Le 23 juin. Cette date rappelle, à maints égards, une avancée démocratique majeure au Sénégal : L’exercice, par le peuple, de la démocratie directe par le contrôle, fut-il violent, de l’action de l’Exécutif.
Face à la défaillance du Parlement et surtout de sa complicité pour faire passer une loi jugée scélérate, l’opposition dans son intégralité, la société civile et de nombreux citoyens qui ont agi spontanément ont envahi l’Assemblée nationale pour barrer la route au pouvoir d’Abdoulaye Wade dont le dessein, clair, était d’instaurer un quart bloquant et l’élection d’un vice-Président.
En clair, il s’agissait de permettre à ce que le Président de la République soit désormais élu avec seulement 25% des suffrages et que la dévolution monarchique soit institutionnalisée avec la vice-Présidence.
Les Sénégalais l’ont compris et ont décidé, pour une rare fois, de stopper Wade dans ses desseins. Et d’une façon ferme. Tellement ferme que ce dernier a finalement renoncé au projet, permettant au peuple de savourer une réelle victoire, celle de la raison sur des calculs politiques qui allaient inéluctablement plonger notre pays dans une forme de monarchie constitutionnelle avec les Wade qui allaient longtemps rester au pouvoir.
Le peuple s’est ainsi battu pour des principes. Un esprit a prévalu. Et, malheureusement, il convient de constater qu’aujourd’hui, il n’en reste pas grand-chose.
Macky est arrivé au pouvoir peu de temps après, c’est-à-dire en 2012. Il a, de ce fait, suscité de nombreux espoirs.
Le peuple, en le portant au pouvoir, a rêvé d’un Wade sans ses défauts. Malheureusement, on voit de plus en plus un Wade sans ses qualités.
Le Pape du Sopi avait seulement mis sur orbite son fils. Macky a nommé le frère, le beau-frère, l’oncle et j’en passe.
Abdou Karim Guèye et Assane Diouf sont en prison même s’ils ne sont pas exempts de tous reproches. On n’insulte pas les gens et surtout il y a une façon acceptable de s’opposer ou de faire pression.
Cheikh Yérim Seck avait été en garde à vue et l’ancien Commissaire de Police Boubacar Sadio avait été convoqué pour une contribution avant d’annuler la procédure.
Les affaires Khalifa Sall et Karim Wade, pour la façon dont elles ont été gérées, ont ému au Sénégal et partout à travers le monde.
Le parrainage a été voté sans débat et le poste de Premier Ministre supprimé sans aucune forme de procès.
Même si un dialogue national a été amorcé avec beaucoup d’espoir, la pandémie à coronavirus cache mal un malvivre et une malgouvernance qui gangrènent notre société.
Et en face, c’est presque le silence. En dehors de quelques gesticulations d’un Ousmane Sonko, l’opposition est inexistante, la société civile fragmentée et dispersée, le peuple résilient.
Pendant ce temps, les scandales se répètent, beaucoup d’affaires comme Pétro-Tim ne sont pas résolues, le foncier est bradé et les faux billets ainsi que la drogue circulent.
Dans cet Etat qui garde une apparence forte de stabilité, la majorité de la population est aux abois avec un revenu minima dérisoire, les institutions budgétivores et inutiles pullulent.
C’est dire à quel point l’esprit du M23 a été dévoyé. De cette journée, il ne reste que des souvenirs. Le M23 en tant que mouvement est entré dans l’oubli.
Seule la COS/M23 survit encore portée par des jeunes ambitieux mais aux moyens limités.
C’est dire que même si le peuple reste toujours bien informé et soucieux du devenir du pays, il n’en reste pas moins qu’un climat de lassitude, le même qui a gagné la classe politique et la société civile l’envahit.
Tout le monde baisse les bras face à Macky qui a été sous-estimé à tort. L’homme, discret et ‘’mackyavélique’’, a fini de prouver qu’il est plus redoutable que ses adversaires et ses concitoyens ne le pensaient.
En clair, Il maîtrise encore la situation.
Assane Samb