Pr moussa Diaw «c’était le danger de concentrer tous les pouvoirs dans les mains du Président…»

par pierre Dieme

Depuis quelques temps, le régime actuel est confronté à des polémiques sur plusieurs dossiers. La dernière en date est liée au littoral. Sur cette affaire, le Président Macky Sall avait pourtant donné des assurances. Malheureusement, le problème refait surface. Pour le Pr moussa Diaw, enseignant-chercheur en science politique, les directive du chef de l’Etat ne sont, aujourd’hui, pas  respectées par ses hommes. De plus, il se pose un problème de coordination du fait de la suppression du poste de premier ministre.

Amoncellement de scandales: «On traverse un moment difficile pour la majorité présidentielle, particulièrement le président de la république. Parce qu’il y a un amoncellement de scandales ou de malversations ou de situations compliquées engageant certains responsables. Et cette situation-là est inquiétante dans une gouvernance politique économique et sociale. Parce qu’on a l’impression que ses paroles ne sont pas respectées, que les injonctions et les décisions qui sont prises par le président de la République  restent en l’état de parole. Il n’y a pas de suivi.

Problème de gouvernance : «Il y a un sérieux problème de gouvernance, de respect du chef de l’exécutif qui a du mal à faire  respecter ses décisions, à faire le suivi et à surveiller le fonctionnement des institutions. Ce qui veut dire qu’il y a des problèmes de personnalité politiques qui ne semblent pas s’inscrire dans une logique d’intérêt général. Et qui par leur fonctions profitent  pour satisfaire des intérêts particuliers. Et c’est un  paradoxe que l’on observe dans cette gouvernance là et cela risque de déteindre sur l’image du  président de la république et de la façon dont il dirige le gouvernement  et surtout de la coordination du premier ministre.»

« Ses décisions ne sont pas respectées »

Suppression du poste de Pm : «Il manque un maillon important. On  a supprimé le poste de premier ministre alors qu’il est indispensable. Son rôle est de coordonner, d’intervenir et de rendre compte  au président. Aujourd’hui, le président a du mal à surveiller, à faire respecter ses décisions à travers les différents ministres. Il a du mal  à coordonner tout cela, il ne peut pas tout voir. C’était le danger de concentrer tous les pouvoirs dans les mains du président de la République. Parce qu’il ne peut pas tout contrôler. C’est impossible. Donc cette suppression rejaillit aujourd’hui sur sa gouvernance. Il y a un manque, un déficit de coordination et les problèmes qui refont surface, découlent de ce déficit de coordination dans la gouvernance politique.»

Engagements non tenus : «C’est cela le grand paradoxe. Ça risque de déteindre sur son image.  Lui il a respecté sa parole parce qu’il avait  donné des gages. Mais ceux qui sont chargés d’exécuter ses décisions ne font pas le travail. Et l’autre problème, c’est qu’il  n’y a pas de sanctions. La sanction permet aux leaders de faire attention pour éviter d’être sanctionnés. Mais là on ne sanctionne pas. Et généralement quand des personnalités sont impliquées dans des situations, elles sont plutôt récompensées. On leur change de place ou on les recase quelque part et on oublie. Et ce manque de rigueur là, ouvre une perspective incertaine et donne des marges de manœuvre pour s’adonner à des actions qui ne vont pas du tout avec les directives  gouvernementales.

Décisions nos  respectées :«On le voit aujourd’hui, ses décisions ne sont pas respectées. On revient chaque fois sur le même problème. Et si on revient chaque fois sur le même problème, cela veut dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Il faudra trancher, sanctionner et quand même être intransigeant  sur un certain nombre de choses s’il y a des responsables politiques qui ont failli quelque part dans leur mission.»

Danger sur la lutte contre la covid : «Quand il y a une faille quelque part, ça a des répercussions  sur l’ensemble des actions. Il y a toute une stratégie politique d’unité et d’accompagnement  pour lutter contre la pandémie. De l’autre côté, si on se rend compte qu’on ne respecte pas la parole ou les décisions qui sont prises, alors l’image du président de la République  en pâtit auprès de l’opinion publique. L’opinion publique va penser ‘‘voilà au moment où on nous demande de serrer la ceinture,  d’être rigoureux sur les mesures à prendre pour lutter contre la maladie, de l’autre côté on ne respecte pas les directives du président de la République en ce qui concerne la gestion d’un certain nombre d’affaires notamment sur la crise foncière et maritime’’.»

Youssouf SANE

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