Senghor et Tanor décédés, Diouf et Khalifa Sall à l’écart… Le Ps toujours orphelin !

par pierre Dieme

Si le Parti socialiste (Ps) a réussi un pari, depuis la mort d’Ousmane Tanor Dieng il y a de cela un an, c’est celui de se faire oublier. Une expression qui a deux sens pour nous :
Le premier, c’est qu’il a réussi une assez bonne transition avec l’arrivée d’Aminata Mbengue Ndiaye à la tête du parti, même si c’est à titre provisoire en attendant un congrès qui tarde.
Il n’y a pas de rébellion ou de dissensions internes qui auraient fait que le parti serait, encore, sous les feux de la rampe.
La seconde lecture, est l’absence d’ambition affichée par l’équipe actuelle en dehors de celle d’accompagner le Président Macky Sall. Se faire oublier n’est pas forcément glorieux pour un parti, même si c’est un gage de stabilité. 

Mais, que voulez-vous, c’est le sort de tous les partis politiques qui sont dans la coalition Benno bokk yakaar, le Ps n’étant pas une exception.
Malheureusement, Tanor a laissé un héritage lourd qui, au-delà des institutions très fortes de sa formation politique très ancrée dans la société, est incarnée par sa forte personnalité qui a eu le désavantage d’écarter tous ceux qui n’étaient pas en phase avec lui. 

Khalifa Sall et consorts n’ont été que les derniers à subir ce que les Moustapha Niass, Djibo Leyti Kâ, Robert Sagna, Abdourahim Agne et bien d’autres ont subi.
Le parti s’est véritablement transformé et rétréci autour de pro-Tanor qui lui sont restés fidèles jusqu’à sa disparition.
Ce dernier a su le maintenir en vie, exactement comme le font actuellement ses successeurs, mais sans gloire. Il n’a pas gagné une élection digne de ce nom et se contente actuellement d’une position de souteneur alors qu’il était la première formation politique du pays. 

Son long cheminement dans l’opposition contre le président Wade lui a porté beaucoup de torts du point de vue de sa capacité à assurer sa propre survie. Le parti a manifestement souffert financièrement au point de louer une partie de son domaine pour l’ouverture d’une station-service. 

Organisé, structuré avec une idéologie forte, le parti n’a pas su se régénérer avec une alternance générationnelle progressive qui lui aurait donné beaucoup plus de vitalité.
Il a choisi la voie de la facilité, celle en vogue, qui est de ‘’gagner ensemble et (de) gérer ensemble’’ théorisé par Tanor lui-même. Malheureusement, Macky lui a donné peu de postes de responsabilité. Les socialistes ont été peu satisfaits de ce partage même s’ils ne peuvent pas le dire.

Mais, pour Macky, il fallait leur doter de postes mais pas assez pour créer une force politique qui pourrait se requinquer. Conséquence, le parti n’est pas mort mais il vit mal. Il est présent tout en se faisant oublier. Le style Tanor, en somme.

Certes ce dernier a eu le mérite d’être resté en 2000, dans un climat de ‘’wadamania’’ fort. Il a su résister dans un contexte de transhumance à outrance. Mais, il est resté l’homme fort du parti et peu politique au sens de capacitation à mobiliser, à se battre et à gagner.

Alors, la survie du parti dépendra de sa capacité à se ‘’détanoriser’’. Il lui faudra s’inventer une nouvelle jeunesse. Il lui faudra laisser la place aux jeunes, taire les ambitions matérialistes du moment et se battre. 

Un parti, ce sont des hommes et des femmes, des institutions, mais également un idéal et du courage politique.
Or, tant qu’ils resteront avec Macy, ils seront écrasés. Et pire, banalisés. Car, Macky s’érige aujourd’hui en tuteur du parti. Or, il n’est pas socialiste, il est libéral. Et il a le don d’affaiblir toute formation politique qui chemine avec lui.

Mieux, il regarde actuellement du côté du Pds et de ses anciens adversaires. C’est cela l’avenir de Macky.
Il est donc temps pour le Ps de mûrir davantage en faisant son introspection et en préparant l’entrée dans une nouvelle dynamique. Car, il a assez de ressources humaines pour cela. 

Assange Samb de Rewmi

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