En plus de la grosse équation que constituent la propagation fulgurante du coronavirus et la hausse des cas de décès, les autorités du ministère de la Santé doivent faire face à un autre souci. Il s’agira pour elles de gérer la révolte des médecins contractuels qui menacent d’aller en grève si on ne leur verse pas leurs primes de motivation.
Les médecins contractuels sont très remontés contre leur ministère de tutelle, Abdoulaye Diouf Sarr, qui refuse de leur verser des salaires et des primes de motivation alors qu’ils sont au-devant de la guerre contre la Covid-19. Le représentant des médecins contractuels dans les centres de traitement, Dr Ousseynou Sarr, renseigne que leurs salaires ont été payés hier vendredi (19 juin) et qu’il reste le paiement des primes de motivation. «Ils ont payé les salaires ce matin, maintenant il reste la motivation. Ils n’ont même pas commencé à débattre de cela. Ils soutiennent qu’ils ne devraient pas nous payer de motivation. Ce que nous ne comprenons pas vraiment. Ils disent que nous ne devons pas bénéficier de la motivation Covid et nous ignorons sur quelle base juridique ils s’appuient pour soutenir une telle thèse. Nous n’avons pas d’interlocuteurs pour le paiement de nos motivations, ils jouent au ping-pong avec nous», fulmine Dr Sarr.
Particulièrement furieux de leurs mauvaises conditions de travail, il indique : «Nous avons travaillé pendant 3 mois, mais ils n’ont commencé à appliquer le contrat que ce mois-ci. Ce qui veut dire que nous avons travaillé gratuitement durant les deux autres mois. Comme on est en période d’épidémie, nous sommes allés au front en nous sacrifiant, mais eux, ils ignorent tout cela. Nous faisons tout le travail. Nous ne demandons pas que l’on nous paie ce qu’ils nous doivent réellement. Mais quand on vous fait travailler presque gratuitement, vous devriez avoir au moins de quoi prendre le bus». Très amer, il soutient que dans les régions, certains médecins paient leur logement, la restauration et autres charges. Face à cette situation insupportable, les médecins contractuels n’écartent pas l’idée de quitter les centres de traitement. «Nous espérons que le ministère ne va commettre l’erreur de pousser les médecins à rester chez eux pour des problèmes de motivation. J’ai écrit une note et je l’ai envoyée à un de nos professeurs qui l’a transférée au ministre. Ce qui veut dire donc que le ministre Abdoulaye Diouf Sarr est au courant de nos revendications. Nous sommes 58 médecins contractuels».
«AU SENEGAL, IL N’Y A PAS UN DEFICIT DE MEDECINS»
Par ailleurs, Dr Ousseynou Sarr affirme que le Sénégal ne connaît pas de déficit de médecins, comme veut le faire croire le gouvernement. «Le ministère de la Santé a dit qu’il y a un manque de médecins dans le pays, c’est pourquoi ils ont pris des médecins contractuels. Et dans 3 mois, le contrat va finir, les médecins vont retourner à leurs occupations. Le ministère parle tout le temps de déficit de médecins, alors pourquoi ne pas recruter ces médecins. Le gouvernement ne dit pas la vérité», clame-il. Chaque année, dit-il, près de 250 médecins sortent de la faculté de médecine de Dakar sans compter les autres universités et les deux universités privées. «Depuis 10 ans, certains médecins ont déposé des demandes de recrutement à la fonction publique sans être recrutés. Ce, au moment où le gouvernement fait croire à la population qu’il y a un déficit de médecins», tonne Dr Ousseynou Sarr.