Ça tire dans tous les sens. La gestion de Macky fait l’objet d’attaques quotidiennes de la part de politiques, d’activistes, d’anciens alliés, pour ne citer que ceux-là.
En plein contexte de Coronavirus, Farba Ngom a tenu à faire observer que les ‘’ministres ne mouillent pas assez le maillot’’. En tout cas pour certains d’entre eux. Ce proche du Président n’a pas hésité à critiquer la passivité de ses frères libéraux estimant que le Président de la République n’est pas assez défendu.
Une observation qui a été faite par d’autres personnalités qui travaillent au niveau du cercle de la majorité.
La preuve, tout récemment, la sortie de Madiambal Diagne et celle de Barthélémy Dias ont eu pour effet de susciter un débat houleux sur le foncier au Sénégal.
Le Président Sall a cru devoir y intervenir par les actes, en prenant un arrêté de contournement de l’autorisation de construire qui ne sera plus une exclusivité du Maire. Les autorités administratives peuvant désormais les signer.
Ce qui se passe, c’est qu’en supprimant le poste de Premier ministre (Pm), le Président s’est mis à découvert, c’est-à-dire à la portée des tirs de ses adversaires et détracteurs.
Il n’a plus de fusible, ce qui donne l’impression qu’il n’est pas du tout défendu parce qu’il est trop exposé. A la merci de tous, il reçoit les coups directement et assume les conséquences des maladresses observées dans la gestion des affaires publiques.
Or, la présence de Boun Abdoullah Dionn permettait, naguère, de prendre en charge cette forme de communication. Il allait au charbon, répondait aux détracteurs, assumaient certaines failles.
Bref, il servait de souffre-douleur dans un climat délétère marqué par des compétitions politiques acerbes.
Malheureusement, aujourd’hui, avec la survenance inattendue de la pandémie à coronavirus, la politique gouvernementale, mise à rude épreuve, a besoin d’une forme affirmée d’alerte et de veille avec l’engagement de lieutenants qui maitrisent les dossiers sous la supervision d’une autre personnalité que le Président lui-même.
C’est pourquoi, l’erreur la plus grave dans l’attelage gouvernemental, c’est d’avoir supprimé ce poste de Pm. Il avait son importance, sa pertinence. Et Macky ne cesse de s’en rendre compte tous les jours.
Car, à l’état actuel des choses, chaque Ministre attend que l’autre régisse ne serait-ce que parce qu’il a une mission spécifique sur laquelle il est attendu et ne souhaite pas engager d’autres défis surtout s’il s’agit du terrain glissant de la communication.
Chacun peut se demander pourquoi lui et non pas un autre. Et c’est ce qui fait que personne ne réagit finalement.
Exactement comme dans une armée mexicaine, tout le monde est général et chacun veut donner des ordres et ne souhaite pas en recevoir.
En clair, la sortie de Farba Ngom ne sera pas du tout appréciée. Elle est pleine de sous-entendus et peut signifier que Macky est dans la logique d’un remaniement pour couper des têtes parce qu’il n’est pas content.
La question est ici de savoir à quel titre un Ministre de la République a-t-il le droit de juger les autres ? Est-ce qu’il fait mieux qu’eux ?
Des questions qui auraient pu être évacuées s’il avait un Pm, c’est-à-dire un coordonnateur de l’action gouvernementale mais aussi Super-ministre dont la tâche est justement celui d’un contremaître dans un chantier.
A chacun son rôle. Et Macky a eu tort de croire qu’il peut être à la fois l’architecte et l’entrepreneur.
La conséquence de tout cela, c’est l’impression d’un vide surtout sur le plan communicationnel. Les communiqués des conseils des Ministres ne suffisent pas à animer la vie de la Nation.
Les administrés ont besoin de davantage sentir la présence de leur Président par une prompte réaction de son bras droit le plus direct si le besoin se fait sentir.
Aujourd’hui, c’est ce qui manque. Et personne n’ose, sans mandat, se mettre en première ligne pour assumer ce rôle.
Assane Samb