La croissance exponentielle des cas confirmés de Covid-19 (notamment la contamination communautaire) et des décès suscite une grosse inquiétude ces derniers jours. Ce, au point de contraindre le chef de l’Etat à convoquer, jeudi dernier, un conseil présidentiel pour mieux affuter la riposte. Face à cette situation que le Pr Seydi qualifie de « sérieuse » et non « alarmante », le chef de la prise en charge médicale souligne que les techniciens qu’ils sont, ne sont pas astreints à une « obligation de résultat ».
« Rien n’est plus dramatique pour un médecin que de recevoir un malade et de ne même pas savoir où le mettre, de ne pas avoir les moyens pour le prendre en charge. Vous le savez, nous avons une obligation de moyens mais pas une obligation de résultat », a déclaré le Pr Seydi sur le plateau de l’émission Objection de Sud Fm dont il était l’invité de ce dimanche. Il s’explique chiffres à l’appui : « aujourd’hui je semble serein malgré l’accroissement des cas parce qu’au début on avait un seul centre de traitement c’était le nôtre avec 12 lits. Aujourd’hui nous avons plus de 30 sites de prise en charge avec presque 2000 lits.
Au début on n’avait pas un seul lit dédié aux cas graves. Actuellement nous en avons une soixantaine. Il y avait qu’une seule équipe de prise en charge et c’était la nôtre, au moment où je vous parle il y a au moins plus de 300 personnes qui déjà ont été formées dans le cadre de cette prise en charge. Au début il n’y avait que Dakar qui avait un centre de traitement de l’épidémie, aujourd’hui il y a un centre dans toutes les régions du Sénégal ».
Par rapport à la gravité de la situation, le chef du service des maladies infectieuses de Fann se dit « ni surpris par le nombre de cas, ni par le nombre de décès », surtout avec l’explosion des cas communautaires. « Au début toutes les mesures ont été édictées sur la base d’une épidémie qui allait partir au bout de 2 à 3 mois. Mais dès qu’il y a eu des cas communautaires, je n’ai plus été surpris et j’ai toujours alerté par rapport à la gravité de ces cas communautaires, insiste-t-il.
On a des mathématiciens qui peuvent faire des calculs pour prédire comment l’épidémie va évoluer. Mais dans cette évolution il y a un facteur incontrôlable : c’est le comportement des populations ». Lesquelles (populations) rechignent, de plus en plus, à observer les mesures barrières.
Confronté à une tension dans la disponibilité des lits, les autorités sanitaires avaient décidé d’appliquer la prise en charge à domicile. Une décision à laquelle le professeur Moussa Seydi, Chef du Service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann, s’était opposé «au début». L’infectiologue a livré ses craintes sur le plateau de l’émission «Objection» de Sud Fm.
«La prise en charge médicale à domicile, c’est quelque chose qui se fait partout en Europe. C’est vrai ! Mais moi, personnellement, j’étais opposé à cela, au début», souligne-t-il. Ce, pour la simple et bonne raison que, explique le Pr. Seydi, «notre environnement social est différent. En Europe, c’est chacun dans sa chambre. Ici, vous pouvez avoir 10, 3 ou 4 personnes dans une chambre. Je pensais surtout à la transmission de la maladie à d’autres personnes».
Mais «il s’est trouvé qu’il y a eu la stigmatisation». «Les gens avaient peur de venir à l’hôpital. Deuxièmement, il y a eu une tension sur la disponibilité des lits. Ces deux facteurs combinés ont fait qu’on a décidé d’appliquer la prise en charge à domicile», explique le professeur qui a reconsidéré sa position.
Toutefois, des critères bien établis avaient été définis pour la prise en charge à domicile. Lesquels «sont très différents des critères européens», précise le Pr. Seydi. «Nous avons dit que les personnes âgées, on ne les gère pas à domicile ainsi que ceux qui ont des comorbidités et les cas graves. Sauf avis contraire spécialisé», renseigne-t-il.
Une approche que le spécialiste juge «satisfaisante», même si une évaluation n’a pas été faite. D’après le Pr. Seydi, seuls quelques cas d’aggravation avaient été notés et ils sont dus au fait que certains «n’ont pas voulu appeler, parce qu’ils ne voulaient pas être hospitalisés».