La polémique flambe au Sénégal sur le bradage des ressources foncières notamment le littoral malgré le contexte de Covid-19.
Aux Mamelles, la Dscos a été obligée de procéder à la démolition de constructions jugées irrégulières.
Partout au Sénégal, les problèmes fonciers peuplent le quotidien des Sénégalais. C’est devenu un mal que le Président Sall a reconnu en son temps mais il a du mal à juguler.
L’enjeu financier autour de la terre est tellement important, que chacun veut être propriétaire pour un investissement jugé sûr car la terre ne ment pas.
Cette appétit, largement partagé, créé, à n’en pas douter, des problèmes immenses entre citoyens, et entre ces derniers et les autorités. Des maisons sont détruites y compris des cités entières. La situation est dramatique et aucune solution structurelle ne pointe à l’horizon.
Car, tout le flou est entretenu, voulu parce que, quelque part, cela arrange les ‘’forts’’.
En effet, la loi sur le domaine national de 1964 a créé une situation d’anarchie car, elle stipule que la terre appartient à la Nation qui n’est ni l’Etat ni les populations. Et moi, à mon niveau, je ne connais pas cette Nation. Et personne ne la connait.
Et, ce faisant, elle aménage des couloirs pour que l’Etat et certains de ses serviteurs puissent s’en accaparer. Pendant ce temps, ceux qui ont des titres coutumiers de possession et qui sont les vrais propriétaires sont dépouillés sans aucun scrupule.
Et l’Etat ne fait rien pour que cela cesse. Le projet de réforme foncière a été confié dans un premier temps à Me Doudou Ndoye qui, finalement, a compris que la bonne foi des initiateurs est objet à caution. Il a démissionné avec fracas.
Le Professeur Moustapha Sourang qui lui a succédé a mené, avec son comité, le travail à terme. Ils ont déposé leurs conclusions qui dorment actuellement dans des tiroirs.
D’ailleurs, pourquoi se priver d’un instrument d’enrichissement facile avec seulement quelques signatures pour déposséder des gens et en faire profiter à d’autres ?
En réalité, la volonté politique n’y est pas. Car, les autorités n’ont nullement la volonté d’enrichir de pauvres citoyens même si la terre leur appartient dans la plupart du temps.
Alors, on entretient le flou. Or, celui qui sème le vent récolte la tempête. Et la tempête, c’est de la poussière, de la désolation.
Aujourd’hui, la paix ne saurait exister dans le secteur s’il n’y a pas de Justice. Or, la Justice est que les détenteurs du fait de la tradition, ceux qui auront été dûment identifiés, soient justement régularisés. C’est aussi simple que cela.
Il faut rendre la terre à son vrai propriétaire. Il faudra cesser la spoliation, l’exploitation, les manœuvres. Car, personne ne laissera faire.
Pourtant, dans un Etat qui se respecte, les situations de ce genre devraient pouvoir bénéficier d’une législation sans ambages.
La boulimie foncière est telle dans notre pays que les prédateurs ne reculent devant rien.
A Dakar, le littoral fait l’objet d’une sur-occupation parce qu’aiguisant les appétits de ceux qui ne sont jamais rassasiés suscitant un levier de boucliers qui a fait réagir les autorités. Comme si elles ne savaient pas. Et pourtant, elles étaient bien informées. Ce qui se passe, c’est qu’elles savent que les citoyens sont aussi mis au parfum.
Pourtant, ce jeu macabre ne saurait continuer. Il faudra savoir s’arrêter et procéder à un toilettage exhaustif des textes. Une législation digne de ce nom est possible. La preuve, la Commission dirigée par Sourang a rendu ses conclusions.
Il est alors grand temps que Macky mette fin à la récréation qui a trop duré et qui plonge de nombreuses familles dans le désarroi et menace notre environnement.
Le foncier doit faire l’objet d’une attention particulière de la part des autorités et pousser à un assainissement du secteur une bonne fois pour toute. Car, trop, c’est trop.
Assane Samb