Ils sont nombreux les Sénégalais, hommes ou femmes, à être frappées de cette maladie mentale que l’on appelle folie.
Parmi eux, une bonne population de jeunes du fait de l’usage abusif de produits psychotropes. Mais la maladie frappe aussi des personnes plus matures. D’ailleurs, à un certain âge, des pathologies comme l’Alzheimer frappent certaines personnes âgées qui peuvent être complètement déconnectées de leur environnement de vie.
En tout état de cause, il s’avère que la déficience mentale est une maladie honteuse. Les fous dérangent en premier les familles. Celles-ci s’occupent d’eux dans un premier temps avant de se lasser et de les laisser à eux-mêmes, ce qui est source d’errance pour ces derniers.
Car, disons-le, c’est très mal vu dans nos sociétés, de compter un malade mental dans la famille. Il y a des aspects psychosociologiques importants voire même religieux.
Du coup il a un rejet de l’entourage qui a du mal à accepter cette vérité et qui a tendance à vouloir se débarrasser de lui. Ainsi, il suffit de le placer dans un centre ou tout simplement chez un tradipraticien qui accepte de l’héberger pour se frotter les mains.
Malheureusement, les visites se font de plus en plus rares alors et les parents proches ont tendance à oublier leurs malades.
Du côté des autorités, des efforts importants ont été faits. 34 centres de traitements, c’est important mais sans doute insuffisant. En 2018, ils sont plus de 68 mille à consulter pour diverses pathologies liées à la maladie mentale. C’est dire à quel point le phénomène prend de l’ampleur.
Les spécialistes que nous avons interrogés parlent aussi de la fréquence des rechutes. Il est important alors qu’autorités et parents soient davantage conscients de leur responsabilité et travaillent main dans la main à la prise en charge des malades.
Car, il est très facile pour ce dernier de tomber dans l’errance, ce qui les expose à plusieurs dangers.
Une malade mentale de 15 ans a été trouvée enceinte du fait des services d’un inconnu. Et ces cas ne sont pas rares.
Beaucoup de malades, notamment des jeunes, auraient pu être sauvés s’ils avaient été emmenés à temps au niveau des structures et suivis avec rigueur.
C’est pourquoi, l’unique solution est de multiplier les centres de traitement et de pousser les populations à les fréquenter.
Comme pour toutes les maladies, la fréquentation précoce d’un psychiatre va aider à éviter l’aggravation.
Malheureusement, dans ce domaine, plus que dans d’autres, les populations préfèrent d’abord s’attacher les services d’un marabout. On pense au maraboutage, au Djinn, à la sorcellerie, etc.
Or, parfois, c’est l’effet seulement de la trop grande prise de yamba ou cannabis, très prisé chez nous.
Et comme ces pathologies sont très complexes et donnent lieu à des comportements inhabituels de la part des malades, il est facile, pour les familles, de prendre des années à aller d’un charlatan à un autre.
On cherche à rejeter la faute sur quelqu’un. Et c’est facile de trouver avec la polygamie, la jalousie dans les services, au niveau des partis politiques, etc. C’est la faute à quelqu’un…
C’est pour cela que la prise en charge de la santé mentale au double niveau préventif et prophylaxique doit être une préoccupation permanente de nos autorités.
Il n’est acceptable de voir des malades errer. Et surtout des femmes qui sont sans défense. Il faudrait, à ce niveau, adapter la législation pour permettre aux autorités administratives et judiciaires de prendre les mesures qui s’imposent pour leurs prises en charge.
Car, il s’agit, bel et bien, de non-assistance à personne en danger.
Assane Samb