« Seule la justice est garante de la paix et seule la lutte libère »
Après une série de manifestations qui ont paralysé le pays, le peuple malien a exigé et obtenu la dissolution de la Cour constitutionnelle moribonde présidée par Mme Manassa DANIAKO, à l’origine de fraudes massives, ayant détourné le suffrage des électeurs maliens lors des élections législatives d’avril 2020, au profit du régime en place. Acculé, le président Ibrahima Boubacar Keita dont la démission est demandée, a capitulé, annonçant la dissolution de la plus haute institution judiciaire pour sauver son régime chancelant qui menace de s’écrouler. Personne ne s’apitoiera sur le sort des membres de la cour constitutionnelle malienne (des pourris), dont 4 ont fait preuve d’une grande dignité, démissionnant avec fracas, pour respecter scrupuleusement leur serment d’exercer leurs fonctions en toute impartialité.
Au Sénégal, la Cour suprême, avec sa décision invraisemblable (honorariat du CESE) a porté un coup fatal à la justice en n’annulant pas le 3éme décret 2020-964, antidaté et publié au Journal officiel, du 19 juin 2020. Plongée dans un profond coma depuis l’avènement de Macky Sall à la tête de la magistrature suprême, la justice sénégalaise sombre dans l’anarchie et vient de perdre le peu de crédit qui lui restait, et ce, du fait de l’action ignoble de certains hauts magistrats, indignes de leurs fonctions. Depuis 2012, aucun scandale éclaboussant des membres du régime n’a donné lieu à des poursuites judiciaires : affaire PRODAC (Mame M’Baye Niang), affaire PETROTM (Aliou Sall), scandale du Port autonome de Dakar (Cheikh Kanté), affaire du COUD (Cheikh Oumar Hann). Le chaos judiciaire est tel que les délinquants du régime, épinglés par des corps de contrôle et auteurs de malversations portent plainte pour diffamation.
Sous le magistère de Macky Sall, la justice ne sera indépendante, ni impartiale, ni loyale.
- Toutes les requêtes de l’opposition auprès du Conseil Constitutionnel, instance de validation des forfaitures de Macky Sall seront rejetées,
- Toutes les saisines du procureur-valet, Bassirou GUEYE relatives à l’ouverture d’une information judiciaire, et à des poursuites suite à des scandales concernant les membres du régime se sont soldées par un échec.
Tout comme la République, la justice est à terre au Sénégal. A l’instar du peuple malien, les citoyens sénégalais doivent se mobiliser pour exiger une remise à plat de toutes les institutions judiciaires dont la crédibilité est sérieusement atteinte, avec 2 axes prioritaires :
- La dissolution du Conseil Constitutionnel remplacée par une Cour constitutionnelle dont tous les membres nommés devront présenter des garanties de probité, d’indépendance et d’impartialité (avec la création d’une Cour constitutionnelle, l’argument fallacieux de l’incompétence de l’organe par rapport aux lois constitutionnelles ne se pose plus),
- La révocation de Bassirou GUEYE de ses fonctions de Procureur de la République, pour manquement par un magistrat aux devoirs de son état, à l’honneur, à la délicatesse ou à la dignité.
Au Ghana, en 2015, le journaliste d’investigation Anas Aremeyaw a révélé un système inédit de corruption au sein de la magistrature, mettant à la disposition du public, une vidéo de 500 heures avec des preuves accablantes sur les pratiques de magistrats pourris. Les 34 juges pris en flagrant délit de corruption ont été lourdement sanctionnés par la présidente de la Cour suprême qui a garanti au journaliste d’investigation une immunité. Avec la dissolution de la cour constitutionnelle, le peuple malien vient de démontrer que les juges corrompus et fraudeurs n’ont pas leur place dans une république.
Il faut réhabiliter la justice sénégalaise et mettre fin à l’anarchie judiciaire par une opération « mains propres » : tous les magistrats pourris, aux ordres de l’exécutif doivent être extirpés de l’institution judiciaire. La dissolution de la cour constitutionnelle malienne prouve une chaise : seule la lutte libère.
Après ce sérieux coup de semonce, il y’en a un dont l’esprit n’effleure même pas un 3éme mandat : Ibrahima Boubacar KEITA. Ce président corrompu qui en rappelle un autre (suivez mon regard) en est réduit à implorer les maliens de lui permettre de terminer son mandat.
Seybani SOUGOU – E-mail : sougouparis@yahoo.fr