Attendu sur sa promesse de promouvoir une «gestion sobre et vertueuse», le régime de Macky Sall a fini de décevoir sur ce point. Ou du moins, des scandales portant sur des fautes de gestion grave, relevées par les services étatiques compétents et incriminant des dignitaires du régime, ou encore des affaires tendancieuses portées sur la place publique, font florès et/ou sont restées jusque-là impunies. Ou tout simplement couvertes d’un voile noir sous la deuxième alternance : Petro-Tim, affaire des 94 milliards entre Ousmane Sonko et Mamour Diallo, accusations intra-Apr de détournement de fonds publics…
Le déni de transparence semble en vérité la récrimination la plus adressée au régime de Macky Sall par son opposition. Dernière en date : la sortie du leader de Pastef/Les patriotes protestant contre la Résolution des députés, en hommage aux personnels de la santé en lutte contre la Covid-19.
Rappelant sa position ferme contre la loi d’habilitation, Ousmane Sonko a estimé en effet que le satisfecit accordé au ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr sur sa gestion de Covid-19, renseigne «du rôle de blanchiment qui sera celui de l’Assemblée nationale quant au tong tong politico-affairiste sur les mille milliards de lutte contre la Covid-19 ». Et ce d’autant, a-t-il fait savoir, que « Toutes les ordonnances prises par Macky Sall dans le cadre de la loi d’habilitation seront mécaniquement ratifiées, sans détails et justificatifs des dépenses, ni débat. Nous avions averti sur le danger de voter une telle loi d’habilitation au profit de prébendiers étatiques notoires». Déjà, le contrôle de l’important programme de distribution des denrées alimentaires, estimé à 69 milliards de Francs CFA, par le ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et Territoriale, Mansour Faye, avait inquiété plus d’un. Cela avait remis audevant de la scène le beaufrère du président, dont le portefeuille ministériel portait déjà à confusion, tellement il avait l’air d’être le Premier ministre.
A cela s’ajoutait le doute qui a plané autour de l’octroi des marchés d’achat de riz et de distribution des denrées alimentaires attribués. Bien avant, alors que les Sénégalais ne s’étaient pas encore entièrement remis de l’affaire des faux billets dans laquelle est cité un parlementaire de la majorité présidentielle, à savoir Seydina Fall Boughazelli, actuellement en liberté sous condition, des parlementaires du parti au pouvoir s’accusaient mutuellement d’enrichissement illicite.
Répondant au député Djibril War qui l’avait accusé d’avoir détourné «des fonds du groupe parlementaire Bby d’un montant de dix millions mensuels, pendant 5 ans», l’ancien président du groupe parlementaire de Bby, Moustapha Diakhaté, qui a tenu à rectifier sur les montants avancés, lui a aussi reproché de ne pas communiquer «le montant des crédits qu’il recevait en tant que Président de Commission et l’usage qu’il en faisait».
On se rappelle aussi de l’épisode Farba Ngom et Moustapha Cissé Lo qui n’avait vraiment pas honoré l’hémicycle, tellement les accusations et contre accusations d’enrichissement illicites avaient lassé les populations. Dans le lot des scandales qui ont fini d’écorner l’image du régime en place, en matière de bonne gouvernance, l’affaire Petro-Tim occupe une place de choix.
Après les révélations du leader de Pastef/Les patriotes, Ousmane Sonko sur une «magouille autour des blocs de Kayar et Saint-Louis», avec «la complicité de Aly Ngouille Ndiaye, l’intervention de Aliou Sall» et «la bénédiction de Macky Sall», la Bbc Panorama avait soulevé un autre lièvre impliquant le frère du président de la République. Le média britannique avait révélé que l’homme d’affaires Frank Timis avait obtenu, à travers sa société Pétro-Tim, deux concessions de gaz et de pétrole, en 2012, alors qu’il n’avait aucune expérience dans le domaine. Il y avait placé le frère du président, Aliou Sall, à qui il aurait fait signer un contrat juteux. L’ampleur prise par cette affaire avait poussé à la démission, Aliou Sall, de la tête de la Caisse des dépôts et consignations. Que dire de l’affaire des 94 milliards qui mit aux prises Ousmane Sonko, ancien Inspecteur des Impôts et Domaines, et l’ancien Directeur Général des Impôts et Domaines, Mamour Diallo ? Un dossier qui avait d’ailleurs pris en haleine tout le peuple Sénégalais en raison de sa gravité.
De la plainte de Ousmane Sonko, au classement sans suite du dossier par le procureur, en passant par le limogeage de Mamour Diallo, la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire qui a finalement blanchi Mamour Diallo, ce dossier tout aussi épineux et enfonçant un proche du Chef de l’Etat Macky Sall, n’a pas fini de livrer tous ses secrets. La liste des scandales et autres affaires qui ont fini de porter un coup au slogan de «gouvernance sobre et vertueuse» tant scandé par les tenants du pouvoir, est loin d’être exhaustive. Des tumultes qui font dire à nombre d’observateurs que le «monstre est bien vivant».