A priori, l’acte n’a rien d’exceptionnel. Certainement invité par le patronat français, Macky se fera le devoir se rendre à Paris pour participer à l’Université d’Eté du Medef qui a été rebaptisée la Renaissance des Entreprises de France.
Le concept ‘’renaissance’’ renvoie, à notre sens, à une profonde mutation pour un développement nouveau. Schématiquement, sans prétendre à la scientificité d’un Jacques Attali, on peut penser que cette université est justement organisée par le Medef dans le but de jeter les bases d’un nouveau redéploiement d’entreprises qui a besoin de faire peau neuve en vue de faire face aux nouveaux défis du monde moderne dans un contexte de pandémie.
Oui, mais, pourquoi Macky, le Président du Sénégal ?
Cette question que beaucoup d’internautes se posent n’est pas sans fondement.
A priori, on peut penser que les entreprises françaises étant nombreuses au Sénégal et en Afrique en général, il était bon de s’enrichir des réflexions d’un intellectuel africain afin de revoir les bases de collaboration et de déploiement en Afrique. Et ce serait logique.
Mais, Macky n’est pas seulement intellectuel africain, il est aussi décideur. Donc, l’inviter, c’est, de la part du patronat français, donner un signal fort : les entreprises françaises sont en Afrique et entendent y rester. Et pour ce faire, face à la concurrence de pays comme la Chine, la Turquie, la Russie, l’Iran et autres, il serait bon, de s’enquérir de l’expérience d’un chef d’Etat ‘’ami de la France’’ donc des entreprises françaises.
Il nous semble en effet qu’il serait plus indiqué que Macron soit invité à ces assises. Sur la forme, tout en restant ouvert à toute forme de partenariat y compris économique, public ou privé ou les deux à la fois, nous estimons que nos Chefs d’Etat n’ont pas à être des consultants d’entreprises étrangères.
Si les entreprises françaises veulent continuer à prospérer en Afrique, elles doivent s’inscrire dans une démarche de collaboration gagnant-gagnant, d’éviter de déstabiliser les Etats, de financier des candidats à des élections et de spolier nos richesses.
Car, à y regarder de près, les contrats léonins sont légion entre des contrats entre des entreprises françaises et nos Etats. Au Sénégal par exemple, l’autoroute à péage en est une illustration. Et les français sont majoritaires dans des domaines stratégiques comme les télécommunications.
Alors, il faudra que Macky évite de donner l’impression de donner des gages de maintenir le statu quo.
A Ouagadougou, Macron nous avait promis la fin de la françafrique. Quelques années après, il commet l’erreur de ‘’convoquer’’ des Chefs d’Etat pour explication…
Les vieux réflexes sont là, tenaces. Et ceux qui les perpétuent ne sont pas seulement les autorités françaises, mais également les sociétés de ce pays dont les investissements en Afrique sont énormes.
Et comme dans une université, on se dit la vérité, parce que celle-ci n’a pas de collaboration idéologique ou partisane, Macky devra profiter de l’occasion pour s’ériger en avocat de l’Afrique.
Il doit surtout attirer l’attention des entrepreneurs français, du présent et du futur que les profondes mutations en cours en Afrique appellent de leur part, une adaptation de leurs modes d’intervention.
En clair, la renaissance des entreprises françaises peut se faire avec et en Afrique si l’esprit néocolonial et la condescendance sont mis à l’écart.
Nous recherchons de vrais partenaires quelques soient leurs nationalités, pourvu que chacun y trouve son compte. Pour ce faire, les politiques français doivent cesser de pousser les entreprises françaises à faire en Afrique ce qu’elles n’osent pas dans leurs pays.
Mais, peut-être que Macky va leur dire tout cela…
Assane Samb