Je dédie ce texte aux prisonniers politiques Abdou Karim Gueye et Assane Diouf: libérez-les !
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Par Adama Gaye *
Sous le lourd genou éléphantesque qui le presse, le cou du Sénégal s’aplatit tandis que ses organes vitaux éreintés par les douleurs lâchent au milieu des râles.
Les cris de détresse de cette nation naguère debout mais désormais là, fermement maintenue par terre, placée sur une rampe rapide vers sa mort, ne gênent aucunement son Derek Chauvin local. Bien au contraire, ils l’excitent dans ses désirs de l’assassiner. Coudes sous les dossiers litigieux, qu’il gèle, un cure-dents nonchalamment tenu, il semble n’avoir rien à cirer des gémissements alentour. “Nous sommes des otages”, soupire l’un des millions de pauvres sénégalais dans le ventre d’une nation à bout de souffle.
Tête dans les nuages
Le Derek Chauvin, Macky SALL dans le civil, n’entend ni ne voit rien au malheur qu’il cause. Sa tête est dans les nuages. Son seul souci est de savoir comment violer encore sa promesse de quitter le pouvoir. Son rêve qu’il ne parvient plus à cacher est de s’y incruster quitte à écraser les dispositions constitutionnelles.
Il ne recule devant rien, n’hésitant pas à battre le rappel de l’alliance des pourris et ripoux (Apr) jusqu’aux transhumants les plus fétides. Ne se contentant pas de les nommer à tout va à des postes qui échappent à leurs compétences, notamment au Port, poumon de l’économie, ou au service des investissements, ainsi suffoqués l’un et l’autre, il se tourne maintenant vers son autre grande ambition: museler les libertés individuelles et publiques.
Depuis huit longues années qu’il a le genou sur le cou du Sénégal, il n’a eu de cesse que de le visser toujours plus fort pour coincer les veines qui l’irriguent. C’est qu’il est atteint d’un cynisme innommable. Une envie de tuer froidement. C’est un assassin.
Il n’entend rien des hurlements d’une économie anémiée réduite à un pitoyable taux de croissance d’1,1 pour cent, c’est-à-dire nettement moins que le taux de croissance démographique de plus de 4 pour cent. Plus qu’une récession, c’est une dépression.
Ce n’est pas étonnant que le sang financier n’y coule plus. La transfusion de 90 milliards de francs cfa (180 millions de dollars), véritable pitance que les pays du G20 ont consentie en termes de suspension de son service de la dette pour six mois n’est qu’une poche de sang dérisoire. L’annulation de la dette a été rejetée et la suspension du service de la dette n’ajoute qu’aux tourments: sous peu ce ballon d’oxygène se transformera en pression intenable sur l’économie.
Déjà, on sent les effets des tensions de trésorerie. Obligé de courir derrière des emprunts obligatoires ou de tendre la main auprès des institutions financières, comme la BAD ou le FMI, dans un effort désespéré pour colmater les brèches causées par la banqueroute, l’état ne sait plus où donner de la tête.
Il se sait délaissé, telle une femme ayant perdu tous ses attraits, frappée par la vieillesse et n’ayant plus la capacité d’attirer les regards. C’est le sort d’un Sénégal qui n’attire plus. Les investisseurs n’y viennent plus. Les grands chantiers lancés avec un fracas propagandiste mémorable sont à l’abandon, agonisant.
Impasse pesante
Tous les secteurs cruciaux dans la marche économique se meurent. L’école n’a jamais été dans un limbo, une impasse aussi pesante, l’avenir des enfants étant compromis. Les hôpitaux, se lamente une dame, n’ont rien. Ils ne sont plus, à vrai dire, que des maisons funèbres. Chaque jour, une litanie de morts les rends encore plus repoussants.
Désormais, craignent les plus lucides, la pandémie du coronavirus risque de causer des dizaines de victimes. Par jour. Autant dire que cette guerre est définitivement perdue par le général d’opérettes qui s’était autoproclamé commandant en chef de l’armée qui devait vaincre sur le sol sénégalais ce méchant virus.
Trois mois après son intrusion dans le territoire national, c’est l’inverse qui se produit. Le virus triomphe. L’armée, en guenilles, détale; le peuple, laissé à son sort, attend, fataliste, que corona lui fasse son compte.
La situation est si catastrophique qu’on annonce le confinement de Dakar et Touba, les deux plus grandes villes sénégalaises. Comment et avec quoi nourrir leurs millions d’habitants? Tous voient le pire advenir. Qui a oublié que l’Etat, plus impuissant que jamais, n’avait même pas été capable de distribuer ses kits de denrées alimentaires dans ce qui est devenu la charade du millénaire, sur fond de corruption massive et de contrats louches aux copains et à la famille. Nul n’oubliera ce que ce fut en matière de faillite dans le secours à des populations dans le désarroi. La preuve: la famine qu’il avait l’ambition d’endiguer s’est plutôt installée partout.
Hallali
C’est l’hallali. Le contexte général est encore plus alarmant.
La société est fracturée, les ethnies mises en rivalité, les tensions, y compris familiales, vives et sanglantes. Les suicides se multiplient.
L’économie ne donne plus signe de vie. L’eau potable, plus chère, est maintenant une denrée de luxe, rare, indisponible même dans maints villages et centres urbains. D’importantes infrastructures, notamment les autoroutes à péage, ne sont plus rentables. Il faut cependant rembourser jusqu’au sang les prêts surfacturés, corruptogenes et onéreux qui ont été contractés pour les déployer.
La population chôme. Les entreprises ferment. Ainsi en est-il d’un des fleurons de l’agroalimentaire, qui distribuait vitalait et consorts. Même le groupe de médias GFM est frappé de plein fouet au point de voir ses animateurs vedettes, ne pouvant plus supporter des mois d’arrièrés de salaire, quitter le navire.
La saison agricole démarre dans un désordre total. L’électricité est hors de prix pendant que la société nationale d’électricité (Senelec) se débat au milieu des scandales causés par les faveurs indues faites par ses dirigeants récents ou présents à des nébuleuses comme Akilee ou Excellec…Les ténèbres y règnent au figuré !
La nation est de surcroît traquée par les services de renseignements les plus importants du monde. Et pour cause: elle a finit de rimer avec grande criminalité tant les trafics de drogue, d’argent sale ou fabriqué illégalement, et le blanchiment dans l’économie, sans compter le terrorisme, occupent le haut du pavé dans les conversations autour de la théière.
Le dernier exemple en date de la sud-américanisation du Sénégal, dans ce qui rappelle les pires États narcotrafiquants qui avaient fait la negative notoriété de ce continent aux antipodes, se trouve à travers la saga Batiplus. Dans ce pays soudain happé par une spirale de crimes de toutes sortes, il s’agit d’un scandale qui met en scène les financiers du terrorisme au Moyen-Orient en plus de les révéler comme de grands détourneurs des revenus fiscaux de la nation.
Le hic, c’est que ces bandits de grands chemins, des Levantins Libanais, ont enrôlé dans leurs magouilles des acteurs clés de l’état sénégalais.
Retenez votre souffle, ce n’est pas seulement le ministre faussaire de la justice, Malick SALL, que traquent FBI et Mossad, mais d’autres autorités du pays, y compris le chef suprême des malfrats, le président de la république himself, l’illégitime Macky SALL.
Qui peut s’étonner que le sang ne coule plus dans le corps de cette nation affalée, sous le genou massacreur de Macky SALL. Ses râles en deviennent toujours plus stridents. Jusqu’à couvrir les rumeurs les plus…folles sur l’état mental de l’épouse du Derek Chauvin sahélien. Exténué après huit ans de pression, le tortionnaire est soudain pris par un besoin pressant.
D’un regard aussi vif que brusque il a repéré sa chaise anglaise. Ventre à terre, il y fonce, sans se soucier le moins du monde du corps flasque, inerte, mort, qu’il laisse derrière.
De sa chaise, il vient de voir maintenant la prouesse macabre qu’il a réussie: la mort d’une nation sous son genou.
Le coronavirus était décidément en terrain propice.
Le morne horizon politique ne prédit rien de bon: le genou de l’éléphant n’a pas épargné ni l’état de droit ni les règles du jeu politique démocratique.
Tout se meurt. La nation en tête. Coronarisée!
Macky SALL a tué le Sénégal…
Adama Gaye est auteur de Otage dun Etat (Editions l’harmattan, Paris), Le Caire 18 juin 2020
Ps: Une correspondante sur la petite côte, à 80 kms de Dakar, me fait sourire. “ON dit que tu détruits l’image du Sénégal en l’attaquant depuis l’étranger”.
Ai-je besoin de rappeler que combattre le tyranneau et voleur qu’est macky SALL n’est pas affaire d’enfants de chœur. Ça va monter en gammes. Cardiaques, écartez-vous.
Regardez cet homme en sueur juste sorti de sa chaise anglaise. Qui peu lui faire confiance ?