Le G20 disqualifie Mamadou Talla et menace

par pierre Dieme

«Errements, hésitations, mimétismes, incohérences pédagogiques et stratégiques … », sont entre autres les adjectifs forts utilisés par le G20 des syndicats de l’enseignement lors d’une conférence de presse tenue hier, vendredi, pour qualifier les décisions du ministre de l’Education nationale. Ainsi, Mamadou Mbaye Tamba, nouveau coordonnateur dudit groupe, a laissé entendre que le choix pédagogique «Apprendre à la maison» indiqué par M. Talla est «théâtral » et « assez inadéquat » pour le système éducatif Sénégalais. Mieux poursuit-il, «cette initiative est un vide d’esprit du ministre de l’Education» car, «tout le monde sait que les élèves n’ont pas appris. Donc il n’est pas question de parler de consolidation, s’il n’y a pas eu d’acquisition». Le G20 s’est aussi indigné des multiples rétropédalages du ministère de l’Education, «qui n’a fait qu’empirer une situation déjà complexe», tout en indexant par la même occasion « un ministre versatile, qui change de décision d’une seconde à l’autre ».

«Entre ses mains, l’avenir de notre éducation est en danger», a déclaré le G20 à l’adresse du ministre de l’Education, lors d’une conférence de presse qu’il a organisée à la date d’hier, vendredi. Pour les syndicalistes du G 20, il est temps de rompre avec le silence et de dénoncer la «navigation à vue» du ministère de l’Education nationale qui a donné lieu «à beaucoup d’hésitations, d’errements, d’incohérences pédagogiques et stratégiques», dont «le gouvernement sera le seul à assumer les conséquences».

Et parmi les dysfonctionnements énumérés qui, selon le G20, « ont profondément obscurci le système éducatif sénégalais», le nouveau coordonnateur du G20, Mamadou Mbaye Tamba, a fait savoir que «le choix pédagogique «Apprendre à la maison» en lieu et place des rattrapages pour compenser la reprise tardive des enseignements et apprentissages, est un vide d’esprit du ministre de l’Education nationale ».

Pour expliquer une telle position, le syndicat renseigne que « les choix et mesures précitées n’ont pas tenu compte, malgré les interpellations des différentes organisations syndicales, des limites numériques, de l’iniquité, de la discrimination et de la grave entrave à la Constitution, à la Loi d’orientation, aux textes et règlements sur l’égalité des chances de tous les fils et filles de notre cher Sénégal. Les victimes étant les élèves de zones à faible taux ou absence de couverture numérique et télévisuelle et/ou très pluvieuses».

Ainsi, jugeant de ce fait la méthodologie d’apprentissage «Apprendre à la maison» complètement en «déphasage et aux antipodes» avec les réalités sénégalaises, le syndicaliste accuse le ministère de l’Education d’avoir empiré une situation déjà complexe par ses «hésitations et errements» répétés. «Le report de la reprise nous a fait perdre trois précieuses semaines», at-il affirmé.

Or, poursuit M. Tamba «le G20 avait proposé le 14 avril, une reprise conditionnée des enseignements apprentissages en deux étapes : la première pour les classes d’examens et la seconde à partir des mois de septembre/octobre à fin novembre 2020». Non sans préciser que «ces propositions étaient conditionnées par la mise en œuvre d’un protocole dans le strict respect des mesures barrières, notamment l’éclatement des classes en groupes réduits de 20, l’existence de sanitaires fonctionnels, la mise à disposition de thermo flashs, de produits désinfectants, de masques et gants pour les élèves, les enseignants et autres personnels des établissements scolaires».

Mais sans autre forme d’analyse, explique M. Tamba, le ministre de l’Education nationale de manière «précipitée et unilatérale, a choisi tout d’abord la date du 02 juin qui s’est soldée par un échec chaotique, nous faisant perdre ainsi 03 semaines précieuses». Résultat, selon le G20, «le copier/coller» sur la France qui a caractérisé les décisions sur le fonctionnement de notre école dans ce contexte lié à cette pandémie, ont été des attitudes regrettables que nous ne cesserons de dénoncer».

PAS DE COMPROMIS SUR LE MODE DE CORRECTION AUX EXAMENS

«L’enseignement est une cohérence, un programme…», a rappelé le G20 pour dénoncer dans les décisions un pilotage unilatéral du ministre de l’Education nationale allant à l’encontre des fondamentaux de l’éducation. «Lorsqu’ils ont voulu reprendre les cours, ils n’ont pas tenu compte de la caractéristique fondamentale du protocole pédagogique», a renseigné le G20. Et de poursuivre : «Est-ce que théoriquement en 01 mois, on peut rattraper 20 chapitres en histoire géographie? La réponse est non. Et lorsqu’ils se sont rendus compte de cela, ils ont largué des chapitres…». Un acte, selon le G20, qui aura de sérieuses conséquences sur le niveau des candidats et sur les résultats des examens. «Ces chapitres largués auront des conséquences sur le niveau des élèves.
Raison pour laquelle la pertinence de la proposition du G20 s’impose», a-t-il affirmé. Par ailleurs, il n’y aura aucun allègement en ce qui concerne le mode de correction des copies d’examens. «De toute façon, nous connaissons le sens d’engagement et de responsabilité des enseignements. Et quelles que soient les épreuves, les copies seront corrigées comme cela se doit et il n’y aura pas de compromis» a rassuré le G20. Non sans avertir que «nous tenons et nous alertons que s’il y a des résultats catastrophiques, c’est de la responsabilité du ministère de l’Education nationale. Le mode de correction restera le mode correction».

En outre, Le G 20 a tenu à rappeler que la situation est plus qu’alarmante pour ces candidats aux différents examens qui doivent faire face à différentes épreuves sans des séances de révisions qui sont d’une importance plus que capitale. Aussi, vu le nombre insuffisant de professeurs en philosophie, des sociologues ont pris la craie pour enseigner une discipline qui n’est pas forcément la sienne. Tel est le cas au Lycée Ahmadou Seck de Thiès, témoigne Gabriel Faye, professeur de philosophie dans ledit lycée. Sans oublier l’hivernage qui n’est pas pour faciliter la tâche pour les potaches.

LE G20 MENACE DE DETERRER LA HACHE DE GUERRE !

En dépit de ce contexte pandémique, le groupe syndical du G20 a jugé utile si l’État continue de s’enfermer dans son «mutisme habituel» par rapport aux revendications, «de déterrer la hache de guerre», pour mettre fin à une « récréation malsaine qui a donné lieu au bafouement de plusieurs accords par le gouvernement». Pour y remédier, le G20 exige «le respect intégral du protocole du 17 février 2014 à travers la diligence du paiement et la résorption du gap des rappels dus aux enseignants (validation, intégration, avancement, reclassement, etc.) ; le paiement des rappels aux 2/3 sur la validation pour les fonctionnaires, l’arrêt de la surimposition sur les revenus des enseignants ; la fin des lenteurs administratives, le respect des engagements sur la question de l’habitat par la délivrance des attestations collectives à Dakar-Ziguinchor et la viabilisation des parcelles de l’intérieur pour le G10 et l’octroi des parcelles dans les régions de Saint-Louis, Diourbel, Kaolack et Ziguinchor au G8».

Et de poursuivre dans le même registre des revendications, «le dégel du prêt DMC; l’ouverture de négociations inclusives sur le système de rémunération des agents de la fonction publique ; le reversement des MEPS dans le corps des PCEMSG la mise à disposition de manuels scolaires en langue arabe et en Éducation religieuse, l’éradication des abris provisoires ; le respect des principes de la gestion démocratique des personnels enseignants ; l’évaluation du curriculum de l’école de base».

Le G20 n’en exige moins aussi «l’ouverture de négociations inclusives sur les questions nouvelles sur : l’âge de la retraite à 65 ans (en optionnelle ou non); les propositions de passages des élèves des classes intermédiaires de l’élémentaire et du Moyen- secondaire, de l’Enseignement technique et la formation professionnelle ; le budget de l’éducation préscolaire, qui n’a jamais dépassé 1% du budget de l’éducation à élever au moins à 5% pour aider fortement à universaliser les conditions d’accès à la petite enfance et à l’éducation préscolaire, le taux de préscolarisation se situe aujourd’hui à 17%».

Et de rappeler enfin à l’attention du ministère de l’Education que «le préavis de grève du G20 est toujours de vigueur, et donc rien ne s’oppose, si l’État ignore nos préoccupations, nos exigences, celles des enseignants et de l’école, que nous déterrions très bientôt la hache de guerre pour faire entendre le cri de désarroi et de désolation des enseignants, ces formateurs de la conscience citoyenne et patriotique ».

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