Plateau sanitaire médiocre dénoncé par les Profs Touré et Seydi: que nous cache le ministère de la santé ?

par pierre Dieme

C’est avec fracas hier que le Président du Conseil d’Administration du Centre Hospitalier National Dalal Jamm, le Professeur Papa Touré, a présenté sa lettre de démission au Chef de l’État du fait de décisions qui « ne répondent pas aux besoins immédiats de l’hôpital ».  

 Le président du Comité national d’éthique pour la recherche en santé (Cners), s’insurgeait contre la pauvreté du plateau technique de cet hôpital qui tendait à être « un des fleurons de notre système de santé hospitalière et fonctionne encore comme un centre de santé ». Et ceci au moment où la décision a été prise d’accorder à l’hôpital « Dalal Jamm » une subvention d’un milliard et demi de francs CFA pour la construction de deux bâtiments destinés à abriter un centre de greffe de moelle et un centre de procréation médicalement assistée. Pour la petite histoire, le professeur Touré avait publiquement donné son opinion sur l’autorisation de la greffe d’organes qu’il trouvait « prématuré au Sénégal ». Bref…  
Mais avant lui, un éminent autre Professeur, Moussa Seydi avait trouvé inconcevable que Ziguinchor ne puisse pas avoir un service de réanimation répondant aux normes au cas où il y aurait des éventualités nécessitant une réanimation lourde. Une sortie qui lui avait valu les remontrances du Directeur de Cabinet de l’époque du Ministre de la Santé et une « guerre froide » semblait s’être installée entre les deux hommes.  

Mais au regard de ces deux exemples et du constat qui peut être fait par le plus simple d’esprit, le ministère de la santé ne joue pas son rôle et l’Etat n’assure pas le minimum de base à sa population. Alors que le coronavirus faisait encore des pas timides en Afrique, et que l’on prédestinait une hécatombe sur le continent, l’on ne recensait que 80 lits en réanimation au Sénégal selon le magazine « Jeune Afrique ».   
Alors que les décès dûs à la Covid 19 se multiplient et les cas graves « restent branchés entre la vie et la mort

 », c’est le 27 Juillet dernier que le ministère de la santé a décidé de doter « d’un respirateur haut de gamme certaines régions sur l’étendue du territoire national ». Une annonce qui a fait applaudir les acteurs hospitaliers. Un « pays à peu près normal » où personne ne s’offusque du fait que pour donner les premiers soins les secouristes n’ont pas le matériel de base… On n’imagine pas se retrouver dans cette situation d’un jour à l’autre.  

« Ils meurent tous comme notre système de santé… »

Cette phrase de l’activiste Guy Marius Sagna au lendemain de la succession de morts de personnalités ces dernières semaines, résume encore cette situation catastrophique. Le régime de Macky Sall a échoué à endiguer le choc sanitaire, confirme l’économiste Mamadou lamine Diallo. « Nous payons cash la faiblesse relative de notre plateau sanitaire. L’insuffisance des respirateurs est évidente, Macky Sall a préféré s’engager dans le business alimentaire des kits avec son beauf », déclarait-il dans sa question économique de la semaine.  
Dans le cadre du Programme de résilience économique et sociale (PRES), une enveloppe de 64,4 milliards FCFA avait été consacrée au secteur de la santé. Les sénégalais sentent ils ce financement ? On parie que non !

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