Mali:des échanges riches et concrets entre la junte et le M5-RFP

par admin

 Au Mali, la journée de samedi a été une journée de confusion. La coalition d’opposition M5-RFP a perturbé, en effet, les plans du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP). La junte – qui a renversé le président IBK le 18 août dernier – devait organiser de vastes concertations sur la transition dans le pays, mais le M5 a exigé au préalable une rencontre privilégiée. Elle a eu lieu samedi soir, dans le camp militaire de Kati. RFI a pu obtenir davantage de précisions sur le contenu des échanges.
À l’issue de la rencontre, le CNSP ne s’est pas exprimé et les membres du M5 étaient plutôt pudiques sur le contenu de ces échanges qui ont, en fait, été riches et concrets.
Sur la transition politique à venir, les dix membres de la délégation du M5-RFP ont exprimé des positions très claires. Ils demandent à la junte militaire au pouvoir d’accepter que la transition soit dirigée par un président civil.
« Si nous voulons la démocratie, si nous voulons éviter toute déviation, il faut un président civil », estime l’un des membres du M5 qui a participé à la rencontre.
En revanche, la coalition est plus ouverte en ce qui concerne le poste de Premier ministre. Ils sont même d’accord pour que le chef du gouvernement soit un militaire, du moins ils acceptent d’en discuter.
Quant à la durée de la transition, ils ont, là aussi, exprimé une position plus proche de celle de la junte que des exigences de la Cédéao. Les militaires veulent une période longue de trois ou deux années, alors que la Cédéao exige une année maximum. Le M5-RFP propose un compromis: un an et demi à deux ans, un délai jugé « raisonnable », en dépit donc des exigences des chefs d’État de la sous-région qui, selon un cadre du M5, « ne peuvent pas imposer leur volonté contre le peuple malien ».
Une nouvelle rencontre entre les deux parties
À ce stade, les militaires du Comité national pour le salut du peuple ne se sont pas exprimés. Ils doivent d’abord étudier ces propositions, et une nouvelle rencontre est annoncée entre les deux parties, même si aucune date n’a encore été fixée.
En tout cas, la rencontre de samedi soir a permis, selon la délégation du M5-RFP, de

« lever les malentendus ». La coalition d’opposition, en effet, s’envisage comme un
« partenaire naturel » de la junte qui a pris le pouvoir, « parachevant » trois mois de contestation, une contestation menée dans les rues du Mali par le M5-RFP. Ses membres ont donc rappelé, samedi soir, aux militaires au pouvoir qu’ils étaient, selon eux, plus légitimes que n’importe quel autre acteur.
Ils ont ainsi dénoncé les « nouveaux experts » qui, par flatterie ou opportunisme, demandent à la junte de conduire eux-mêmes cette transition. Le M5 veut donc être « au premier plan », aux côtés du CNSP, dans l’organisation de la transition

« Ils ont compris notre démarche », assure encore l’un des membres de la délégation qui, s’il reconnaît que le M5 a besoin du CNSP, estime aussi que les militaires « n’ont pas intérêt à s’opposer à la coalition d’opposition car « ils ont besoin d’une base sociale comme la nôtre », ajoute-t-il.

La France appelle à une « transition rapide »

Par la voix de sa ministre des Armées, la France appelle la junte malienne à mettre en place rapidement une transition sous l’égide de civils. Plus de 5 000 soldats français sont déployés au Sahel, notamment au Mali, dans le cadre de l’opération de lutte anti-terroriste Barkhane. Sont également présents, environ 13 000 casques bleus de la force onusienne, Minusma.

Florence Parly, ministre des Armées, était l’invitée de l’émission « Le Grand Rendez- vous » de la radio Europe 1, la chaîne CNews et du quoitidien Les Echos.
Il faut que cette transition se fasse rapidement, qu’une personnalité, des personnalités civiles soient désignées pour assurer cette transition […] car si cela ne se faisait pas, alors le risque,

c’est que tout cela profite d’abord aux terroristes parce que les terroristes se nourrissent de la faiblesse des États et l’État malien est faible, très faible en ce moment Avec notre envoyé spécial à Bamako, David Baché

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