L’idée d’un remaniement après-tabaski a été fortement agitée ces derniers temps avec, en toile de fond, la possibilité de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.
Toutes les deux possibilités sont entièrement à la discrétion du Chef de l’Etat qui ne semble pas avoir communiqué sur des sujets aussi sensibles.
Il se peut alors qu’il s’agisse de ballons de sonde ou tout simplement de charlatans du net qui explorent toutes les possibilités et vendent des idées farfelues pour des motivations qu’ils sont les seuls à maîtriser.
En tout état de cause, un remaniement ou réaménagement gouvernemental est toujours possible. Il semble même souhaitable dans ce contexte de Covid-19 où les dépenses gagneraient à être réduites car les ressources surtout publiques se font rares.
Or, nous savons tous que nous avons un gouvernement pléthorique et au nom de la rationalisation, il serait souhaitable de procéder à une réorganisation interne digne de ce nom. Ne serait-ce que pour économiser des ressources et utiliser celles qui existent à bon escient.
Mais, autant l’idée d’un remaniement est cohérente à plusieurs égards, autant celle d’un gouvernement d’union nationale est farfelue à plus d’un titre.
Certes, ce serait la conséquence logique du dialogue national enclenché et suspendu malgré l’avancée des travaux à cause de la pandémie, mais nous n’en voyons pas l’utilité.
Car, nous ne sommes ni dans un contexte de crise institutionnelle ni dans celui de crise politique et sociale. Au Mali, on aurait compris. Et c’est d’ailleurs une des recommandations de la CEDEAO dans son plan à 6 points.
Mais, franchement, au Sénégal, cela aurait fait sourire. Car, en réalité, qui va y entrer ? Une question d’autant plus pertinente que tout le monde sait que Macky ne pourra compter ni sur Idrissa Seck ni sur Ousmane Sonko. Et Karim ne peut pas débarquer du Qatar pour entrer dans un gouvernement…
Alors, il faudra compter peut-être sur de seconds couteaux, des leaders de moindre calibre, certains membres de la Société civile qui sont moins radicaux que Guy Marius Sagna.
Or, l’opération va beaucoup plus alors ressembler à un partage du gâteau qu’autre chose. Car, ces entrées ne pourront rien changer dans le quotidien des Sénégalais et il n’y a pas de crise à juguler autre que celle d’ordre économique. Or, pour faire face à celle-ci, il faudra non seulement réduire les dépenses mais aussi revoir toutes les prévisions et les approches.
Donc, c’est Macky qui est attendu et non pas un quelconque opposant ou rallié dont la tâche sera juste d’exécuter la vision de ce dernier.
Bien sûr, il est important de faire appel à toutes les compétences pour bien mener le travail de gestion des affaires publiques dans un contexte difficile, mais, franchement, nous n’aurons pas l’impression de gagner quelque chose avec ce type de gouvernement.
Qui plus est, dans une démocratie qui se respecte, l’unilatéralisme et tout aussi dangereux que l’œcuménisme. On ne peut pas mettre tout le monde dans le même bateau, c’est-à-dire la mouvance présidentielle au nom de je ne sais quel idéal de paix.
Dans une démocratie digne de ce nom, le pouvoir ou la majorité au pouvoir gère et l’opposition s’oppose, qu’elle soit organisée ou non.
Malheureusement, depuis quelques mois, c’est une opposition forte qui fait défaut. Il y a certes la Covid-19 mais elle ne saurait tout justifier.
On a pu observer chez certains ténors de l’opposition un certain relâchement surtout après la présidentielle de 2019. N’est-ce pas lassitude ? Est-ce par dépit ? Est-ce parce que les futures échéances sont lointaines ? Est-ce du fait des fortes médiations ne gestions ?
En tout cas, Macky semble être libre de ses mouvements et ne rencontre pas beaucoup d’opposition en dehors de l’engagement d’une certaine société civile qui n’a jamais baissé les bras.
Et à notre avis, c’est là où il y a le danger. S’il a les coudées aussi franches, trop franches, cela pourrait lui donner des idées et le motiver, par exemple, à aller au-delà de ses capacités constitutions notamment en terme de nombre de mandats.
En clair, dans ce contexte, un gouvernement d’union nationale ne fera que conforter le maître du jeu dans la conviction qu’il a toujours raison parce que, justement, il n’a pas de réels contre-pouvoirs.
Assane Samb