Un mois de grève dans la justice : Thémis perd sa balance

par pierre Dieme

Face au «mépris» du ministre de la Justice, le Sytjust continue de paralyser le fonctionnement des Cours et tribunaux au grand dam des usagers. Se disant «satisfaits» du mouvement de grève déclenché depuis un mois, les travailleurs de la justice estiment être sûrs que Malick Sall va abdiquer.

C’est une situation inédite. Depuis un mois, le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) paralyse les activités dans les Tribunaux. A l’heure actuelle, aucune sortie de crise ne semble être esquissée. Pis, ça se tend surtout que le ministre de la Justice, garde des Sceaux, a adopté la stratégie du «pourrissement» pendant que les syndicalistes continuent à se radicaliser pour pousser le gouvernement à appliquer les accords. Bien que l’assouplissement de la grève ne soit pas à «l’ordre du jour», la Chancellerie n’a pas encore ouvert les négociations avec le syndicat qui continue le bras de fer. N’est-ce pas un échec ? «Croire que notre mouvement constitue un échec est une erreur de jugement. La grève est un échec lorsqu’elle n’est pas suivie. Ce n’est pas le cas avec nous. Nous sommes très satisfaits de notre mouvement face à cet interlocuteur difficile qui se montre intraitable. Mais nous sommes sûrs qu’il va abdiquer. Inéluctablement, le président de la République, sur qui repose le bon fonctionnement des institutions, va réagir. Nous prendrons le temps nécessaire pour attendre la réaction du Peuple ou celle du président de la République», explique le secrétaire général Me Boun Aya Malick Diop.


Les syndicalistes reprochent au ministère de la Justice de «remettre en cause les acquis des travailleurs de la justice portés par des décrets dûment signés après avoir satisfait tous les préalables techniques requis». Le Sytjust réclame du gouvernement la mise en œuvre du protocole d’accord du 17 octobre 2018 que les deux parties ont signé. Me Boun Aya Malick Diop et Cie exigent la publication des décrets no 2018-2259 du 14 décembre 2018, no 2018-2260 du 14 décembre 2018 et no 2018-2261 du 14 décembre 2018. «Aujourd’hui, on est prêt à faire 2 à 3 mois de grève face à l’attitude inacceptable du ministre de la Justice», prévient Me Diop. Les conséquences de cette grève continue sont palpables : Se procurer un acte administratif au Tribunal est aujourd’hui un véritable casse-tête pour beaucoup de Séné­ga­lais.


Par ailleurs, le secrétaire général du Sytjust rappelle que le dialogue social est érigé en principe constitutionnel. Rai­son pour laquelle il trouve «tout à fait incohérent qu’un ministre ferme ses portes» à leur syndicat. «S’il n’est pas gêné par cette incohérence, impertinence, cela ne va pas impacter notre moral. Plus les jours passent, plus les gens se rendront compte qu’il n’assume pas ses responsabilités. Ce qu’il fait ne peut pas prospérer. Il ne peut pas sortir indemne de cette situation. Déjà, il s’est tiré une balle dans le pied», dit-il. Annoncé dans le viseur de sa hiérarchie pour «abandon de poste» en tant qu’agent à Fatick, Me Boun Aya Malick Diop assimile cela à de la «diversion».

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