Le président de la République dans son discours à la nation de ce lundi 29 juin a annoncé un chiffre de 54% des cas recensés de Coronavirus rien que pour Dakar soit 3616 cas sur les 6698 enregistrés sur le territoire national. Alors que le ministère de la Santé annonçait sur sa page facebook, deux jours avant le discours du Président, plus de 4000 cas à Dakar, soit près de 60% des cas recensés sur le territoire national.
Sur la distribution des vivres, le président de la République déclare dans son adresse à la nation qu’ « à ce jour, sur les 552 communes du pays, 438 ont terminé la distribution ; le reste des opérations est en cours dans 114 communes, soit un taux de réalisation de
79,34% ».
Il a été aussitôt rectifié par le ministre du Développement communautaire en direct sur Tfm , le même jour: « 466 communes qui ont reçu l’aide alimentaire », dira-t-il et non 438 communes comme annoncé par le président de la République.
Quand le président de la République est en déphasage sur les chiffres avec ses propres services dans le cadre de l’évolution du virus et sur le programme de résilience sociale, il y a vraisemblablement un problème de rigueur dans l’approche gouvernementale.
Le triomphalisme béat prend le dessus sur une réalité désolante que le travail sérieux et la rigueur auraient pu modifier substantiellement.
Trois mois après l’annonce d’une aide alimentaire d’urgence des ménages, on distribue encore du riz aux populations, qui étaient censées se nourrir de l’aide, après les avoir privées de presque tout.
Trois mois après, la diaspora attend encore d’être appuyée. Sur plus de 200 000 inscrits, seuls 60 000 ont été satisfaits soit un objectif atteint à 30%.
Trois mois après, les entreprises à qui on avait demandé de ne point licencier sauf en cas de fautes lourdes et de payer à hauteur de 70% les salariés en chômage technique, attendent encore d’être aidées à surmonter leurs énormes pertes de recettes.
Finalement tous les plans d’urgence ont dépassé l’urgence pour s’étaler dans un temps d’attente infernal.
Pendant ce temps, parallement à l’évolution exponentielle du virus les populations s’éloignent des mesures barrières parce que doutant de l’existence d’un virus que les séries de tâtonnements d’un gouvernement triomphaliste ont fini par banaliser.
L’échec est patent, ne nous voilons pas la face.
La reprise des activités économiques devait se faire depuis longtemps. Cela aurait pu limiter les dégâts tout en orientant la lutte exclusivement sur le respect des gestes barrières avec la participation pleine et entière de l’Etat.
Aujourd’hui le problème central est que le virus est là sans aucune maîtrise de son évolution et sans presque aucune forme d’espoir de collaboration des populations qui ont décidé en grande partie de vivre l’après-Corona en pleine ascendance de la pandémie.
Nous encourageons l’Etat à davantage mettre l’accent sur la riposte communautaire et sur l’imposition des mesures barrières. Il ne s’agira pas seulement de conseiller mais d’impulser, de gérer, de ne pas abandonner. La facultativité ne peut prospérer dans une dynamique de riposte harmonisée.
Thierno Bocoum
President du mouvement AGIR