Dans le cadre de la grâce présidentielle accordée chaque année, la Direction des affaires criminelles et des grâces (Dacg) est très souvent accusée de monnayer à tort ou à raison cette clémence du chef de l’état.
La justice sénégalaise est loin d’être un long fleuve tranquille. En effet, cette affaire opposant le juge Ousmane Kane, président de la cour d’appel de Kaolack contre son collègue, Yaya Amadou Dia sur fond de graves accusations qui l’ébranle actuellement dans un contexte de suspicions autour de la «mafia» de la grâce présidentielle accordée à des personnes inéligibles semble même conforté la thèse que le temple de Thémis marche ces dernières années au rythme des scandales.
Réputée un haut lieu de la réserve, la justice sénégalaise est aujourd’hui dans tous états. L’affaire opposant le juge Ousmane Kane, président de la cour d’appel de Kaolack contre son collègue, Yaya Amadou Dia sur fond de graves accusations de corruption, d’abus de pouvoir et d’immixtion sur des décisions de justice replonge à nouveau ce fleuron de l’administration publique sénégalaise dans l’abîme des mondes les plus sombres qu’il était pourtant sensé éclairé de par ses décisions bienveillantes. Et pour cause, cette affaire qui écorne gravement l’image et la sérénité de ce temple de Thémis n’est pas une première dans laquelle ses acteurs judiciaires sont pointés du doigt même si c’est la première fois qu’on assiste à une telle scène de ménage sur la place publique opposant des magistrats de haut rang.
En effet, la main bienveillante du président de la République dans le cadre de l’exercice de sa prérogative constitutionnelle relative à la grâce présidentielle accordée chaque année à la vielle des grands événements ou fêtes nationales, la Direction des affaires criminelles et des grâces (Dacg) est très souvent accusée de monnayer à tort ou à raison cette clémence du chef de l’état. Ceci en intégrant dans la liste des prisonniers qui n’étaient éligibles.
Et même si du coté de la Dacg, les responsables dont la plupart sont des magistrats continuent à nier l’existence de telles pratiques de corruption voire d’abus de pouvoir au sein de leur structure, il faut dire que leur démenti est fortement fragilisé par des cas concrets de personnes ayant bénéficié de la grâce présidentielle alors qu’elles ne remplissaient pas les conditions. Le dernier cas est celui du citoyen Guinéen condamné par un tribunal de Diourbel pour trafique de faux médicaments à Touba Belel.
Condamné à 5 ans de prison ferme par le tribunal de grande instance de Diourbel, le 4 Décembre 2018, Woury Diallo puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été libéré en catimini alors qu’il n’avait même pas purgé la moitié de sa peine après que son nom a été glissé soigneusement dans la liste qui lui a été présentée et sur laquelle il a apposé tout naturellement sa signature. Avocat commis pour défendre des intérêts de l’Ordre national des pharmaciens dans cette affaire, Me Abdoulaye Babou dénonçant cette situation avait indiqué être certain que «le président de la République en prenant ce décret a été trompé».
Recevant les responsables de l’Ordre national des pharmaciens à la suite de l’éclatement de cette affaire lors d’une audience, le président de la République les a rassuré avoir donné des instructions à son ministre de la Justice dans le sens de l’ouverture d’une enquête pour identifier toutes les personnes à l’origine de ce qu’il avait fini de qualifier d’«acte répugnant».
Toujours dans ce registre des scandales autour des bénéficiaires de la grâce présidentielle, on peut également citer le cas d’Alassane Ouangaré Diop. Condamné pour trafique de drogue lui-aussi a bénéficié de la grâce du président de la République prévue par l’article 47 de la Constitution en 2018 alors qu’il ne était inéligible.