L’une des dernières volontés de l’ancien Secrétaire général du Parti socialiste (Ps), Ousmane Tanor Dieng, avant son évacuation en France où il a succombé des suites d’une longue maladie, était le retour au bercail de Khalifa Sall et compagnie, car estimant qu’ils n’étaient pas exclus. Un an après son décès, le 15 juillet 2019, ce souhait tarde à se concrétiser. L’actuelle Secrétaire générale par intérim, Aminata Mbengue Ndiaye et compagnie s’étant confortablement assis aux côtés du président Macky Sall, l’ancien maire de Dakar s’est emmuré dans un silence assourdissant, et ses camarades n’ont toujours pas oublié les raisons de leur entrée en rébellion contre les actuels tenants de la maison des «Verts». Quid des chocs d’ambition qui avaient poussé Aïssata Tall Sall et Moussa Bocar Thiam à claquer la porte du Ps ?
«Le dialogue est entamé au Parti socialiste. Nous y invitons Khalifa Sall. Il n’y a pas d’exclusion. C’est un appel inclusif que je lance à l’ensemble des socialistes de cœur ou de raison. J’ai dit à mes camarades qu’il faut faire preuve de tolérance, de générosité et l’histoire de notre parti est faite de scission, de retrouvailles, de division», avait confié à Seneweb, le 2 avril 2019, soit quelques heures seulement avant son évacuation en France, le défunt Secrétaire général du Parti socialiste (Ps). Une année après sa disparition, soit du 15 juillet 2019 au 15 juillet 2020, c’est encore le statu quo concernant la dernière volonté d’Ousmane Tanor Dieng.
D’ailleurs même, les positions affichées par les uns et les autres ne militeraient pas pour une concrétisation de ces retrouvailles souhaitées par l’ancien président du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), avant sa mort. En visite à Touba, en octobre dernier, l’actuelle Secrétaire générale par intérim du Ps, jusqu’au prochain congrès, avait affiché sa disponibilité à discuter avec ceux qui avaient quitté la barque Ps, à savoir Khalifa Sall et ses camarades. Concernant les retrouvailles socialistes, Aminata Mbengue Ndiaye avait indiqué que «nous pourrons discuter», tout en précisant que «mais nous maintenons également notre ancrage dans Benno Bokk Yaakaar (Bby)».
En décidant ainsi de continuer sur la ligne qu’Ousmane Tanor Dieng avait tracée pour le Ps, à savoir son compagnonnage avec la mouvance présidentielle, l’actuelle présidente du Hcct et ses camarades comptent bien rendre l’ascenseur au président Macky Sall qui a maintenu les mêmes avantages qu’il leur avait accordés du vivant d’Ousmane Tanor Dieng. A savoir, la tête du Hcct et les deux postes ministériels. Cependant, une telle posture d’Aminata Mbengue Ndiaye et ses camarades actuellement aux commandes du Ps, fermerait la porte à jamais aux “Khalifistes“ . Cela, même s’il est vrai que, devant la dépouille d’OTD, tout le monde avait affiché sa disponibilité à recoller les morceaux de la famille socialiste. Même le plus radical des Khalifistes, à savoir le maire de Mermoz Sacré Cœur, Barthélémy Dias avait fait part, lorsqu’il s’est rendu à la Maison du parti pour signer le livre d’or en hommage au défunt Secrétaire général du Ps, de son souhait de rendre visite à certaines pontes du Ps, pour discuter de l’avenir de cette formation politique. Mais, à l’évidence, on ne peut aucunement ignorer que la principale raison de la rébellion interne engagée par l’ancien maire de la ville de Dakar et ses camarades frondeurs, reste sans équivoque le compagnonnage des «Verts» dans Benno Bokk Yakaar.
Les partisans de Khalifa Sall n’ont jamais cessé d’accuser le régime en place d’avoir emprisonné leur leader parce qu’il avait refusé de soutenir la candidature de Macky Sall pour la présidentielle de 2019. Même si les appels au dépassement ont fait légion, à un moment donné, il n’en demeure pas moins que les causes du divorce entre Khalifa Sall et le Ps sont toujours d’actualité et encore profondes.
L’absence de Khalifa Sall sur le terrain politique, emmuré dans un silence assourdissant, n’aidant pas sur une lisibilité concernant ses ambitions dans ou en dehors du Ps. Tout au moins, l’histoire ne militerait pas pour un retour au bercail, si bien évidemment ce pour quoi il avait passé plus de 2 ans et demi de sa vie en prison, demeure toujours. Que dire des socialistes frondeurs, actuellement alliés du parti au pouvoir, ou même membres de l’Alliance pour la République (Apr) ?
L’on se rappelle du départ fracassant du porte-parole adjoint, Me Moussa Bocar Thiam, pour rejoindre la formation au pouvoir, au lendemain de l’évacuation d’OTD pour des raisons de santé. A ne pas oublier la mairesse de Podor, Me Aïssata Tall Sall présidente d’Osez l’avenir, qui a rejoint le «Macky», à la veille de la présidentielle dernière. Ces deux exemples de claquement des portes de la maison des «Verts» renseignent à suffisance du choc des ambitions qui faisaient rage au sein du parti de feu Léopold Sédar Senghor. Des appétits qui ne se sont pas encore estompés, car certains socialistes pensent qu’il serait temps que Macky Sall rende la monnaie en 2024, avec un candidat issu de leur rang soutenu par la mouvance présidentielle. Le flou entretenu par le président Macky Sall autour de sa troisième candidature bloquerait l’expression de ce souhait qui se susurre dans les coulisses de la maison du parti.