Des centaines de responsables gouvernementaux qui ont travaillé pour l’administration républicaine de George W. Bush s’apprêtent à apporter leur soutien au démocrate Joe Biden, futur adversaire de Donald Trump lors de l’élection présidentielle du 3 novembre, a-t-on appris auprès de sources impliquées dans cette initiative.Ministres et anciens hauts responsables de l’administration Bush (2001-2009) sont au nombre des membres de ce groupe constitué en un comité d’action politique, baptisé “43 Alumni for Biden” (“Les anciens du 43e pour Biden”), George W. Bush ayant été le 43e président des Etats-Unis.
L’initiative doit être dévoilée dans les prochaines heures, avec lancement d’un site web et d’une page Facebook.
L’objectif est de diffuser des “vidéos témoignages” en faveur de Joe Biden et de s’impliquer dans la mobilisation électorale dans les “Swing States”, ces Etats clés où se jouera vraisemblablement l’issue du scrutin, dans à peine plus de quatre mois désormais.
Conformément à la législation encadrant l’activité des comités d’action politique, ou Super PAC, les membres des 43 Alumni ne pourront pas travailler ou discuter avec l’équipe de campagne de Joe Biden mais pourront lever des fonds sans aucun plafond pour financer des campagnes publicitaires ou organiser des manifestations de soutien.
“RÉTABLIR LA DIGNITÉ ET L’INTÉGRITÉ DE LA MAISON BLANCHE”
“Nous savons ce qui est normal et ce qui ne l’est pas, et ce que nous voyons en ce moment est extrêmement anormal”, explique Jennifer Millikin, une ancienne de l’équipe de campagne de Bush lors de sa réélection en 2004 et ex-membre de l’administration générale des services qui fait partie des organisateurs du groupe des 43 Alumni.
D’autres républicains ont d’ores et déjà manifesté leur opposition à une réélection de Donald Trump, signe que le président s’est aliéné une portion de son propre parti. Et sa gestion de l’épidémie de coronavirus comme ses réactions face au mouvement de colère et de protestation contre la brutalité policière et les injustices raciales contre la communauté noire ont creusé le fossé.
“En novembre, nous choisirons notre pays avant notre parti”, indique un autre artisan de ce collectif, Kristopher Purcell, qui travaillait à la communication de la Maison blanche sous Bush. “Nous pensons qu’un gouvernement Biden respectera l’Etat de droit et rétablira la dignité et l’intégrité de la Maison blanche.”
Pour l’heure, précise Jennifer Millikin, il n’est pas question de fournir la liste nominative des Alumni. Le groupe devra néanmoins transmettre d’ici octobre à la Commission fédérale des élections la liste de ses premiers donateurs.
Le secrétariat de George W. Bush a été informé de cette initiative, mais lui-même n’en fait pas partie et n’a pas dit s’il la soutenait ou non, ajoute-t-elle.
L’ancien président a pris sa retraite politique et, selon son porte-parole Freddy Ford, “ne s’impliquera pas dans l’élection de novembre”.
George Bush a néanmoins estimé que la mort de George Floyd lors de son interpellation le 25 mai dernier par des policiers de Minneapolis était le reflet d’un “échec choquant” et a demandé à ce que les manifestants soient entendus.
Dans une vidéo diffusée auparavant, il avait aussi appelé la nation américaine à s’unir face à la crise sanitaire.
L’entourage de Joe Biden n’a pas souhaité faire le moindre commentaire.
Erin Perrine, une des porte-parole de l’équipe de campagne de Trump, a en revanche déclaré que les “43 Alumni for Biden” étaient une énième manifestation du “marigot de Washington qui tente d’abattre le président dûment élu des Etats-Unis”.
Il y a quatre ans, lors de sa campagne victorieuse, Donald Trump s’était posé en adversaire des élites établies dans la capitale fédérale et avait promis d’”assécher le marigot de Washington”.
version française Henri-Pierre André, édité par Blandine Hénault