En garde d’à vue hier, le journaliste Cheikh Yérim Seck a bénéficié d’un retour de parquet et va connaitre son sort aujourd’hui.
Mais, au regard de l’évolution des choses, il y a fort à parier qu’il sera inculpé et mis sous mandat de dépôt. Car, les révélations faites sur l’affaire Batiplus dérangent le Procureur et donc la Chancellerie qui ont tenu à ouvrir une enquête.
Si la somme d’argent saisie par les Gendarmes de la Section de recherches et de 4 milliards comme l’affirme le journaliste et non de 650 millions comme le disent les Gendarmes, il y a un gap de plus de 3 milliards qu’il faudra éclaircir. Et la somme est trop importante pour être passée sous silence.
C’est dire alors que soit le rapport de gendarmerie n’est pas exact et les auteurs s’exposent à des poursuites, soit le journaliste n’a pas dit la vérité et dans ce cas, il a diffusé de fausses nouvelles qui peuvent lui valoir une condamnation.
En tout état de cause, la garde à vue ne s’imposait pas. Les enquêteurs et le Parquet savent qu’il allait se présenter à toutes leurs convocations. Partant, il était plus indiqué de le laisser en liberté après l’avoir auditionné.
Car, après tout, rien n’indique qu’il ne dit pas la vérité. Et dans ce cas, il aura même aidé la Justice à y voir clair.
Mais, à ce stade, la garde à vue et le mandat de dépôt qui pourrait s’en suivre sonnent comme des sortes de sanction avant la lettre alors que l’homme de médias bénéficie d’une présomption d’innocence et donne des garanties certaines de représentativité.
Le Parquet aurait dû agir ainsi ne serait-ce que par respect à la liberté de la presse qui est une garantie fondamentale de toute démocratie qui se respecte.
La preuve, les organisations de droits de l’homme, Reporters sans frontières disent surveiller de près une affaire qui, à priori, semble avoir préjugé et condamné le journaliste.
En tout état de cause, ce dernier a le droit de ne pas révéler sa ou ses sources. La protection des sources d’information est un des piliers sur lequel repose le métier de journaliste. Elle est sacrée.
Cependant, elle ne justifie pas tout. Le fait d’avoir le droit de protéger sa source ne signifie pas que celle-ci est crédible et ne garantit pas de la véracité des informations données.
Si la source vous manipule ou se plante de bonne foi, elle induit en erreur le journaliste qui donne une fausse information avec toutes les conséquences possibles y compris de possibles poursuites judiciaires.
C’est pourquoi, il faudra s’entourer des garanties nécessaires à l’acquisition de preuves suffisantes avant de verser dans une affirmation infamante.
Si Yérim détient par exemple des documents ou toute autre preuve comme des enregistrements, des photos, etc., il pourra les étaler tout en continuant à protéger sa source. A défaut, il s’expose, quelle que soit sa source.
En clair, une affirmation n’est pas une investigation. Et pour se prononcer sur une affaire aussi sensible, il faudra faire des investigations et détenir des preuves en cas de contentieux.
A défaut, le juge pourrait ne pas comprendre qu’aucune preuve en dehors de l’évocation d’une source anonyme ne lui soit présentée.
Si la source ne peut pas apporter de preuves de ses allégations, il ne faut pas du tout lui servir de porte-parole. Car, on devient coupable à titre principal même si elle est démasquée et que les allégations rapportées s’avéraient mensongères.
Il est cependant bizarre que deux journalistes naguère estampillés ‘’proches de Macky’’ soient, en l’espace de quelques heures, sous les feux de la rampe parce qu’ils sont des révélateurs de scandales.
Madiambal Diagne a pointé du doigt le bradage foncier au niveau du littoral de Dakar et Cheikh Yérim Seck a parlé de l’affaire Batiplus.
Ces révélations cachent mal un malentendu au plus haut sommet lequel ébranle la République et ressemble à un règlement de compte.
Assane Samb