Le Khalife général des Tidianes Serigne Babacar Sy Mansour a tenu à préciser, hier, dans une rencontre, dans sa résidence de Dakar avec le Cadre de concertation libéral, que sa sortie n’était pas dirigée contre le Ministre de la Santé et de l’Action Sociale (Msas) Abdoulaye Diouf Sarr.
Tout en réitérant le caractère amical et fraternel de ses relations avec l’homme, le marabout n’a pas manqué de revenir sur sa lecture par rapport à la Covid-19.
Il estime que dès le début, les autorités auraient dû dire aux populations la vérité élémentaire qu’il faut se protéger, éviter le virus, parce que la maladie est incurable et n’a pas de médicament encore moins de traitement.
C’est pourquoi, s’adressant au Ministre de la santé, il lui recommande ‘’pour ce qui le concerne, de dire toujours la vérité aux citoyens quelle que soit la stratégie mise en place par les autorités’’.
Il dit être conscient que le Ministre gère un domaine sensible qui n’est pas sa spécialité mais que cette pandémie a toutes les caractéristiques d’une malédiction.
En conséquence, il est toujours important que la bonne information soit donnée aux citoyens.
Ainsi, sa première sortie relayée par les médias n’a été nullement pour lui une critique dirigée contre Abdoulaye Diouf Sarr qui est son ‘’fils’’ ou contre qui que ce soit.
Rappelons d’ailleurs que le marabout a tellement pris conscience des effets du virus, qu’il avait décidé que les mosquées qui relèvent de son autorité seraient fermées jusqu’à nouvel ordre malgré l’autorisation étatique de les rouvrir.
Un principe de précaution qui s’impose selon lui, parce qu’il faut s’éloigner du virus dont les effets pervers ne sont plus à démontrer.
Il nous semble, en effet, que le Ministère de la Santé et de l’action sociale (Msas) a, plutôt, en la personne de Serigne Babacar Sy Mansour, un allié de taille en matière de communication.
Ses sorties aident ainsi non seulement à témoigner de la véracité de l’existence du virus mais aussi de la nécessité de s’en prémunir en adoptant les gestes barrières.
Cette approche est similaire à celles d’autres guides religieux comme le Khalife général des Mouride, Serigne Mountakha Mbacké, qui, dès le début de la pandémie, avait donné une somme de 200 millions de Francs CFA au gouvernement en guise d’appui à l’effort de guerre.
Son porte-parole, Serigne Bass Abdou Khadr, a, dans un récent discours, tenu à préciser que le Khalife ‘’ne donnerai pas son soutien sur quelque chose qui n’existe pas’’. Histoire de dire que le virus existe et qu’il faut se mobiliser pour le combattre.
Tout pour dire que les leaders religieux sont aujourd’hui les meilleurs alliés des autorités étatiques dans la lutte contre la pandémie à coronavirus où on a noté un relâchement quasi-général.
En effet, nous avons franchi la barre des 7 milles cas. Et même si le taux de guérison est de plus de 65%, il n’en reste pas moins que la situation est grave. Ne serait-ce que parce que nous avons franchi la barre des 100 morts de la Covid-19.
En clair, ni le corps médical ni le Ministère de la Santé n’ont l’apanage de la conduite à tenir. Ils peuvent faire des recommandations et ne s’en privent pas. Mais, c’est aux populations de prendre en charge leur destin par une attitude correcte et responsable face à la pandémie.
Pour ce faire, l’activation de tous les relais communautaires de base est plus que nécessaire pour une sensibilisation optimale.
A ce propos, tous les Khalifes, l’Eglise, les chefs traditionnels et autres leaders d’opinion doivent être au centre de la bataille contre la Covid-19.
Au même moment où on déconfine, presque entièrement, que les sénégalais retournent à leur mode de vie d’antan, il est plus que nécessaire qu’une bonne partie des moyens de lutte soit engagée dans la communication de base, celle qui cible les communautés à en faisant des acteurs actifs.
Il nous semble que cela a été, dès le début, le message que Serigne Babacar Sy Mansour a voulu faire passer. Et il l’a réitéré hier.
Assane Samb