La nomination de Moussa Sy comme PCA du Port Autonome de Dakar constituerait-elle un moyen de renforcer le maire des Parcelles Assainies pour contrer les ambitions présidentielles prêtées à l’actuel ministre des Affaires étrangères ? Selon le professeur Moussa Diaw de l’Université Gaston berger de Saint-Louis, il manquerait beaucoup de choses à Amadou Bâ pour prétendre au poste de président de la République.
Même si Macky Sall ne veut pas pour le moment parler de sa succession, il ne peut pas empêcher des responsables de son parti d’avoir des ambitions pour lui succéder à la tête du pays. La prochaine présidentielle (2024) est pour bientôt et, pour l’instant, l’actuel locataire du palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor entretient toujours le flou autour de sa candidature. Celle-ci continue de diviser les constitutionnalistes en deux camps : celui de ceux qui y sont favorables et le camp qui estime impensable pour Macky Sall de se représenter en l’état actuel de la Constitution.
En tout cas, ce mutisme du chef de l’Etat, loin d’étouffer toutes ambitions dans les rangs de son parti, l’Alliance Pour la République (APR), les favoriserait même plutôt. Il y aurait beaucoup de prétendants sur la liste des candidats à la succession du président Sall même si les intéressés font pour le moment profil bas. Pour autant, tous se préparent en conséquence. Le ministre des Affaires étrangères serait dans ces dispositions, d’après les faucons du camp présidentiel.
Des handicaps qui compromettent ses ambitions
Depuis que la presse a commencé à agiter une hypothétique candidature d’Amadou Bâ pour la prochaine présidentielle, ce dernier ne serait plus en odeur de sainteté auprès de son patron. On accuse à tort ou à raison Macky Sall de rouler pour son gendre, Mansour Faye. D’ailleurs, c’est dans ce sens qu’il faudrait comprendre la nomination de Moussa Sy, l’actuel maire des Parcelles Assainies, comme PCA du PAD. Selon le politologue et professeur à l’UGB, Moussa Diaw, les Parcelles Assainies constituent un enjeu électoral important qui a beaucoup pesé sur la balance lors des dernières législatives. « Moussa Sy a fini par rallier le parti au pouvoir à cause des démêlées judiciaires de Khalifa Sall. Il a été aujourd’hui récompensé. Ce poste de PCA est une façon peut-être de le récompenser et de faire en sorte qu’on puisse placer quelqu’un d’autre comme relais au niveau des Parcelles assainies car il y a un enjeu important pour les prochaines échéances électorales » a-t-il révélé.
De même, le professeur en sciences politiques semble doucher les ardeurs présidentielles de l’ancien directeur des Impôts et domaines. « Je ne pense pas, si l’on prend le jeu politique sénégalais, qu’Amadou Bâ ait l’étoffe nécessaire pour remplacer Macky Sall. Le Monsieur traîne des handicaps au niveau de la communication, handicap au niveau du charisme et handicap au niveau politique. On l’a incité à faire de la politique, il ne l’a pas choisi » soutient l’universitaire. A l’en croire, Amadou Ba n’a pas un vécu politique. « Le poste de président de la République est une consécration d’un parcours politique d’un homme combatif. On ne l’obtient pas d’un coup de baguette magique. Il y a un travail de fond et plusieurs facteurs qui entrent en jeu. D’abord, il y a la personnalité de l’individu, son histoire politique et les stratégies qu’il développe autour de lui. A mon avis, Amadou Bâ ne me semble pas être quelqu’un qui fédère autour de lui sinon il n’aurait pas de problèmes au niveau des parcelles assainies. Il me semble froid. Je ne lui trouve pas un leader politique combatif. C’est mon opinion » a-t-il encore expliqué.
Avant de préciser que, de toutes façons, ce sont des coalitions qui choisissent mais, malgré cela, il faudrait que la personnalité désignée ait des ambitions. Or, Amadou Ba a dit qu’il n’en a pas. Il faudrait aussi qu’elle ait du courage politique mais aussi une imagination politique avec une équipe derrière elle sans compter le fait de savoir communiquer.
Succession Macky Sall : le néant
Très en verve, le professeur Moussa Diaw soutient qu’il existe un vide autour de Macky Sall quant à son éventuel successeur. « Sincèrement, je ne vois pas autour de lui pour l’instant ou dans sa coalition quelqu’un qui pourrait le remplacer au poste de président de la République. Il y a beaucoup d’affaires, de problèmes et je ne vois pas une personnalité qui puisse émerger, qui n’a rien à se reprocher et qui apparaît comme étant quelqu’un qui puisse jouer ce rôle (…) La succession de Macky Sall peut venir d’ailleurs par exemple de la société civile. On ne sait jamais (…) Certes, un candidat peut se fabriquer mais 2024 n’est plus loin. On n’a plus assez de temps. Le temps politique passe très vite » a conclu le politologue.
Interpellé le weekend dernier lors d’une émission de la TFM, Amadou Ba a nié travailler pour son propre compte. Tout ce qui se dit actuellement est faux selon lui. Il garde respect et fidélité au président Macky Sall qui lui a fait l’honneur de le nommer ministre à différents postes. Concernant Moussa Sy, il a indiqué ce que dernier est son ami et que sa venue au Parcelles Assainies va renforcer le parti présidentiel.
Le Témoin