L’avancée du Coronavirus dans notre pays est une réalité. Sur les 6 mille cas et quelques que nous avons, plus de 4 mille sont cependant guéris, ce qui en dit long sur le succès de notre politique de prise en charge mais aussi de prophylaxie. Le Ministère de la Santé et tout le personnel médical sont à féliciter.
Néanmoins, le virus ne recule pas. Il avance, explore de nouvelles contrées et surtout fait des victimes notamment parmi les plus anciens.
Nous nous approchons des 100 décès, 94 exactement, à la date d’hier. Ce qui est énorme. Et ce qui l’est plus, c’est le nombre de personnes sous traitement qui s’approche des 2000 cas.
Ce qui, en clair, signifie que nos structures de santé sont débordées et que davantage de cas vont nous exposer à la poursuite d’une politique déjà entamée de recherches de nouveaux sites de prise en charge.
Mais, fait nouveau, la Covid-19, en bon stratège, frappe au cœur de la République.
Le Président Macky Sall, les Ministres de l’Intérieur et de la Justice sont en quarantaine pour avoir eu des contacts avec des personnes infectées.
Le Ministre Mbaye Ndiaye, la députée Yeyah Diallo sont atteints et sous traitement. Pendant ce temps, d’autres comme Alioune Sall, le Président de l’association des Maires du Sénégal est sorti de l’hôpital, testé négatif.
Une situation qui doit nous alerter davantage. Car, si les leaders sont atteints et confinés, la République peut moins bien fonctionner, ce qui va accentuer toutes les crises notamment d’ordre économique qui nous guettent. La récession est presque là, l’économie est aux abois, les finances publiques souffrent et l’informel ne se porte pas bien.
C’est pourquoi, nous avons besoin de la pleine opérationnalité de nos dirigeants notamment au plus haut niveau de la sphère de l’Etat.
C’est dire qu’il faudra, pour les autres Ministres, patrons d’institutions et hauts responsables, en tirer désormais les leçons et accentuer les mesures de précaution.
Désormais, les contacts avec les collaborateurs et même des collègues et les membres de sa famille doivent être réduits au strict minimum à défaut d’y renoncer complètement.
Comme pour les gardes de corps, il faut des mesures spéciales de protection des hauts responsables contre le virus. Il n’est pas question pour eux de faire comme tout le monde. La situation, grave, recommande des mesures exceptionnelles, un code de conduite à adopter, une nouvelle manière de travailler et de vivre.
Car, avec les nouvelles technologies, il est possible d’adopter les mesures de télétravail qui peuvent aider à éliminer complètement les contacts y compris avec le personnel subalterne.
Même pour les chauffeurs, il faudra trouver un moyen de les mettre en chômage technique et d’exiger que chacun conduise pour lui-même pour les déplacements indispensables.
Il n’est pas possible d’assister à la contamination et à la quarantaine des plus hauts responsables de l’Etat sans que des mesures exceptionnelles adaptées ne soient prises.
La réussite de la riposte à tous les niveaux (sanitaire, économique, social, etc.) dépend, largement de l’engagement et de la sérénité de nos dirigeants.
Or, on n’est pas serein quand on est en quarantaine. Avouons-le !
La protection de tous les citoyens est un devoir de l’Etat. Celle du chef de l’Etat, des membres du gouvernement et des hauts responsables qui dirigent les institutions est une nécessité. Et on ne doit pas lésiner sur les moyens.
Donc, si Macky et les membres de son équipent sortent de quarantaine, ils doivent tirer toutes les leçons de ce qui s’est passé et éviter, à l’avenir, d’exposer la République à cette situation.
Si autant de hauts responsables sont si exposés, c’est que le principe de précaution n’est pas suffisamment respecté. Et c’est intolérable.
Il y a eu des failles quelque part. Et il faudra en tirer les leçons.
Assane Samb