Macky Sall face à un quinquennat sans répit

par pierre Dieme

Réélu dès le premier tour de l’élection présidentielle du 24 février 2019, en recueillant 58,27% des suffrages, pour un quinquennat, le président Macky Sall ne sera pas de tout repos pour son deuxième et «dernier» mandat. Entre facteurs endogènes, à savoir les crises internes au sein de son parti, l’Alliance pour la République (Apr), ou la mal gouvernance dont font preuves certains de ses lieutenants, et facteurs exogènes, notamment les chocs de la pandémie de la Covid-19, le président Sall fait face à un second et dernier mandat de tous les dangers.

En ces temps qui courent, le chef de l’Etat Macky Sall, patron du parti l’Alliance pour la République (Apr), qui pensait avoir réglé les futures guerres de positionnement au sein de son parti en supprimant le poste de Premier ministre, ne dort plus d’un sommeil profond. C’est le moins que l’on puisse dire avec ces attaques et contrattaques, par presses interposées, auxquelles se livrent des responsables de son parti. En tout cas, les injonctions faites à ses camarades de parti, notamment «qu’aucun mouvement ne sera toléré dans le parti. Si des ministres ou des cadres ont des ambitions, ils attendront la fin de mon mandat pour se manifester», n’ont pas tué toute velléité de guerre de succession et/ou de positionnement au sein de l’Apr.

Tous ou presque donnent l’impression de s’affranchir de la tutelle de leur mentor qui ne parvient pas à mettre de l’ordre dans son parti. La preuve, il ne se passe pas un seul jour sans que des responsables du parti présidentiel ne se crêpent le chignon. Pas la peine de revenir sur la toute dernière querelle au ras de pâquerette qui a abouti à l’exclusion définitive de Mostapha Cissé Lo, Premier Vice-président à l’Assemblée nationale, du parti présidentiel. La liste est loin d’être exhaustive. La question «taboue» du mandat présidentiel avec son corollaire de chasse à l’homme au sein du parti présidentiel, fait partie des éléments qui vont fortement chahuter le mandat en cours du chef de l’Etat, Macky Sall. Au-delà de ces facteurs propres au parti présidentiel, d’autres éléments, non maitrisés par le chef de l’Etat, viennent s’y greffer. Déjà, le président Sall avait annoncé la couleur en revoyant à la baisse ses prévisions économiques pour 2020.

En invoquant un contexte économique défavorable et les dépenses faites en réponse à la riposte à la Covid19, il avait prévu une croissance ramenée à 1% en 2020, contre 6,8% initialement prévue. Ce qui complique davantage une situation économique déjà morose, avant même l’arrivée de la pandémie, avec un coup de frein sur les grands chantiers de l’Etat. Le TER en poussière à Colobane, le BRT pas encore démarré, le Fmi qui enjoint à l’Etat du Sénégal de faire attention avec son volume de dette, le rapprochement dangereux du seuil autorisé par l’Uemoa, au maximum 70%, sont autant de choses qui montrent à suffisance une situation financière difficile. Ce qui n’a pas manqué de se faire sentir avec la hausse de certains prix, notamment celui du carburant, puis du ciment, sans oublier celui de l’- huile et du riz qui ont flambé. Que dire de ces scandales à répétition portant sur des fautes graves de gestion, relevées par les services étatiques compétents et incriminant des dignitaires du régime, ou encore des affaires portées sur la place publique, qui font légion et/ou sont restées jusque-là impunies ?

L’affaire BBC et Aliou Sall sur le pétrole, les 94 milliards incriminant Mamour Diallo, anciennement Directeur des Domaines, les ministres et autres Directeurs généraux du «Macky» épinglés dans les rapports de l’Inspection générale d’Etat (Ige), les soupçons de mal gouvernance dans les marchés d’achat et de livraison du riz destiné aux populations impactées par la pandémie, entre autres. Quid du déterrement de la hache de guerre de certaines centrales syndicales, à savoir le Sytjust dans la justice, And Gueusseum au niveau de la Santé, ou encore les syndicats d’enseignants sur la reprise «précipitée» des cours en présentiel, les secteurs de l’- hôtellerie, de l’industrie alimentaire, du transport, de la pêche, etc. Autant de facteurs à même de donner du grain à moudre au chef de l’Etat, durant ces quatre ans qui restent dans son quinquennat.

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