30% des cas graves meurent… les hôpitaux sénégalais ne disposent pas de plus 50 lits chauds

par pierre Dieme

Selon les chiffres annoncés par le ministre de la Santé hier mardi, 70% des malades de Covid-19 admis en réanimation sortent guéris. Ce qui laisse entendre que les 30% basculent vers l’éternité. Le Sénégal a enregistré plus de 60 décès au seul mois de juin. Une multiplication du nombre de décès entraînée par l’augmentation du nombre de cas graves. Une situation qui était prévisible. 

Les hôpitaux sénégalais ne disposent pas de plus de 50 lits chauds dans l’ensemble de leurs services de réanimation. Ce qui condamne à mort les patients sous assistance respiratoire. Le nombre de cas sévères, qui justifient l’admission des patients dans les services de réanimation, est supérieur aux capacités logistiques globales de notre système hospitalier, selon nos confrères du journal Le Témoin. Et assurément, le manque de respirateurs est un facteur de multiplication des décès chez les malades graves qui doivent être intubés et ventilés. 

Le professeur Seydi avait prévenu que si nos hôpitaux étaient débordés, on risquerait d’assister à un nombre de morts impressionnants même si le covid-19 est une maladie bénigne. Cette situation macabre qu’il avait prévue commence à être vécue malheureusement. Hé las, du côté du MSAS, aucune mesure de riposte appropriée n’est prise après les mesures d’assouplissement du Président. La stratégie de communication devait changer, évoluer en fonction de la nouvelle situation. Mais l’on se rend compte que la communication gouvernementale qui, en réalité, n’est qu’un compte-rendu lassant et immuable dans la forme, se limite à la livraison des résultats des examens virologiques au quotidien. 

Aucun changement de stratégie dans la sensibilisation. C’est là où le discours présidentiel a péché. Le président Sall a évoqué la dangerosité de la maladie, indiqué les clusters mais a omis de dire la stratégie pour endiguer voire vaincre cette pandémie. La proclamation des résultats virologiques a fini par indifférer une bonne partie des Sénégalais qui, au début de la pandémie, collaient l’oreille à leur poste de radio chaque jour. L’on a comme impression que la gestion de la pandémie échappe de plus en plus au ministre Diouf Sarr qui multiplie les erreurs dans les prises de décisions et exacerbe la colère de plusieurs doctorants qui se sentent exclus dans la distribution des indemnités allouées au personnel soignant. Le courroux du Khalife des Tidianes Serigne Babacar Sy, qui parle de « démission de l’Etat », est bien fondé.  

Avec Serigne Saliou Gueye, Le Témoin

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