SENELEC – AKILEE: De la stratégie de Holding au plan de Holdup !

par admin

L’adage dit qu’avoir une maitrise des enjeux d’un dossier est plus importante que d’être dans la polémique. En effet, beaucoup ne réalisent pas que les 22 pages de texte et les 44 pages d’annexe ne sont pas un contrat de service basique. Au fond, ce document dont la qualité rédactionnelle frise la perfection, n’est même pas un contrat entre une société mère et sa filiale comme les avocats manipulateurs ont voulu le faire croire. Tenez-vous bien, ces 66 pages ne sont même pas un accord entre deux parties qui expriment et défendent leurs intérêts opposés. Je suis catégorique et tout professionnel objectif du monde des affaires ne saurait manquer la bizarrerie coupable que les deux parties s’accordent à ne faire l’intérêt que de la partie la plus faible. Alors que dans le monde des affaires, le principe voudrait que l’opposition des intérêts des deux parties signataires du contrat assure un minimum d’échange de service rendu et de contrepartie dans la structure de la transaction ; ici la connivence est flagrante. 

Dans une approche contributive, objective et technique, nous allons démontrer que ce document est un plan ratifié de hold-up de la stratégie de holding et de création de la filiale qui devrait être en charge de l’infrastructure numérique. Nous prouverons que ce document est au profit exclusif d’individus bien initiés aux enjeux et défis de la Senelec, car étant ceux-là qui ont mené l’audit et qui ont diagnostiqué de fond en comble les pertes de la Senelec ! 

Nous allons donc réfléchir ensemble autour de 7 actes inopportuns pour le contribuable et qu’un DG ne saurait exécuter sans trahir sa mission de gestion de la concession de service public qu’il ne peut céder.

1- Pourquoi un Dg refuserait à faire jouer le jeu de la concurrence entre entreprises nationales et irait jusqu’à mentir à tout un peuple en appelant filiale sénégalaise une entreprise privée où nous ne détenons que 34% ? 

2- Pourquoi un Dg utiliserait un bon de commande et la garantie bancaire de la Senelec pour permettre à une société privée de financer ses actifs à hauteur de 187 milliards. Cette privée va se tourner vers son propre fournisseur qui lui aurait pourtant fait un meilleur prix et avec des serveurs et un système d’information appliqué gratuit (SIA) en bonus. 

3- Concernant l’acquisition d’un SIA, pourquoi ne pas faire affaire directement avec des entreprises conceptrices de SIA (exclusivement sénégalaise) via appel d’offres et éviter un revendeur comme Akilee dont les comptes bancaires sont sous saisine par la justice suite à une plainte de Wattgo, qui se trouve être le vrai propriétaire du logiciel Akilee et lui-même en liquidation financière ? Pourquoi autant de prises de risques financier et juridique ? Sachant qu’il n’y a jamais de fumée sans feu, comme il ne saurait y avoir de prise de risque sans un calcul d’intérêt !

4- Pourquoi ne pas avoir créé une nouvelle filiale en charge de la rénovation (yessal : nouveaux compteurs) et de la gestion de l’infrastructure numérique (serveurs et SIA) pour encaisser 100% des 600 milliards d’économies prévues sur 10 ans ? Pourquoi donner à 3 individus 64% des parts dans cette société qui doit capter plus des 600 milliards ? 

5- Pourquoi donner un contrat d’achat et de pose de compteur pour 187 milliards à une société d’informatique et devoir en plus  lui fournir le personnel, le local, les équipements et les fonds pour payer les salaires et exécuter le travail,  et tout  cela sur le dos du contribuable sénégalais ? 

6- Pourquoi à la place d’une filiale, un DG laisserait à une société privée (nationale comme étrangère) l’exclusivité d’encaisser les paiements des 15 millions des Sénégalais ? Pourquoi laisser le cash et les données des clients transiter par une application, des compteurs, les serveurs et via le système d’information d’une entreprise privée et donc carrément libre de revendre ses parts aux Russes, aux Chinois, aux Français à la veille de 2024 ? Si cela devait arriver, tout nouveau régime devrait faire face à un enjeu diplomatique pour remettre en cause les parts vendues de la filiale mort-née de notre société d’électricité. 

7- Pourquoi avoir caché ce soi-disant contrat à la DCMP (La direction centrale des marchés publics) en sachant qu’elle a déjà invalidé des contrats pour un coût bien moindre ? Surement à cause de la clause d’exclusivité? 

Oui ! Car ils savent bien que ce contrat est frappé de nullité. Voilà pourquoi le contrat devait rester secret. Ils savent bien que le code communautaire exige une procédure d’autorisation pour tout contrat d’exclusivité et que le code des obligations de l’administration oblige au respect des procédures du code des marchés publics (appel d’offres, entente directe ou offres spontanées). Et enfin, ils savent bien que le code des obligations civiles et commerciales exige quant à elle que la clause d’exclusivité fasse l’objet d’une approbation du ministre du Commerce et après 30 jours de publication pour permettre une contre-offre. Le document devait exister  le temps  de déposséder la Senelec pour une entité privée et devait rester secret le temps de la vente des parts en cas de risque politique en 2024. 

Voilà les vrais actes contenus dans les 66 pages et posés en silence et sous couvert d’une pseudo filiale pour l’intérêt d’individus ayant exécuté l’audit et d’individus toujours inconnus ; et on se demande toujours le sens du soutien du Club des Investisseurs sénégalais. Ceux qui connaissent l’histoire, le monde des affaires et la gouvernance d’entreprise savent que ces actes auraient dû être exécutés pour une filiale 100% sénégalaise du fait de la situation financière grave de la Senelec. En effet, l’analyse des états financiers de la Senelec sur 7 ans, montre que les contreperformances sont principalement de deux origines :

1- Premièrement, nous avons un retard technologique qui augmente le risque de gestion du fait de la non-exploitation des données clients pour une prise de décision intelligente (pertes techniques). Voilà la nécessité d’une infrastructure numérique avec des compteurs intelligents. Ces derniers produisent des données qu’un système d’information appliqué et des serveurs vont assurer le traitement et l’exploitation pour une gouvernance intelligente des affaires. 

2- Ensuite nous avons le modèle d’Affaires de la Senelec qui est ce qu’on appelle un modèle complexe et qui présente donc un niveau de risque élevé (pertes non-techniques). En effet, pour faire du cash, le modèle d’affaires repose sur trois sous-modèles d’affaires et cela demande une structure de gestion plus adaptée : le holding. Nous avons donc :

  • Le sous-modèle de la production industrielle d’électricité ; 
  • Le sous-modèle du réseau national de transport d’électricité ;
  • Enfin, l’objet de la convoitise la filiale de l’infrastructure numérique en charge de l’intelligence économique, de la gestion du prépaiement,  de la relation client,  des données client, de la facturation et de la stratégie de commercialisation. 

En somme en devenant un holding, la direction générale de la Senelec se positionne dans la gestion stratégique et laisse à ses 3 filiales sectorielles l’ingénierie, l’efficience et la rentabilité. Voilà l’enjeu et l’opportunité de la stratégie de holding qui aurait dû être exécuté pour atténuer le risque de gestion et pour l’intérêt du contribuable et non cette forfaiture ! Les conséquences de l’absence d’une structure de gestion adaptée au modèle d’affaires complexes sont constatables à l’œil nu. La structure actuelle et la  mauvaise gouvernance sont à l’origine des externalisations couteuses comme les bateaux-usine (insuffisance de la production), les poteaux à 14 millions (limite du réseau) et aujourd’hui avec le scandale Akilee où c’est un pan entier du modèle d’affaires qui fait l’objet d’un holdup en lieu et place d’un holding et d’une filiale ! Dans une volonté d’étouffer la polémique, voilà pourquoi le chef de l’exécutif exige la nationalisation de la fausse filiale pour en faire la vraie filiale qu’elle aurait dû être ou casser tout bonnement le contrat avant le rapport de l’Armp et de l’ofnac. Encore l’impunité et le deux poids, deux mesures dans la gestion des scandales impliquant ses partisans.  

Moussa Bala Fofana – Xamxam du pexe !

Banquier d’Affaires au Canada

Ancien conseiller technique du gouvernement du Sénégal

Expert en Planification et gestion projet – https://www.facebook.com/moussabala.fofana

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