Contrat Senelec et Excellec : les nombreuses failles d’un contrat avec Pape Alé Guèye

par pierre Dieme

Outre le contrat entre la Senelec et Akilee qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, le contrat entre la Senelec et Excellec s’inscrit également dans cette logique. En effet, la société Excellec qui est née des cendres de Mina Distribution – dont le contrat avec Senelec a été rompu – a ouvert son capital à la Senelec pour 5 milliards francs. Ainsi, ayant l’exclusivité sur le marché de la fourniture de poteaux en béton, Excellec a empoché plus de 4 milliards pour la livraison de 23.800 poteaux introuvables dans les magasins de Senelec. Même si, par ailleurs, cette livraison a été attestée par un procès-verbal de réception.
 
 
Au début c’était Mina, Excellec à l’arrivée
 
Nous révélions dans notre édition d’hier que le contrat Senelec-Akilee, en passe d’être cassé, n’est que l’arbre qui cache la forêt. Et que le contrat entre Senelec et Excellec était pire que celui d’Akilee. Autant dire que les scandales font florès à la société nationale d’électricité qui passe pour la poule aux œufs d’or aux yeux de ces nombreux partenaires contractuels. S’agissant de la nébuleuse Excellec, c’est le secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs de l’électricité (Sutelec), Habib Aïdara, qui a permis de lever le lièvre. A l’en croire, avant l’arrivée de Excellec, la Senelec avait contracté avec la société Mina Distribution pour l’approvisionnement en poteaux en bois. Cependant, dans le cadre de ce contrat, la Senelec a estimé que Mina lui a livré des poteaux de très mauvaise qualité et a tout simplement décidé de rompre le contrat. Avec à la clé une demande de dédommagement. Mais la Senelec a sué sang et eau avant de rentrer dans ses fonds. De l’avis du patron du Sutelec, Mina n’avait aucun rond pour désintéresser la Senelec et était obligée de rembourser par des véhicules qu’elle remettait à la Senelec.
 
Senelec casque 5 milliards pour entrer dans le capital de Excellec
 
A la suite de ce contrat qui a viré au fiasco, le directeur de Mina a décidé de renaitre de ses cendres. C’est ainsi que l’entreprise Mina a fait peau neuve pour devenir Excellec. (Ndlr : Pape Allé Guèye est l’ancien directeur de Mina et fondateur de Excellec). Invraisemblable que cela puisse paraitre, c’est ce même directeur qui a donné le tournis à la Senelec qui contracte une nouvelle fois avec cette société nationale pour la livraison, cette fois-ci, des poteaux en…béton. Seulement, la Senelec qui avait toujours procédé par appel d’offres pour s’approvisionner en poteaux a décidé, de l’avis de notre interlocuteur, d’acheter des parts dans le capital de Excellec pour contourner cette procédure. En d’autres termes, si Excellec est présentée comme une filiale de la Senelec, point besoin d’appel d’offres pour ce marché de poteaux. Ainsi, pour entrer dans le capital de Excellec à hauteur de 34%, la Senelec a déboursé, informe Habib Aïdara, plus de 5 milliards francs Cfa ; alors que sa vocation, dit-il, n’est ni la production, ni la vente de poteaux en béton. Par conséquent, ajoute M. Aïdara, la Senelec n’avait pas de raison d’acheter des parts à Excellec.
 
Une réception fictive de 23.855 poteaux en béton


 
Après avoir acquis des parts dans le capital de Excellec, ladite société a eu l’exclusivité sur le marché des poteaux.a Senelec a ainsi demandé à Excellec de lui fournir 23.855 poteaux en bêton de différentes dimensions suivant le bon de commande 2017 (année) Numéro 12.098 pour un montant hors Tva de 3 milliards 523 millions francs Cfa ; alors que le montant Ttc revient à 4 milliards 157 millions francs Cfa. Cependant, ce qui constitue un scandale aux yeux du patron du Sutelec, c’est le procès-verbal de réception de ces poteaux jamais livrés, dont 17.161 poteaux le 18 janvier 2019 et les 6694, le 20 janvier 2019. Et trois jours après ce procès-verbal de réception, la Senelec a adressé une lettre à Excellec pour lui dire de garder les 7853 poteaux car ne disposant pas d’espace pour stocker les poteaux. Seulement, contrairement à ce procès-verbal de livraison, ces poteaux, souligne Habib Aïdara, n’ont jamais été stockés dans les magasins de la Senelec. Il en veut pour preuve le déficit de poteaux dans les différents chantiers de la Senelec. En effet, lorsque la Senelec a besoin d’un quota de poteaux pour une localité à travers le pays, elle demandait à Excellec de livrer ce quota. Mais, il se désole de constater que Excellec n’a jamais été en mesure de livrer le quota demandé. A chaque fois, elle livrait une moitié, estimant que l’autre n’était pas disponible. «On ne peut pas recevoir l’intégralité de la commande par procès-verbal de réception et dire en retour qu’on n’a pas suffisamment de poteaux», s’indigne le patron du Sutelec.
 
La Senelec s’est endettée pour payer Excellec 
     
En tout cas, Excellec a profité de ce procès-verbal de livraison pour émettre une facture afin d’être payée. Un montant cité en haut et dont la Senelec s’est acquittée. A en croire Aïdara, la Senelec, à cette période ne disposait pas de liquidités et s’est endettée auprès des banques pour désintéresser Excellec. En plus de s’endetter, la Senelec devra également supporter les intérêts.
Moussa CISS jotaay

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