Alors que son gouvernement peine à gagner la guerre qu’il avait lui-même déclarée, le 23 mars, au virus de la Covid-19, voilà le président de la République, Macky Sall, face à une autre urgence à gérer. A huit mois du 28 mars, date-butoir pour les prochaines élections municipales et départementales, le chef de l’Etat pourrait être amené à décider de l’organisation couplée ou non des élections locales aux prochaines élections législatives. Une proposition agitée en coulisses par des membres de son camp.
Le président de la République, Macky Sall semble vraiment dans une mauvaise passe. Alors que son gouvernement peine à gagner la guerre qu’il avait lui-même déclarée le 23 mars à la pandémie du nouveau coronavirus au Sénégal, voilà qu’il est appelé à trancher le débat sur l’idée d’une dissolution de l’Assemblée nationale et du couplage des élections législatives aux municipales et départementales.
Évoquée par la présidente du mouvement «Osez» l’avenir, Me Aïssata Tall Sall, lors de son passage à l’émission «Grand jury» de la Radio futurs médias (Rfm-privée) le dimanche 3 mars 2019, cette idée de couplage de plus en plus agitée par certains de ses proches collaborateurs n’est pas facile à trancher.
Et pour cause, si le Sénégal a connu depuis son indépendance le 4 avril 1960 quatre couplages de l’élection présidentielle aux législatives, notamment en 1963, 1978, 1983, 1988, jamais les élections municipales et départementales n’ont été organisées concomitamment aux Législatives. Depuis le 24 novembre 1996, date de la tenue des premières élections municipales et rurales (en rapport avec les anciennes communautés rurales devenues des communes de plein exercice avec l’acte 3 de la décentralisation), ces élections ont été toujours organisées en solo. Outre ce défi, il y a également le fait que cette idée ne fait pas l’unanimité au sein de la coalition majoritaire au pouvoir.
En effet, si au sein du parti président de la République, les opinions semblent favorables à cette proposition dans le but de coïncider le mandat présidentiel avec celui des maires et des députés, tel n’est pas le cas chez certains alliés dont les Socialistes.
En effet, s’exprimant le 7 mars 2019 à l’issue de la réunion du Secrétariat exécutif national, Me Moussa Bocar Thiam, à l’époque porte-parole adjoint du Parti socialiste a jugé ce débat sur le couplage «inutile et inopportun». «Il est vrai que certains ont agité la possibilité de coupler les locales de 2019 avec les législatives de 2022. Nous, au Ps, nous estimons que c’est vraiment très prématuré de poser ce débat qui est à la fois inutile et inopportun. Puisque nous venons de sortir de l’élection présidentielle, il n’y a même pas une semaine. Le président de la République sortant n’a même pas encore prêté serment qu’on veuille poser ce débat sur la place publique, c’est inopportun» avait-il lancé.
Interpellé par la rédaction de Sud quotidien sur la question le 10 mars 2019, Ababacar Fall, Secrétaire général du Gradec, s’est également démarqué de cette idée en soulignant que «cela contribuerait à alourdir notre système électoral». «Les deux élections (locales et législatives) n’ont pas la même fonction, ni les mêmes objectifs. L’une étant une forme d’expression de la démocratie participative tandis que l’autre est l’expression de la démocratie représentative où le citoyen délègue sa voix aux élus qui sont chargés de voter les lois qui régissent le fonctionnement de la République et de contrôler l’action de l’Exécutif. Ces deux élections n’ont donc pas le même champ d’action et n’obéissent pas aux mêmes règles d’organisation».