La distribution des kits alimentaires d’un montant de 69 milliards de F Cfa aux populations les plus impactées par la maladie du nouveau coronavirus, a fini de révéler les insuffisances d’une gestion non concertée et unilatérale des programmes d’envergure nationale. De l’attribution des marchés au transport des vivres diligentés par le ministre Mansour Faye, en passant par le recensement des cibles via le Registre national unique (Rni), les doublons notés partout, les membres de groupes vulnérables (handicapés) oubliés en chemin, les corrections apportées sur le ciblage…un flou artistique a plombé les opérations de distribution des vivres. Au final, l’on notera un retard sur le deadline de la distribution des denrées, initialement programmée pour deux semaines mais toujours en vigueur jusqu’au 15 juillet, comme annoncé par le chef de l’Etat lors de son adresse à la nation du 29 juin. Etat des lieux !
Kits alimentaires : Des impairs dans la distribution
Lors de son adresse à la Nation, le lundi 29 juin dernier, le chef de l’Etat a indiqué que sur les 552 communes du pays, 438 ont terminé la distribution et que le reste des opérations est en cours dans 114 communes. Mieux, le président fera savoir que des quotas spécifiques seront alloués à d’autres catégories sociales professionnelles. Ainsi donc, initialement prévues pour une durée de 15 jours, les opérations de distribution des denrées alimentaires aux ménages vulnérables ne sont pas encore terminées, près de deux mois après, à cause des impairs notés.
Le président de la République, Macky Sall, annonce la fin de la distribution des denrées alimentaires aux familles vulnérables au plus tard le 15 juillet. L’opération de distribution qui ne devait durer que deux semaines a accusé, en fin de compte, un retard considérable. La cause, les impairs notés çà et là depuis le début du processus jusqu’à ce jour. En effet, lors de son adresse à la Nation, le Président a fait savoir que «des quotas spécifiques seront alloués aux chauffeurs du transport interurbain (14.000 kits), aux réfugiés (4 262 kits), aux titulaires de Cartes d’égalité de chance (54. 219 kits) et aux personnes omises du Programmes national de bourses de sécurité familiale (42. 650 kits)». Ce qui renseigne qu’il y avait beaucoup d’ayants-droit qui ont été oubliés dans la distribution des vivres. D’où d’ailleurs l’augmentation du nombre de ménages qui passe de 1 million à 1 million 100 mille ménages. Que dire du Registre national unique (Rnu) qui a montré ses failles ? A Ouakam, par exemple, le maire de la commune, Samba Bathily, avait fait savoir que : «nous avions donné mandat au sous-comité de ciblage de procéder au toilettage de ce Rnu pour éviter certaines difficultés. Parce que, naturellement lors de l’élaboration du Rnu, nous avons constaté que dans certaines concessions ou dans certaines familles, soit des doublons soit une présence assez de bénéficiaires ou de figurants.
Cette dynamique sera nettoyée dans les meilleurs délais». Le constat est quasiment le même dans presque toutes les communes où les doublons ou autres personnes décédés n’ont pas été éliminés du Rnu. Le chef de l’Etat informe par ailleurs qu’à la date du lundi 29 juin, sur les 552 communes du pays, 438 ont terminé la distribution; le reste des opérations est en cours dans 114 communes, soit un taux de réalisation de 79,34%.
L’une des raisons de ce retard reste les ruptures notées dans la livraison de certaines denrées comprises dans le kit, obligeant certains maires ou sous-préfets à bloquer la distribution. Sur ce point, le ministre du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale, Mansour Faye, avait reconnu, le 15 mai dernier, qu’il y avait une rupture des pâtes alimentaires. Quid de la disponibilité des camions donnés gratuitement par les opérateurs ? Ces derniers ont été réservés pour les courtes distances car l’opérateur n’est pas garant de toute perte ou détérioration de la marchandise. Toutefois, le ministère ne disposerait pas d’une lisibilité exacte du nombre de camions disponibles par jour. Il faut que les opérateurs voient, selon la disponibilité des camions, pour les mettre à la disposition du ministère. Ce qui ne permet pas la maitrise du calendrier de livraison.
Conséquence de tous ces dysfonctionnements : dans beaucoup de communes du pays, les «gorgorlus» sont toujours à la recherche de leurs kits alimentaires, s’ils ne sont tout simplement exclus du recensement souvent parallèle opéré dans les quartiers par des délégués de quartier et autres acteurs à motivations politiciennes.
A Dakar, la distribution des vivres a fini d’ailleurs par s’imposer auprès des populations comme une sorte d’éléphant blanc, tant ils sont quasiment introuvables, les bénéficiaires de ces kits alimentaires.