Une soi-disant déclaration de patrimoine du Président Macky Sall a été publiée hier, reprise par tout le monde. Nous avons appris par la suite que c’est celle de 2012.
Exactement comme ce remaniement ministériel qui était partagé par tout le monde. Là aussi, quelqu’un a eu l’outrecuidance de monter son propre gouvernement et de le présenter à l’opinion.
Les exemples sont légion de fake news de ce genre qui, grâce à la magie d’internet fonctionnent à la vitesse de l’éclair. Et personne n’est à l’abri. Les menteurs du net exploitent une opportunité extraordinaire, celle de pouvoir faire d’une simple illusion une vérité et d’une vérité, un mensonge.
Ainsi, beaucoup de contrevérités circulent chaque moment, à longueur de journée, sans aucune forme de sanction pour le moment possible contre ces individus de mauvaise foi.
Nous vivons ainsi dans une nouvelle société de mensonge et de manipulation où aucune vérité ne l’est complètement. Bien sûr, ce n’est pas nouveau.
Au cours des années passées, la publicité, le marketing et la communication ont longtemps utilisé une forme subtile de manipulation qui est encore largement de vogue.
Pratiquement les mêmes armes ont été utilisées, lesquelles ont été décrites d’une façon magistrale par Cheikh Ahmadou Kane dans son livre ‘’L’aventure ambiguë’’ : ‘’Allons apprendre chez les autres, l’art de vaincre sans avoir raison’’.
Le subconscient est largement mis à contribution ici avec les armes de la persuasion et de la dissuasion. Il faut créer une réalité virtuelle et la faire admettre comme vérité absolue grâce à un certain nombre de techniques qui sont très efficaces.
Ces instruments sont utilisés dans la vente donc les affaires en général pour utiliser un terme en vogue, dans la communication politique et dans d’autres domaines.
Il faut donner l’illusion de l’être. Peu importe la vérité. L’essentiel est de bâtir la sienne. C’est de la Schizophrénie collective à laquelle on a abouti avec ses méthodes.
Celle-ci a engendré une autre tare, c’est la propension à mentir sur tous les sujets importants. Et, plus grave, de se sentir parfaitement à l’aise de le faire.
Par exemple, après le décès de Pape Malick Sy, l’infirmation a été largement relayée que c’est Serigne Mansour Sy Jamil qui l’a remplacé. Tout le monde y a cru alors qu’il n’en est rien.
Malheureusement, les journalistes, en tant que partie intégrante de la société, sont aussi pris au piège. La rapidité et le volume des informations ne permettent plus une vérification digne de ce nom dans un contexte de concurrence sauvage.
Et les milliers de sites d’informations qui existent aggravent un problème déjà sérieux.
Les propriétaires ont, en général, la peur de ne pas avoir assez de ‘’vus’’. Qu’importe la qualité des informations et des émissions. S’il n’y a pas assez de ‘’vus’’, on arrête. Or, pour en avoir assez, il faut quelque chose de vraiment sensationnel. Alors, on n’hésite pas à en publier, parfois sans vérification.
Les ‘’vus’’ ont fait leur entrée dans le paysage médiatique exactement comme l’audimat. Mais, ici, c’est encore pire.
Le danger dans tout cela, c’est le fait que l’on va façonner une société inculte et qui aura l’impression de connaitre. Cette fausse impression du savoir est pire que le manque de savoir, l’illettrisme.
C’est pour cela que c’est dans les groupes de société de gens considérés comme cultivés que l’on voit des attitudes et des pensées répugnantes parce qu’à la limite de la barbarie.
Les faux-savoirs, la manipulation, le mensonge maquillés dans des concepts nouveaux alléchants, créent des sauvages à l’état pur, faisant de belles cités, des maquis où règne la loi de la jungle.
Internet nous a offert des opportunités immenses et a transformé notre mode de vie. Il nous a cependant ramené à l’état primitif de l’être inculte mais suffisamment imbu de sa personne pour croire que l’autre n’est qu’un instrument au service de sa réalisation personnelle.
Exactement comme chez les animaux.
Assane Samb