Alors, lorsque le président Sall, à l’entame de son magistère, eut déclaré officiellement la guerre à la corruption était en son temps, un espoir et acte encourageant pour les Sénégalais. Surtout lorsqu’il eut appelé ensuite les citoyens à dénoncer et à combattre la corruption sous toutes ses formes, d’où qu’elle pourrait venir et quels qu’en seraient du reste ses auteurs. Effectivement, si cette déclaration avait été appliquée strictement, elle aurait bien pu aider à assainir nos vilaines mœurs en cours dans l’administration et la société en général et valu à notre pays plus de confiance envers l’extérieur.
Mais nous avions eu de sérieuses craintes aussi que cette volonté exprimée ne s’envolerait pas dans les airs plus tard. Sinon alors être remise en cause à la suite de fortes pressions des lobbies et chefs religieux pour faire libérer leurs fidèles incriminés. Le président avait annoncé également dans cette déclaration qu’il allait rompre avec les pratiques décriées du président Wade notamment par rapport à la corruption. Oui, l’intention était bien louable et à saluer, mais tant que celle-ci n’était pas simplement un feu de paille comme ce fut le cas dans le passé.
L’exemple de la traque des biens mal acquis qui a été brandi avec beaucoup de tapage est là pour le prouver, car cette affaire, au vu de ses maigres résultats pour l’instant, n’a servi strictement à rien du tout.
Dans tous les cas, le président Sall et son prédécesseur le président Wade ont reconnu publiquement que la corruption est une réalité indiscutable au Sénégal. Et non seulement elle y existe, mais est aussi bien ancrée dans les rouages de l’administration publique et la société.
Naturellement, leur reconnaissance du fait corruption est une vérité indéniable et qu’il ne leur servirait à rien de vouloir l’occulter, puisqu’elle gangrène notre pays. Et la corruption au Sénégal n’est que l’une des raisons qui suscitent la suspicion des investisseurs à l’égard de notre pays, mais de la fiabilité de ses institutions.
La gestion rationnelle et rigoureuse des ressources publiques d’un pays est incompatible avec l’anarchie et la dilapidation dans leur utilisation. L’emploi judicieux et convenable à juste titre des biens publics est une exigence impérieuse en matière de gestion du train de vie l’État. Le respect scrupuleux des règles et principes de gestion participe effectivement à la bonne gestion des ressources publiques. Hé oui, respecter strictement ces règles et principes est une exigence de bonne gouvernance qui contribue efficacement et incontestablement à la diminution notoire du train de vie de l’État et influe favorable sur sa rationalisation.
La gestion du patrimoine globalement du pays notamment, les biens et matériels mobiliers et immobiliers de l’État est dans un abandon et une anarchique indescriptible. La gestion de ce patrimoine a cessé, depuis fort longtemps, d’être menée dans les règles de l’art et sous la direction de fonctionnaires intègres. Oui, c’est-à-dire les ressources nationales ne sont pas sous la responsabilité et entre les mains de citoyens intègres et ayant le sens du devoir civique.
Des citoyens suffisamment responsables avec de l’éthique qui incarnent le civisme, rendent compte périodiquement de la gestion des biens sous leur contrôle en cas de besoin. En vérité la gestion aléatoire, laxiste et anarchie des biens publics notamment, mobiliers et immobiliers, ont commencé le déclin sous Abdou Diouf.
Mais la perte totale de contrôle de la gestion des biens publics avec l’absence totale de tenue régulière de comptabilité matière fiable a véritablement dégénéré sous le président Wade avec sa gestion informelle intégrale. Oui, avec cette gestion informelle qui prévaut jusqu’à présent, l’on peut toujours affecter, les biens de l’État à quiconque sans précision, identification ni localisation du service de l’État ou du fonctionnaire attributaire.
Effectivement, c’est grâce à ce méli-mélo créé par Me Wade à dessein, qui ne permet pas de savoir qui détient tel ou tel bien de l’État et où se trouve-t-il, que la gestion des ressources du pays a basculé dans l’anarchie et une confusion indescriptible voulue. Tout cela dans le but inavouable de pouvoir les soustraire un jour du patrimoine de l’État à leur profit.
Et c’est ce désordre, dans la gestion du patrimoine du pays auquel nous avons finalement abouti, qui a ouvert et permis tous les abus. C’est ainsi que des biens mobiliers et immobiliers affectés à des services publics pour leurs besoins se retrouvent à la disposition exclusive des responsables de service. Et généralement ces derniers se trouvent être à la fois responsables politiques dans le parti au Pouvoir. C’est ainsi que très souvent, la mission principale de service public pour laquelle, ces biens lui ont été affectés, est gelée au profit des besoins politiques du parti ou responsable de service. Cette gestion archaïque, incivique et réprouvée des biens publics par les politiciens à la tête des structures publiques, est plus que jamais en cours toujours dans notre pays, alors qu’elle devait disparaitre définitivement du Sénégal pour une rationnelle.
La corruption, c’est évident est dans une large mesure une manière illégale dissimulée pour se procurer des biens mal acquis. Voilà pourquoi elle doit être combattue radicalement par tous les honnêtes gens et réprimée sévèrement aussi par les pouvoirs publics, comme un délit. Le manque notoire de célérité et rigueur des autorités et le fait de ne pas sanctionner les fautifs et d’éthique parmi ceux qui gèrent les affaires publiques dans notre pays, constitue aujourd’hui une porte ouverte délibérée pour les délinquants qui s’adonnent aux actes de malversation. Ces individus, pour lesquels le jeu favori c’est le vice s’enrichir illicitement, sont toujours à l’affût et prêts à s’engouffrer dans la brèche. Ces délinquants, avec l’impunité quasi totale dont ils bénéficient, participent également au pillage systématique des ressources nationales avec la complicité du Pouvoir en place.
Au demeurant, toutes ces extravagances grèvent inutilement le train de vie de l’État sans répondant positif de qualité du service public ou bien de satisfaction des besoins du citoyen. Autrement dit, ce train de vie dispendieux est dû aux dépenses improductives de prestige de tous les dirigeants qui se sont succédé jusque-là au pouvoir au Sénégal. Et curieusement augmentation du train de vie de l’État est inversement proportionnelle à un service public de qualité au profit des citoyens pour la satisfaction de leurs besoins vitaux. Il est par conséquent urgent de redresser la gouvernance au Sénégal et remettre les pendules à l’heure.
C’est-à-dire, impérativement, il faut ramener le train de vie de l’État dans les meilleurs délais à des proportions justes relatives à l’état réel de notre niveau de développement.
Voici pour illustration quelques exemples de dépenses aggravantes du train de vie de l’État et qui ne sont pas justifiés du point de vue de la loi :
Les exonérations de douanes, remises gracieuses d’impôts, attributions de plusieurs hectares de terres injustifiables qui amenuisent incontestablement les recettes du Trésor accordées à des amis. De telles mesures, arbitraires et d’excès de pouvoir, ne relèvent d’aucune exigence ou contrainte obligatoire, mais plutôt de générosité débordante des autorités, à l’endroit des amis et proches pour satisfaire leurs désirs. C’est manifestement, une violation de la loi par abus de pouvoir ou sous le poids d’une pression de revendications démagogiques, satisfaites sans tenir compte au préalable, de toutes les incidences et conséquences ultérieures sur les autres secteurs. Il y a en outre les fonds politiques ou spéciaux exorbitants attribués à la pelle à diverses personnalités, à la tête des institutions ou ministères de la République, qui sont plutôt des armes de défense non conventionnelle (ADN) pour des responsables politiques du parti au pouvoir. Le nombre, des attributaires de fonds politiques déguisés, doit être révisé à défaut de leur suppression, revus drastiquement à la baisse…
Il y a aussi la dotation anarchique irrationnelle, des voitures de fonction aux fonctionnaires et services de l’État, qui se fait de manière sentimentale quelconque, sans s’appuyer sur aucun critère objectif pouvant leur en donner droit.
En général dans les États bien organisés, la règle, c’est créer un parc national doté de véhicules en tout genre dans le but de satisfaire les multiples besoins en logistiques et selon la nécessité du service public de l’État. En tout cas dans les États de droit qui sont reconnus, comme tels seuls ces derniers ont la latitude de choisir le genre de voiture à acheter pour ses besoins de service conformément au budget arrêté et non aux fonctionnaires attributaires, d’exprimer leur choix de voiture à eux affectés. Une telle gestion faite de la sorte avec a possibilité d’affecter allégrement 2 ou 4 voitures à un ministre ou fonctionnaire est insensée et irrationnelle. Car le nombre de véhicules à affecter doit être limité par la loi et au strict nécessaire.
Comment dans de telles circonstances, l’on ose parler de gestion efficiente vertueuse du patrimoine de l’État ? C’est vraiment se moquer des Sénégalais et dépasser les bornes du respect à son peuple. Il devrait être évident, de bon sens et ainsi entendu pour tout le monde que, les biens matériels, mobiliers et immobiliers de l’État sont destinés principalement à satisfaire et assurer le fonctionnement optimum du service public.
Par ailleurs, la règle générale dans les États de droit où le train de vie est strictement surveillé et contrôlé les biens de l’État notamment, les véhicules administratifs sauf ceux des services de sécurité sont obligatoirement, sauf autorisation spéciale, immobilisés au-delà des heures de travail et pendant les jours chômés ou fériés.
Au Sénégal, malheureusement, c’est loin d’être le cas. Oui, ici les véhicules de l’administration circulent non-stop aux frais du contribuable sans aucun rapport avec le service public ou la vie de la nation. Et non contents de cela les détenteurs de voiture de fonction de l’État bénéficient en plus d’une dotation scandaleuse de carburant sans précédent. La dotation de carburant aux voitures de fonction varie selon que le détenteur est fonctionnaire, député ou ministre, de 1000 à 10 000 litres par mois.
Naturellement, celle-ci est manifestement un gaspillage qui participe à ce pillage systématique délibéré des ressources publiques et l’augmentation exponentielle du train de vie de l’État. Et il n’est pas rare d’ailleurs de rencontrer parfois sur le marché des bons d’essence, sûrement le trop-plein de la dotation, en vente ou, des voitures de l’administration en train de faire du clando.
Tout compte fait, tous ces actes délictuels très graves et exécutés délibérément, par les pouvoirs en place, démontrent un excès ainsi qu’un gaspillage sans précédent, des ressources publiques nationales au détriment du trésor public mais aussi d’un train de vie en perte de vitesse. Tout cela en parfaite connaissance de cause des autorités.
L’Assemblée nationale, l’institution supposée être la représentation nationale du peuple en miniature et au sein de laquelle l’éthique devait être au cœur, n’en possède même pas. Et en lieu et place des députés au service de leur peuple non, les nôtres se servent allégrement des biens de l’État au détriment du peuple, en violation flagrante de la loi et la morale. Oui, la morale, cette règle non écrite, mais qui s’impose à tous, notamment aux représentants du peuple.
Dans tous les pays du monde aucune loi n’attribue aux députés le droit d’avoir une voiture gratuité. Mais au Sénégal avec Me Wade l’informel en chef non seulement cela ils en sont dotés et en outre une à chaque législature sans parler, des autres privilèges exorbitants qui devraient, pour d’honnêtes citoyens, faire honte et donner froid dans le dos. Mais, hélas !
Au total, la gestion rigoureuse des ressources publiques nationales, la justice sociale qui exige l’impartialité entre les citoyens en toutes circonstances, la solidarité nationale pour le bien-être des populations, le contrôle strict de l’exécutif par les institutions habilitées mais aussi des citoyens sont des exigences et préoccupations majeures, mais, hélas, non prises en charge, à leurs justes mesures. Voilà malheureusement, la face hideuse mais bien réelle de la gouvernance actuelle de notre pays. Et la vie est ainsi au Sénégal depuis plus d’un demi-siècle.
Voici quelques privilèges de nos députés qu’ils se sont attribués illégitimement tirés de l’article du journaliste Saliou Gueye sur Seneplus du 25/12/2013, intitulé : « ce que coûte un député sénégalais »
« Une législature : 25 milliards de francs Cfa de salaires, téléphone, voitures et carburant.
Ainsi, pour les salaires, les crédits de téléphone d’une poignée de députés, voitures et carburant d’une législature, l’État débloque 25 372 500 000 francs Cfa. Cette somme peut atteindre ou même dépasser les 26 milliards si on y augmente les logements de fonction de certains députés à la charge de l’institution, les frais de voyage des députés, perdîmes afférents, la formation payante de certains députés apéristes, les dessous de table, les bakchichs, les «soukarou koor» et les aides Tabaski. En cinq ans, un député sénégalais aura coûté en moyenne 169 millions de 150 mille francs Cfa au contribuable sénégalais ».
À cela, ajoutent les passeports diplomatiques accordés à leurs épouses et quel que soit leur nombre.
Les populations sénégalaises ont effectivement, mille fois raison de dire que le président Sall est le prolongement du président Wade. Et le train de vie en cours prouve suffisamment, qu’il n’y a point de rupture dans la gouvernance libérale qui ne profite qu’à eux et leurs amis. La suppression des impôts des patrons de presse par le président de la République sans leur demande est une mesure antiéconomique injustifiable qui est une corruption en sourdine. Comme d’habitude, cette mesure n’est encore qu’un abus d’autorité et de pouvoir.
Alors qu’il aurait dû tout court en raison des difficultés économiques momentanées, leur accorder des facilités de paiement avec un moratoire à leur portée. Et pourquoi monsieur le président les patrons de presse seulement et non tous les autres opérateurs économiques? Est-ce qu’ils sont d’ailleurs les seuls à avoir bénéficié de ce privilège ? Nul, le ne sait encore!
Président Sall, la déclaration à votre retour de visite à Paris, dans laquelle fort justement, vous appelez les Sénégalais au travail pour bien mériter le salaire qu’ils perçoivent et cessent la tricherie. Celle-ci pouvait être considérée à juste raison comme un début de rupture par le discours et le ton. Mais, hélas ! c’était un simple éclair. Oui, monsieur le président, parce que vous n’avez pas indiqué par la suite le premier la bonne voie à suivre à votre peuple par l’exemple.
Concrètement, vous devriez prendre pour une gestion rigoureuse, efficiente des deniers publics, services et biens publics, des mesures énergiques fermes et irrévocables qui engageaient tout votre gouvernement et à tous les niveaux. C’est évident, le président Sall sait parfaitement qu’il n’a pas répondu à l’attente des 65% d’électeurs de 2012 et tout ce que nous avons relaté plus haut montre parfaitement que les choses ne bougent pas encore au Sénégal dans le bon sens souhaité.
Au demeurant, Monsieur le président Sall, vous devez emprunter un œil critique pour mieux observer la réalité avec beaucoup plus d’attention. Président Sall abandonnez tous les chimères et éléphants blancs de vos prédécesseurs et référez-vous sans complexe pour le bien-être du peuple sénégalais, des expériences concluantes et riches d’enseignements qui se déroulent ailleurs dans les domaines de gestion rigoureuse des biens publics et de bonne gouvernance des affaires publiques. Il est indispensable de corriger d’urgence toutes les pratiques, distorsions et passe-droits qui ont élu domicile dans la société sénégalaise. Ils se sont incrustés avec la gestion informelle et hasardeuse dans l’administration et tous les rouages de l’État.
Votre prédécesseur a mis toutes les règles d’éthique et valeurs intrinsèques de notre peuple à l’envers et, choisi en connaissance de cause de placer des hommes parmi les moins intègres de chez nous pour gérer le patrimoine de la Nation. Et ces derniers l’ont tout simplement pillé. Le comble est que vous poursuivez la même politique et naturellement commettez les mêmes erreurs.
Enfin président Sall, vous avez laissé échapper une belle occasion et opportunité avec les organes de contrôle, surveillance et répression de tous ces délinquants que la CNRI vous a proposés dans la réforme des institutions.
Vous aviez justement avec ces organes monsieur le président, des garde-fous et moyens de préventions et solutions radicales efficaces pour éliminer ces tares qui caractérisent le Sénégal, mais que vous n’avez faites malheureusement que soulignez et déplorez l’existence, mais sans leur apporter de solutions radicales pour les éradiquer définitivement. Il s’agit de la corruption, des malversations tout genre, conduites inciviques au total la gestion laxiste et anarchique des ressources nationales globalement.
Nous sommes en 2020, mais tous les maux qui ont été soulignés et décriés depuis vingt ans demeurent encore ou ont plutôt empiré.
Un exemple qui confirme l’anarchie et le laisser-faire dans l’État du Sénégal :
Mandiaye Gaye