Il est moments où le silence équivaut à la complicité. Il en serait ainsi de toute validation de la forfaiture d’Etat comme cela pourrait être le cas pour quiconque fermerait bouche et oreilles pour ne pas voir que ta convocation, ce matin, par la brigade de recherches, c’est-à-dire la police politique du Sénégal, n’est rien d’autre qu’un pas de plus dans la manifestation de la dictature médiocre qui ensevelit le Sénégal.
C’est donc pour ne pas être des absents, silencieux, face au rendez-vous qui t’est donné que je quitte mon balcon juste pour te dire en mots simples mais crus que je t’apporte mon soutien et te dis qu’il n’est pas question de laisser la chape de plomb s’abattre sur tes libertés, en commençant par celles d’aller et venir et de t’exprimer.
Je le fais parce qu’au delà de tout ce que tes détracteurs peuvent te reprocher, tu es d’abord un esprit brillant, un sujet talentueux et un journaliste qui sait puiser a bonne source les informations, souvent des scoops, que tu nous livres.
Tes dernières révélations sur le financement du terrorisme au Moyen-Orient par la famille Farès et ses liens sulfureux par le rien moins que ministre de la Justice du Sénégal méritent mieux que ces méthodes éculées, héritées des Gestapo et autres Pide, les polices de répression, fascistes, dont le monde croyait s’être débarrassées.
Au lieu de chercher à en savoir davantage, en particulier en creusant le contenu des fiches comptables compilées par Rachelle, la Secrétaire, actuellement en prison des Farès, pour jeter une lumière vive sur la gravité de ce qui justifie même une enquête à charge du FBI et du Mossad, les services secrets américains et israéliens, tout ce que l’Etat, failli, du Sénégal trouve à faire c’est te convoquer à la cantonnade. Comme pour te faire peur. T’imposer le silence.
Ce faisant, c’est un pan de nos libertés déjà rabougries qui se trouve limé. C’est une étape supplémentaire vers la résistible mise en œuvre d’une stratégie de l’intimidation pour imposer un régime politique aux abois, ayant échoué, à une population qui, malgré son silence, n’en veut plus.
Voici plus de dix ans que je te connais pour t’avoir côtoyé dans les couloirs du groupe Jeune Afrique qui fut mon ancien employeur. Nous nous y voyions quand le Président de ce groupe, Bechir Ben Yahmed, me faisait l’honneur de m’inviter, à ses côtés, aux légendaires réunions de rédaction du journal éponyme.
Déjà, à l’époque, j’avais remarqué le feu sacré, la volonté ardente, qui pétillait dans tes yeux lorsqu’après ces séances éditoriales tu venais me parler sagement en cadet.
Étions nous toujours d’accord sur les méthodes respectives et les liens avec les gens, surtout ceux des pouvoirs en Afrique? Pas forcément. Mais le respect était toujours là.
C’est pourquoi, de retour à Dakar, à la demande du patron de la Caisse de dépôts et consignations d’alors, déstabilisé par tes écrits, documentés, tu m’avais fait l’amitié de le rencontrer sans hésitation.
De la même manière, à ton arrestation, sur une faute grave mais qui peut obstruer la marche de quiconque ne mesure pas le risque de se laisser aller aux relations intergenres, sans prudence, je fus l’une des personnes à être venues te voir et te passer mes conseils.
Je suis heureux de relever qu’à mon arrestation arbitraire, tu n’avais pas hésité à prendre ma défense. Ce fut ton honneur là où d’autres se faisaient les avocats iniques et injustes d’un régime liberticide pour le conforter dans ses dérives.
Comme moi, tu as fait ta part, juste ou non, vis-à-vis de la justice et donc de la société. Je note que ton talent n’a en rien été amoindri.
Tant mieux. Tu es de ceux qui ont du savoir, du savoir-faire et de l’entregent à apporter à notre pays qui se trouve en manque sur divers fronts.
C’est dire que ta place n’est pas d’être “cuisiné” par des services de sécurité sur ce que tu as dit concernant le megascandale irrefutable qui secoue la République à l’ombre des Farès.
Ce matin, avec fierté et gravité, je te l’écris pour que nul n’en ignore.
Cheikh Yerim SECK, tu as mon soutien plein et entier face à la bête immonde perdue dans ses tentations autocratiques minables.
#JeSuisCheikhYerimSeck
Occupez-vous de la pandémie qui décime nos populations, éclairez nous sur les détournements des denrées alimentaires et de nos milliards, répondez aux hurlements de famine des populations à travers le pays, enlevez vos serres, vos genoux, sur nos libertés et nos ressources que vous piller, réglez notre école, notre santé, notre santé, notre économie, nos rêves d’émergence, tous à l’arrêt.
Halte aux menaces. Ne touchez pas à CYS!
Adama Gaye, Le Caire 15 juin 2020
Ps: Que 3 hautes autorités de l’état du Sénégal soient poursuivies par le FBI, susceptibles de recevoir un mandat d’arrêt international, renvoie aux pires États narcotrafiquants dont des citoyens mafieux, tel Pablo Escobar, étaient recherchés par les polices du monde entier. On est est là. Y a d’autres chats à fouetter que de traquer un…journaliste dans ce pays à la dérive.