollars et cents, en coûts, est lourde pour notre trésor national déjà étranglé par une récession fatale. C’est qu’en se coltinant avec des Momar Nguer, entre autres vendus de la FranceAfrique, en se livrant aux banques d’affaires profitant de son immaturité, voire de sa vénalité, de son antipatriotisme, et en souriant, comme une péripatéticienne jetable et amortie, celui qui porte officiellement les couleurs du Sénégal se vend au moins offrant. C’est un traître à la nation. Le symbole du nègre de service que les pires esclavagistes et colonialistes n’ont jamais rêvé avoir sous leurs genoux… Ouvrez bien les yeux aux conséquences de ce déplacement. Qui a oublié qu’il y a trois ans, c’est dans une pareille circonstance qu’il avait offert comme sucette la construction d’un TER à la firme française Alstom. Depuis lors, après plus de 1000 milliards cfa jetés dans ce tonneau des danaïdes, ce train, qu’il vantait comme la preuve de l’émergence nationale en marche, est toujours à l’arrêt, en rouille, preuve, s’il en était d’une décision insensée et criminelle.
Chaque fois qu’il se retrouve dans ces manifestations organisées par des échelons inférieurs de la France, il n’a jamais reculé devant les libéralités aux entreprises françaises. Qui s’en étonne venant de celui qui se flattait d’appartenir à un pays dont les anciens combattants bénéficiaient de…desserts pendant la deuxième guerre mondiale alors que les autres africains n’en avaient pas ? Fonroge, pour un éclairage public jamais réalisé, Total, qui vise le contrôle de l’aval pétrolier sénégalais en plus de la raffinerie nationale, ou encore Senac-Eiffage, attributaire d’une concession de péage, fleurant bon le retour à la colonisation, et tant d’autres firmes françaises savent qu’en décrochant un facile rendez-vous avec Sall, en marge de la rencontre du Medef, elles sont assurées d’en sortir avec une timbale à moindres frais. Comment ne pas en profiter ? Voir dans un contexte de contraction des carnets de commandes de leurs sociétés un type comme lui si enclin à mettre aux enchères les marchés lucratifs de son pays, c’est une chance qui ne se présente plus en cette ère d’incertitudes économiques et géopolitiques baignée par la pandémie de la Covid19. Qu’en dépit des ravages qu’elle fait au Sénégal, que Macky Sall soit venue à la rescousse, avec des bonbons, à ces entreprises, ça dépasse tout entendement ! Filtre de l’opinion Dans son zèle de liquidation des biens publics, sans en référer à la représentation nationale, sans due diligence, sans le filtre de l’opinion publique, il peut compter sur les nègres taillables et corvéables, comme aux temps esclavagistes, dont la France s’est attachée les services, tel l’ex-cadre évincé par la société Total après qu’il lui a été son cheval de Troie sur le continent mais devenu dangereux pour son exposition aux politiques corrompus que punissent les instances de régulation surtout américaines. Après l’avoir reçu pour lui dicter ses dernières consignes et valider les projets au profit de son économie, le chanceux Emmanuel Macron, lui, pourra se frotter les mains.
ui ne le ferait pas face à ce valet qui défile en string devant les hommes d’affaires français ? C’est dire que Macky Sall aura bu le calice jusqu’à la lié. Et aura servi jusqu’à sa chute, imminente à la lumière et sur le modèle de celle de son voisin Malien, lui qui n’a pas rechigné jusqu’à cet ultime instant, jusqu’à son ultime souffle, à endosser le manteau de l’esclave volontaire de la France à son service dans ce pauvre pays aliéné: le Sénégal. A table, sur foie gras et magret, vins fins, comment ne pas noter ces rires coquins, ces clins d’œil taquins, d’un patronat français toujours pas revenus de se jouer si facilement de leur hôte ventru: il fait pitié ! C’est, été ou pas, le malheur permanent du Sénégal. Adama Gaye, exilé politique sénégalais, vit en Égypte où il a produit Otage d’un État (Éditions L’Harmattan)