La crise est profonde au Mali où des manifestants déterminés sous la direction de l’Imam Mahmoud Dicko, mettent en danger la stabilité de l’Etat largement éprouvée par des années de terrorisme et d’instabilité.
A cette insécurité ambiante, s’est ajoutée une instabilité institutionnelle avec la contestation des résultats des dernières élections législatives d’avril dernier.
Et le Président de la république Ibrahima Boubacar Keïta a commis l’erreur de céder sur la question de la dissolution de la Cour constitutionnelle mettant ainsi en danger tout le processus électoral et les mandats de députés élus.
Forts de cette victoire éclatante, les manifestants veulent plus et mettent la pression pour obtenir le départ du Chef de l’Etat dans un pays qui est sans gouvernement depuis quelques temps.
En clair, en dehors du fait que le sentiment national est largement écorné au Mali qui peine à être une Nation, le pays est largement menacé en tant qu’Etat.
Si l’on y prend garde, ce qui reste du Mali, c’est-à-dire un pays désuni avec le Nord sous le contrôle du Mujao et d’Ansardine et le centre déstabilisé par les hommes du Jihadiste Ahmadou Kufa sans oublier les extrémistes que sont Agh Gali et consorts, va voler en éclat. Le Mali risque de connaître le sort de la Libye au risque de déstabiliser toute la sous-région.
Il est heureux alors que la CDEAO prenne à bras le corps le problème sans se décourager aucunement après un premier échec de sa médiation. L’organisation sous-régionale ne pouvait pas croiser les bras sans rien faire.
Donc, la présence de Macky et de quatre chefs d’Etat ouest-africains sous la direction du président en exercice de la CDEAO Mahamadou Issoufou du Niger est une première dans la zone.
Il fallait frapper fort et ils ont réussi le coup médiatique. Il faut alors en profiter pour que les résultats suivent.
Car, les Chefs d’Etat engagés dans le processus de médiation ont l’entregent et le vécu nécessaires pour une sortie de crise. Ils ont le poids politique qu’il faut et ils peuvent se faire écouter.
En tout état de cause, le président IBK a été élu au suffrage universel. Par conséquent, il faudra le laisser finir son mandat. Qu’il décide d’écarter son fils Karim de la présidence de la Commission défense, sécurité et protection civile, tout en conservant son mandat de député est déjà une bonne chose. Mais cela ne va pas suffire même si ce dernier cristallise toutes les frustrations parce que, selon beaucoup, c’est lui qui tire les ficelles.
Mais, son cas est loin d’être unique en Afrique. La présence de proches dans les hautes de décision est un phénomène presque culturel dans nos contrées. On n’a vraiment confiance qu’à ses proches.
Alors, les quatre chefs d’Etat ne vont pas du tout régler le problème de l’unité du Mali, des affrontements entre Peulhs et Dognons encore moins du terrorisme qui s’est solidifié avec l’attaque systématique de garnisons militaires. Mais ils vont au moins tenter de faire tenir debout l’Etat malien, sauver le régime d’IBK jusqu’aux prochaines élections et éviter surtout les émeutes et le chaos.
C’est leur feuille de route. Or, le Mali a beaucoup plus besoin que cela. Il reste frappé par des contradictions d’ordre sécuritaire et politique qui méritent une implication des Nations-Unies pour appuyer la CEDEAO. La solution définitive passe par la pacification du Nord et du centre, le retour de la souveraineté de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. Un vieux pieu pour le moment.
Alors, en attendant, il faudra, peut-être, reprendre tout le processus électoral d’avril dernier pour un scrutin législatif libre et transparent. Et, après, aller vers un gouvernement d’union nationale.
C’est une des voies de sortie crise qu’il faudra que les Chefs d’Etat sur place explorent.
Assane Samb