La fermeture des frontières terrestres et aériennes de l’espace Cedeao à l’Etat malien, entraînera un coût économique et commercial qui risque d’asphyxier la population malienne.
La fermeture des frontières terrestres et aériennes de l’espace Cedeao à l’Etat malien, entraînera un coût économique et commercial qui risque d’asphyxier la population malienne. Cette mesure induit également des contrecoups dans l’ensemble des pays de la Cedeao, singulièrement à l’économie sénégalaise dont le flux, très important concentre près de 70% des imports et exports maliens.
L a situation actuelle du Mali ayant amené des militaires putschistes à renverser le président Ibrahima Boubacar Keita, est plus préoccupante. Après plusieurs mois de contestations populaires, pour cause de mal gouvernance du pays, aux tueries et autres enlèvements dont le plus connu est celui de Soumaïla Cissé, président de l’Union pour la République et la démocratie (Urd) et chef de file de l’opposition malienne, le 25 mars dernier la situation politique et social devenait de plus en plus délétère.
Le coup d’Etat du 18 août 2020 a fait prendre à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cedeao) la décision de fermer toutes les frontières terrestres et aériennes avec le Mali, isolant ainsi un pays qui en est membre. Ce pays traversé par plusieurs crises depuis plusieurs années, consacre 22% de son budget à l’effort de guerre. Ses ressources sont essentiellement tirées des secteurs secondaire et tertiaire qui sont très peu développés. L’agriculture est en proie à la récurrence des cycles de sécheresse depuis les années 1970.
Les bas prix des matières premières sur le marché international (le coton par exemple concurrencé par l’Egypte) la hausse des coûts de production (intrants et carburants), font du Mali un pays à la balance commerciale déficitaire. La production aurifère est importante mais son secteur industriel étant peu développé. Le Mali importe une grande partie des biens de consommation principalement du Sénégal et des pays de l’espace communautaire.
La dette malienne est pesant, ce qui a amené les institutions de Breton Woods à faire adopter l’Etat malien des politiques d’ajustement structurel avec la privatisation de certains secteurs de l’économie (transport ferroviaire, distribution de l’eau et de l’électricité et récemment la Compagnie malienne pour le développement du textile).
Cette fermeture de frontières impacterait-elle seulement le Mali? Quelles conséquences au Sénégal avec qui le flux commercial est très important. Bamako est un partenaire stratégique du Port autonome de Dakar (Pad). «Le trafic du Mali représente 17 à 18 % du trafic du port de Dakar», révèle le directeur général du Pad Aboubacar Sadikh Bèye, dans le numéro 23 (nov-dec 2018) de «Tam-Tam du Docker», bimestriel édité et publié par du Port.
Mieux, d’après les statistiques du Port autonome de Dakar, le trafic avec le Mali a été multiplié par 10, en l’espace de 10 ans. Dans le même numéro dudit journal, le directeur général des Entrepôts Maliens au Sénégal affirmait ceci: «Quand tu prends les statistiques de 2002, on était à 500 000 tonnes. Aujourd’hui, on en est à 3 500 000 tonnes». En définitive, le Sénégal concentre 65 à 70 % des imports et exports maliens. Cela donne un trafic entre 400 à 500 camions par jour.
Sud Quotidien