Destruction des symboles du colonialisme : L’impératif de tourner la page d’un passé douloureux

par pierre Dieme

La municipalité de Gorée a franchi le pas. Au moment où le débat fait rage partout dans le pays sur le maintien ou non des symboles du colonialisme, Gorée décide de débaptiser la Place de l’Europe qui devient la ‘’Place de Liberté et de la Dignité Humaine’’.

Une réponse claire et cohérente apportée à un débat sérieux qui mérite une réflexion profonde, dépassionnée et surtout objective.

Nous savons tous que nous ne pouvons pas continuer à laisser la statue de Faidherbe, les nomes des colons partout dans nos cités surtout à Dakar, Gorée, Saint-Louis et Rufisque. Il y a quelque chose d’incohérent et de grave. Si comme si par ailleurs, une statue d’Hitler était érigé quelque part dans une ville de France. C’est vrai que ce n’est pas la même dimension encore moins le même contexte. Mais, la négation de la dignité humaine est ressentie partout de la même façon. Faidherbe était dans une logique coloniale donc de domination. Et il fallait brûler, tuer pour impressionner et dissuader pour imposer cette volonté. Il ne s’est jamais privé de la faire. Un autre, pareil.

Il est étonnant que ces figures du colonialisme soient ainsi honorées par des statues, des avenues et des rues qui portent leurs noms. Soit, nous sommes indépendants, soit nous ne le sommes pas.

Si la France veut les distinguer pour leurs missions, elle peut le faire. Mais sur son territoire. Pas ici. Et d’ailleurs, elle ne le fait pas. Alors, diantre, pourquoi, nous.

Le Commissaire au Pèlerinage, Abdoul Aziz Kébé l’a dit d’une façon remarquable. Nous ne pouvons pas vouloir une chose et son contraire. Et cela a été la bataille du cinéaste Sembène Ousmane, de Cheikh Anta Diop et de nombreux autres intellectuels et politiques africains.

La mort de Georges Floyd, un effroyable assassinat, est venu nous rappeler la vérité élémentaire de la nécessité de l’émergence d’une conscience noire autour des idéaux de paix, de solidarité mais surtout de l’affirmation de son identité. Car, les suprématistes blancs se nourrissent justement de ce passé douloureux d’esclavage, de colonisation et de néocolonialisme en vogue dont nous devons nous débarrasser.

La preuve, les populistes sont au pouvoir dans de nombreux pays du monde y compris aux Etats-Unis et les noirs continuent une longue nuit d’odyssée avec, à la clef, la perpétuation d’actes de barbaries de la part de ceux qui se croient supérieurs parce qu’ils ont simplement un teint plus clair.

C’est dommage que rares ont été les Chefs d’Etat africains qui ont levé le doigt pour dénoncer l’assassinat de Georges pris à la gorge d’une realpolitik où ils viennent au rendez-vous du donné et du recevoir en tremblant parce que désargentés et soucieux d’être aidés.

Pourtant ‘’tant que l’Afrique ne sera pas respectée, les noirs ne le seront pas, où qu’ils se trouvent’’. Cette vérité élémentaire d’un de nos dirigeants du passé est à méditer et à intégrer.

Dans ce contexte de Covid-19, le geste de Chauvin, empreint de chauvinisme, est symbolique de ce que les pays riches font aux pauvres, notamment aux jeunes Etats africains. Nous sommes pris à la gorge et nous ne pouvons pas respirer.

Malheureusement, nous ne tirons pas les leçons de nos erreurs du passé. Mais, ceux qui étaient partis en France crier qu’ils sont Charlie, devraient au moins avoir la pudeur de dire qu’ils sont Georges.

Cela ne veut pas dire qu’il ne nous faut pas des relations avec les anciennes puissances coloniales. Mais celles-ci doivent être d’égal à égal et le partenariat gagnant-gagnant.

Mais, pour ce faire, il faudra se débarrasser de tous ces symboles du colonialisme. Car, leurs effets sur nos enfants est plus important que n’importe quel cours d’histoire ou de civisme.

Assane Samb

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