L’eau est devenue presque introuvable dans plusieurs quartiers de Dakar et de sa banlieue et ce, depuis plusieurs semaines. Une situation déjà vécue par plusieurs ménages sénégalais qui attendaient de leur état, une solution définitive. Mais, depuis sept ans, les gouvernants affichent leur impuissance.
Comme en 2013 et 2018, l’Etat du Sénégal a encore affiché toute son impuissance face aux coupures d’eau notées depuis plusieurs semaines encore à Dakar et sa banlieue. Lors de la réunion hier, mercredi 17 juin, en conseil des ministres, le Président de la République s’est contenté d’une déclaration, estampillée «maitrise stratégique du développement du secteur de l’eau pour l’accès universel».
A cet effet, note-t-on sur l’édit, Macky Sall, «a rappelé au Ministre de l’Eau et de l’Assainissement, l’impératif de mobiliser l’expertise technique et les ressources financières requises, afin d’assurer le fonctionnement optimal des infrastructures hydrauliques implantées sur l’ensemble du territoire national».
Le Chef de l’Etat a, en outre, «invité le Ministre de l’Eau et de l’Assainissement à finaliser l’évaluation de la réforme de l’- Hydraulique rurale, la réalisation des grands projets d’hydraulique urbaine en cours, ainsi que le processus d’adoption du Code de l’Eau». Pendant ce temps, des ménages sénégalais particulièrement les femmes ne savent plus où donner de la tête. Un calvaire indescriptible qu’elles supportent depuis bientôt 7 sans. On se souvient encore de la fameuse panne de l’usine de Keur Momar Sarr en 2013 et qui avait installé le chaos dans la capitale sénégalaise.
En visite sur les lieux du «drame», l’ancien Premier ministre d’alors, Aminata Touré avait envisagé même la possibilité d’aller vers une rupture du contrat qui liait l’Etat du Sénégal à la société privée, SDE, qui avait la charge de la distribution de l’eau. «Ce que l’Etat compte faire, c’est situer les responsabilités partout où elles se trouvent et les décisions adéquates seront prises. S’il s’agit de sanctions, elles seront prises et s’il s’agit de rupture de contrat, elles seront prises», avait martelé la cheffe du gouvernement en septembre 2013.
Face à la colère des populations, le Président Sall va finir par présenter ses excuses au peuple. «J’exprime nos regrets et nos excuses aux populations dakaroise et sénégalaise. C’est un accident déplorable. Une enquête a été diligentée pour situer des responsabilités et reconstituer exactement ce qui s’est passé pour éviter à l’avenir que de telles choses ne se reproduisent. Mais, le constat premier qu’on peut faire, c’est que le Sénégal est vulnérable. Toute la population dakaroise est alimentée quasiment par une seule source. Le lac de Guiers à travers une seule conduite. Il faut donc renforcer par d’autres moyens l’alimentation en eau des populations peut-être par l’eau de mer ou la reprise d’un certain nombre de forages non pas dans la nappe de Thiaroye mais à d’autres endroits. Les experts nous diront de façon précise ce qu’il faut faire», avait alors déclaré Macky Sall sur les ondes Sud FM.
Le temps passe, mais le problème demeure. Puisque cinq ans après, la pénurie va persister. Pourtant les autorités avaient promis que la situation allait revenir à la normale aux alentours de juillet 2018. Que nenni ! Constatant les faits, un conseiller technique du ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement finit par battre sa coulpe et soutenant que «le problème est lié au management du système, parce que nous sommes dans une phase de modernisation accrue du système d’approvisionnement en eau».
Résultats: exit la SDE dans des conditions plus ou moins occultes. Sen’Eau s’installe. Sauf que le problème perdure. Pire, rien, absolument rien à changer. Des femmes continuent à braver le soleil, à veiller des nuits durant à attendre le liquide précieux. La soif gagne de plus en plus du terrain. Et quand un camion citerne est signalé quelque part dans un quartier populeux, c’est la course poursuite. N’allez surtout pas demander à ses braves dames de respecter les mesures de distanciation physique et autres gestes barrières en cette période de la Covid-19. L’Etat a déjà fini d’étaler son impuissance, les administrés se battent pour leur survie.