Pèlerin de la paix au Mali, ce jour, en compagnie de 4 chefs d’état ouest africains, Macky SALL a sa place au sein des ravisseurs d’otages qui sèment le terrorisme et déstabilisent ce pays. La preuve par son arbitraire arrestation qu’il m’a fait vivre il y a un an…Cet individu est disqualifié pour mener une médiation de paix et parler de démocratie.
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Après une séquestration commencée le 29 juillet 2019 à l’aube suivie d’un interrogatoire à charge, avec des arguments fabriqués pour me ferrer, les services de sécurité d’un État agissant selon le modèle de ceux deterritorialises qui ont donné leurs nouvelles lettres de…noblesse au terrorisme asymétrique, me voici sur le point de passer ma deuxième nuit de garde à vue dans une pièce infecte d’un commissariat de police de Dakar.
Nous sommes le 30 juillet. Je me suis mis dans mes habits d’otage de l’état Senedaesch, le nouvel état terroriste ayant supplanté celui qui fut celui, normal, du Sénégal, tout au long de ma vie antérieure avant cet épisode que je vis. Dans cette lugubre porcherie, puante, je parviens bon an mal à faire contre mauvaise fortune bon cœur. Il est 21heures.
Compagnons
J’écoute le récit du vécu de mes compagnons d’infortune. L’un d’eux, un garçon d’une trentaine d’années, talentueux ingénieur en informatique, se mousse de son génie. Il a de qui tenir. Son grand père s’appelle Mawade Wade, le truculent et vantard feu grand technicien du football sénégalais. À peine à t’il fini de conter ses exploits que son voisin se lève et, sans gêne, raconte le déroulement des séances judiciaires de flagrants délits. C’est un dur à cuir. Un habitué. Il mime le geste de militaires, armés jusqu’aux dents, l’encadrant. En imitant aussi leurs pas saccadés. Pour dire qu’il n’y a aucune possibilité de leur échapper le jour du jugement. D’une voix plus fluette, lunettes vissées sur le front, plus intellectuel d’apparence que les autres, un troisième intervenant tente de se disculper. Il explique n’être là, dans ce cachot temporaire, que parce qu’il a été injustement accusé d’avoir dérobé ses médicaments dans l’officine pharmaceutique où il travaille. Près d’une vingtaine d’autres détenus prêtent une attention plus ou moins soutenue, plus préoccupés qu’ils sont par la soif et la faim et l’inconfort de l’endroit. C’est en ce moment précis qu’un policier surgit et hèle mon nom: Adama Gaye!
Éclats de rires
Je comprends vite que je dois prendre mes bagages et me rendre alors qu’il est bientôt 22 heures chez le juge qui, après m’avoir demandé plus tôt dans la journée de retourner au commissariat, veut maintenant me voir. Éclats de rires de mes jeunes compagnons. Je suis impressionné par l’humanisme et la générosité qui se dégagent de ces brigands en marge de la société. Ils sont heureux à cet instant précis d’avoir le sentiment que leur aîné, oncle de la plupart, vu la différence d’âge, allait être libéré.
Ils n’avaient eu de cesse de me répéter depuis notre rencontre le matin à la cave du tribunal que je n’avais rien fait de mal ni à faire entre les mains de la justice.
En partant, oreiller et couverture en mains plus le sac contenant mes livres, j’ai pris soin de me délester de mes sandwiches, bouteilles d’eau et fruits pour améliorer l’ordinaire du groupe que je laissais derrière. J’entends encore leurs souhaits de bonne chance pour l’issue de cette incongrue audience qui m’attendait chez le juge.
Me voici, seul, à côté d’un chauffeur et d’un garde dans ke fourgon de la police du commissariat de Thiong, au centre de Dakar, en route à 22heures vers le tribunal régional alors que la ville, plongée dans une crise économique se languit, mal éclairée, ou ne traînent que quelques filles de joie en manque de clients et des ivrognes zigzaguant au péril de leurs vies entre les trottoirs et la route.
Quand j’arrive au tribunal complètement déserte à cette heure de la nuit, je ne trouve que le greffier du terrible et cynique doyen des juges d’instruction Samba SALL qui s’empresse de m’inviter à attendre mon avocat Maître Cheikh Koureyssi Ba, lui même extrait de son repos familial pour déférer à la convocation du magistrat. Il est retenu dans la circulation. L’attente paraît illimitée mais soudain j’aperçois, bien placé sur une tête d’intello, un torpedo noir. Les lunettes qui tiennent légèrement et la démarche dégingandée de ce longiligne ne laisse plus pace au doute: c’est bien l’un des ténors du barreau dakarois qui avance en maugréant. Il est d’humeur maussade.
Et le fait savoir au juge dès que son collaborateur nous autorise à le rejoindre.
D’une voix terne, les yeux fixés sur un bout de papier, Samba SALL, comme pris honte teintée de remords, lance une phrase lapidaire qui met fin à tout espoir d’une libération. “Nous appliquons la loi”, assène t’il. En clair, je suis inculpé. Le juge avait pourtant décidé plus tôt de ne livrer son verdict que le lendemain. Qu’est-ce qui l’a poussé à accélérer la marche, à changer de braquet. Manifestement, c’est qu’il est sous ordres. Ses principaux voulaient que je sois mis en taule sans délai…
Mon avocat est sous le choc alors que j’affecte un sourire de mépris. Sans doute est-ce parce que je m’étais préparé au pire. Mentalement.
Maître Ba s’énerve. Il fait savoir au magistrat qu’il n’est pas question que je sois déféré à la prison à cette heure-ci. Surtout, hurle-t-il, il ne comprend pas pourquoi le magistrat avait tenté de m’exfiltré en catimini. Il est vrai que n’eut été le réflexe de mon cadet et collègue Hamadou Tidiane Sy de l’avertir qui m’avait amené de la nourriture et qui s’était trouvé là au monument où j’étais exfiltré du commissariat, mon avocat aurait été mis devant le fait accompli: mon inculpation et mon transfert en prison en pleine nuit.
Acculé par mon teigneux conseil, le juge consent à me renvoyer à ma cellule du commissariat pour y passer la nuit avant que le transfert vers la prison ne se fasse le lendemain.
Fétiches
Je ne réalisais pas à cet instant que je l’avais échappé belle. Sans le sixième sens de Tidiane et le flair de Koureyssi qui avant aussitôt ameuté la blogosphere contre ce qui se tramait illégalement, mon sort était scellé. En effet, le régime de Macky SALL compte sur les fétiches qui peuvent être mortels et sont susceptibles de réduire à néant la résistance de ses adversaires. Le truc, c’est de les faire incarcérer la nuit pour que la puissance du fétichisme atteigne son paroxysme. Le projet était de me transformer en légume. En dame de compagnie. En larbin. De me forcer à me déjuger. À me déculotter.
Je revenais de loin. Dieu n’avait pas fermé son œil. Il m’avait secouru en créant un faisceau de facteurs tel que le retour dans le cachot du commissariat fut mon salut cette nuit là.
En y retournant à nouveau seul dans le fourgon de la police tard dans la nuit, en passant devant mon domicile du centre-ville, cette fois-ci privé de liberté, je me mettais à réfléchir à l’acharnement dont je faisais l’objet.
Ce n’était pas simplement le fait que j’avais rapporté les frasques adultérines de Macky SALL avec une midinette, Mina Lakrafi, qui m’avait été contées un mois plus tôt lors d’un dîner à l’université d’Oxford. Ou que j’étais revenu sur ses crimes économiques portant sur des milliards de francs cfa détournés du pays par ses soins.
J’avais compris que c’était le principe même de mon refus de céder à la culture de la peur qu’il avait installée sur le pays, non rejet de son élection truquée 5 mois plus tôt à la présidentielle et son incapacité à me convaincre de rallier le banquet de la corruption qui expliquaient cette volonté de me faire taire. By all means necessary !
Fétichisme, intimidation, déshumanisation, viols des normes constitutionnelles, rien n’était de trop pour espérer me faire rentrer dans les rangs.
Et cette prise d’otage était l’occasion de tenter, via diverses personnes, de me convaincre de lâcher du lest.
Et il y avait aussi cette campagne de dénigrement montée avec l’aide de tous les Goebbels de la terre pour me faire passer pour un salaud, aventurier, irresponsable,,aigri, soûlard, menteur et j’en passe.
Qui pouvait défendre un tel pestiféré peint des pires couleurs ?
En retournant dans ma pièce, seule une froide foi en ce que je n’avais rien fait de mal ni d’anormal et ne traînais aucun crime de toute ma vie qui me servit de béquille pour rester d’éternité à faire face à l’état terroriste qui avant mijoté, comploté et exécuté ma capture et m’avait jeté à la vindicte populaire.
Cette nuit la, je m’endormis profondément. Comme un bébé.
Le lendemain après une journée passée dans la cave fétide du tribunal au milieu de malfrats dont j’avais commencé à apprécié le malheur sous un prisme plus systémique, à la lumière des conséquences de la crise globale qui déstabilise les familles et individus au Sénégal, j’étais prêt, à embarquer une fois de plus dans un fourgon. Il est 18heures. Et les 400 mètres qui séparent le tribunal de la prison de Rebeuss sont avalés en quelques minutes.
En y allant, le garde pénitentiaire avait eu des scrupules à me mettre des menottes. Il savait qu’il y avait un abus de droit me concernant.
Dès qu’on eut franchi le portail de la prison, avant même que la cohorte de nouveaux détenus que nous étions ne fut soumise à la fouille dans de mini-guérites situés à l’arrière de la cour principale, j’avais repéré un mirador planté sur la terrasse d’un des bâtiments où se trouvent des chambres carcérales.
Je m’étais dit aussitôt. Je raconterai min odyssée et ce qui se passe dans cette prison en utilisant cette parabole.
Voilà donc le premier jet de mes chroniques.
Du Mirador de Rebeuss: Moi, otage de l’état terroriste du Sénégal.
Ou comment un État démocratique est en train de devenir sous le genou de Macky SALL le Califat Senedaesch !
Adama Gaye Exilé politique Le Caire 23 juillet 2020
*Auteur de Otage d’un État (Éditions l’harmattan).
Suite demain…
Ma fille a du interrompre ses activités professionnelles à New York pour venir me voir dans une prison ou je n’avais rien à faire. La voir lire mon livre et savoir que d’autres jeunes le liront est mon honneur.