Au début de la pandémie, tout le monde s’y était mis pour jouer un rôle dans la sensibilisation des populations pour endiguer la propagation de l’épidémie à coronavirus. Seulement, quelques mois plus tard, on note que ces acteurs ne sont plus aussi présents qu’auparavant. Ils semblent bien qu’ils sont gagnés par l’essoufflement au même titre que les populations.
Assiste-t-on à un essoufflement des populations face à la pandémie de la COVID19 ? Cette question est bien légitime parce que tout porte à le croire quand on voit combien les populations délaissent les gestes barrières depuis quelques temps. En effet, Elles ne prennent plus la peine de rendre systématique le port du masque, n’utilisent plus aussi fréquemment les bornes d’eau et de savon pour se laver les mains et ont tendance à délaisser l’utilisation du gel hydro alcoolique, ils ne se gênent pas pour organiser des rassemblements, entre autres constats. Conséquence : pendant que certains protègent, d’autres propagent le virus.
Pire, il y en a même qui se plaisent à justifier leur relâchement par les mots du Chef de l’Etat qui a invité les Sénégalais à apprendre à vivre en présence du virus. Seulement, depuis quand les recommandations du Président de la République ont été considérées comme parole d’Evangile ? Peut-être maintenant, puisqu’elles permettent de justifier les comportements qu’on a librement choisi d’adopter, en connaissance de cause. Cependant, il serait étonnant qu’on mette en avant l’indiscipline au risque de se mettre en danger et de mettre en danger les autres.
Les populations se sont relâchées, oui, mais ceux qui s’étaient donné pour mission de venir en appui aux populations en les sensibilisant, en les accompagnant afin qu’elles adoptent les bons comportements semblent aussi être gagnés par la fatigue. Où sont passés les artistes qui proposaient des morceaux de musique pour informer et sensibiliser ? où sont passées les comédiens qui créaient des pièces dédiées à la COVID pour montrer les dangers de la maladie ? Où sont passés les politiciens et les hommes politiques qui offraient des masques, des flacons de gel, ou autres choses dont les populations pourraient avoir besoin ? Où sont passées ceux qui attendaient que les objectifs des caméras soient orientés sur eux pour faire de bonnes actions ? Ils semblent presque tous être gagnés par l’essoufflement alors que c’est le moment même où on a besoin d’eux.
C’est vraiment en ce moment où les gens confondent «’apprendre à vivre avec le virus tout en l’évitant » et « vivre avec le virus en le provoquant » qu’on attend que les artistes, les hommes politiques, les comédiens et autres acteurs doivent reprendre le micro et les planches pour poursuivre la consolidation. C’est juste ainsi que l’engagement communautaire tant chanté pourra se faire réalité.
Les hommes et les femmes de culture, les communautés, surtout culturelles, doivent reprendre le bâton et la carotte pour engager la responsabilité des populations afin de les ramener à la raison. Il est utile qu’on leur réapprenne à rester vigilants et à vivre en présence du virus. Il est vrai que tout le monde connait les gestes-barrières, mais le problème est de les emmener à en faire un mode de vie. Et pour cela, les acteurs de tous bords ont un rôle à jouer et aucun rôle n’est négligeable.
Mamadou DRAME
Professeur Assimilé en Sciences du Langage
Faculté des Sciences et Technologies de l’Education et de la Formation
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar