Quand un militaire s’attaque à un civil, c’est toujours mal vu parce qu’inapproprié. Quand ce même militaire s’attaque au Chef de l’Etat chef suprême de l’Armée, c’est encore plus déconcertant.
Ce qui s’est passé au Mali a heurté nombre d’africains qui se posent des questions sur la qualité de nos institutions et leur capacité à réguler le jeu des pouvoirs.
La vraie place des militaires est dans les casernes. Et s’ils sortent, c’est pour défendre l’intégrité des frontières, les biens et les personnes.
Au Mali, les militaires viennent d’arbitrer le rapport de force entre le M5 et les autorités publiques. Ils ont choisi leur camp croyant, par un faux problème, régler un vrai problème.
Le problème du Mali, ce n’est pas le coup d’Etat si on peut l’appeler ainsi. C’est un problème d’unité nationale, de stabilité face à la menace djihadiste, au terrorisme, à la pauvreté et à la Covid-19.
Une partie de l’Armée vient ainsi de mener un faux combat en s’en prenant au Chef de l’Etat au lieu d’exercer son vrai rôle de sécurisation du pays. Il n’y a aucune gloire à cela et ces militaires doivent être les premiers à la savoir. Car, en 2012, lorsque le capitaine Sanogo s’était livré à ce jeu, il en avait payé les pots cassés.
En clair, les coups d’Etat sont passés de mode. La CEDEAO les ont maudits à jamais. Tous ceux qui s’y livrent s’exposent à un rappel ferme à l’ordre et, le cas échéant, à des sanctions.
Le fait de s’en prendre à son chef alors que l’on est incapable de vaincre son ennemi est une attitude désespérée qui ne fait qu’en rajouter à la confusion générale.
Car, au Mali, on est habitué des faits : Seul un seul chef d’Etat a échappé à cela. Sinon, tous les autres ont subi des humiliations d’une armée qui a deux problèmes : le professionnalisme et le civisme.
Face aux assauts des djihadistes, l’Armée malienne n’a pas montré un bon visage. Est-ce la faute des politiques parce qu’ils n’ont pas mis les moyens adéquats ou celle des militaires par manque de professionnalisme ? La question se pose avec acuité car, dans ces genres de situation, l’un ne va pas sans l’autre. Il faudra une réforme de l’Armée en revisitant toutes ses unités et en corrigeant ce qui est à corriger.
Car, une armée de cette trempe a autre chose à faire que des coups de force. Elle doit rester républicaine c’est-à-dire au-dessus de la mêlée, donc des luttes de chapelles et des rapports de force politiques.
C’est pourquoi, l’appel à lancer à la CEDEAO et à la communauté internationale dans son ensemble, c’est de travailler à remettre, tout de suite, l’ordre constitutionnel.
Les militaires doivent retourner là ils viennent et se remettre dans les rangs. Admettre un tant soit peu cette situation, c’est revenir 20 ans en arrière et inscrire le Mali dans une instabilité congénitale.
Il est important alors, pour cela, que les Nations-Unies, la CEDEAO et tous les Etats engagés militairement dans le pays se donnent la main pour rapidement faire comprendre à l’Armée qu’elle s’est trompée de combat.
Les vrais combats au Mali sont ceux de l’unité nationale, de la sécurité et du développement.
La seule solution alors est de ramener toutes les parties autour d’une table pour des discussions franches afin de trouver un minimum de stabilité.
Le Président ne peut pas être évincé de cette façon. Les solutions par les armes ne sont jamais pérennes et vont inscrire le pays dans une spirale de violence.
Nous osons espérer qu’à la suite de la réunion du Conseil de sécurité de ce mercredi, une ferme volonté d’issue heureuse de la crise sera trouvée dans les plus brefs délais. Ceci passe nécessairement par le rétablissement du président de la République dans ses droits.
Assane Samb