Un conflit générationnel secoue la Magistrature. Anciens et jeunes magistrats se regardent désormais en chiens de faïence. Le Témoin a cherché savoir les vraies raisons de ce conflit.
Depuis quelques temps, la magistrature est secouée par un conflit générationnel. Jeunes et anciens se livrent une guerre à fleurets mouchetés. Une situation qui a poussé le magistrat Ousmane Kane, premier président de la Cour d’Appel de Kaolack, à démissionner de l’Union des Magistrats du Sénégal.
Dans un document qu’il avait adressé mercredi dernier au président de l’Ums, Souleymane Téliko, le magistrat avait livré les raisons qui ont motivé sa décision. «Le combat pour le changement du système ne sera pas gagné par I’Ums seule, encore moins par des invectives à l’endroit des magistrats de la hiérarchie qui ne sont pas eux-mêmes à l’abri d’abus de ce système dont j’ai été moi-même victime déjà en 1994», avait-il fait remarquer.
Mieux, il dénonçait le manque de respect dont les magistrats de la hiérarchie font l’objet de la part des jeunes magistrats. « Les chefs de la hiérarchie judiciaire (sont) conspués et insultés par des collègues dont ils ont contribué à la formation », avait relevé le président Kane. Et ne pouvant plus supporter ces invectives, il avait choisi de partir de l’Union des magistrats du Sénégal. «En ce qui me concerne, ne pouvant plus supporter ces insultes, je vous présente ma démission de I’Ums », avait-il déclaré, avant de donner un conseil à ses collègues. « Il serait d’un apport décisif si les magistrats apprenaient à respecter la hiérarchie », suggérait-il.
La prolongation de l’âge de retraite, la pomme de discorde
Suite à sa démission, votre interlocuteur a pris langue avec certains magistrats pour connaître les dessous du conflit entre anciens et jeunes magistrats. « La prolongation de 3 ans pour certains notamment les Chefs de Cour, les rend vulnérables, car la perte de la position y donnant droit, entraîne la retraite avant terme. C’est cela la vraie raison de ce conflit dit générationnel », nous soufflent des sources au sein de la magistrature. Car si ces magistrats triés sur le volet peuvent exercer jusqu’à l’âge de 68 ans pour prendre leur retraite, il n’en est pas de même pour la grande masse contrainte d’ôter la toge trois ans plus tôt.
Bien évidemment, du fait de cette sucette offerte par l’Exécutif, les magistrats font tout pour être nommés chefs de juridiction et, s’ils y parviennent, s’accrochent pour ne pas être démis de leurs fonctions. Ce que sachant, l’Exécutif leur fait faire à peu près tout ce qu’il veut ! Poursuivant, nos sources pensent que la Justice a perdu les grands Hommes comme feu Cheikh Tidiane Diakhaté, « qui était un manager hors pair, un grand cœur qui recevait tout le monde, surtout les jeunes Magistrats. « Lorsque Cheikh Tidiane Diakhaté était Premier Président de la Cour d’appel, il parvenait à gérer toutes les situations », témoignent nos sources. Lesquelles pensent que « l’actuel Premier Président de la Cour suprême, Cheikh Tidiane Coulibaly, est un grand Magistrat qui a ce qu’il faut pour redresser les choses.
Le Témoin